Mise à jour du 18 juin 2019
Jonathann Daval a longtemps feint l’innocence quand sa femme, Alexia, a été retrouvée morte, son corps partiellement brûlé. Mais il a fini par avouer que c’était lui qui l’avait tué.
Ci-dessous, un article expliquant les dynamiques du féminicide, et la façon dont certains tentent de les « excuser ».
À présent, Jonathann Daval a tout avoué, y compris la crémation partielle de la dépouille d’Alexia.
Comme trop, beaucoup trop de femmes, Alexia Daval a été assassinée à mains nues par l’homme qui partageait sa vie.
Contrairement à ce que prétendaient les avocats de Jonathann Daval, ce meurtre est loin d’être « accidentel ».
Alexia Daval, assassinée par son mari
Le 31 janvier 2018
C’est un fait divers comme il y en a, malheureusement, trop.
Quelqu’un signale une disparition. La police enquête. Le corps d’une femme partie faire son jogging est retrouvé. C’est bien la personne en question. Elle ne reviendra jamais de cette course.
C’est la dépouille d’Alexia Daval qui a été identifiée début novembre 2017, quelques jours après que son mari Jonathann a prévenu les autorités qu’elle n’était pas rentrée de son jogging.
Trois mois après, Jonathann Daval a avoué. Il a étranglé sa femme, probablement dans la nuit du 27 au 28 octobre. A déposé son corps dans une forêt. Et, le lendemain, a prévenu la police.
Ce meurtre s’ajoute à la longue liste des féminicides, ces assassinats de femmes commis le plus souvent par un mari, conjoint, ex, amant. Et comme beaucoup de féminicides, il est trop souvent minimisé.
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Le meurtre d’Alexia Daval n’est pas un « accident »
Les propos des avocats de Jonathann Daval, Randall Schwerdorffer et Ornella Spatafora, qui ont tous les deux réagi aux aveux de leur client, font polémique.
« Nous ne défendrons pas un meurtrier, nous ne défendrons pas un assassin, nous défendrons un jeune garçon qui, dans une crise de couple, a de façon accidentelle occasionné la mort de son épouse. »
Jonathann Daval n’est pourtant pas mis en examen pour homicide involontaire, mais pour meurtre sur conjoint.
« C’est un couple dans lequel, malheureusement, l’un des conjoints était violent, mais c’est pas celui auquel on pense. »
L’autopsie, rappelle BFM TV, a révélé des violences ainsi qu’un décès par asphyxie. Le corps était également brûlé.
Alexia Daval a été assassinée, n’a pas été victime d’un « accident ». Son mari, qui a passé trois mois à participer aux marches et autres commémorations aux côtés des parents de la jeune femme, l’a tuée.
Il est essentiel de ne pas se tromper de coupable, de ne pas déplacer la responsabilité. La personne coupable, c’est celle qui a donné la mort.
Il est temps de regarder en face la réalité des féminicides
La Secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a réagi aux propos concernant le meurtre d’Alexia Daval.
Elle développe sur RTL :
« À chaque fois qu’une femme est victime de violences sexistes ou sexuelles et ici d’un féminicide, on trouve des raisons qui justifieraient le fait que cette femme ait été victime.
On fait comme si la victime elle-même était coupable d’avoir été victime »
Sur Libération, Titiou Lecoq avait dressé un terrifiant état des lieux des féminicides en France. Elle compilait tous ces « drames passionnels », « tragédies conjugales », tous ces « maris aimants » qui avaient « dérapé ».
Comme si tuer une femme était aussi simple que de glisser sur une flaque d’eau.
Sur l’année 2017, en France, Titiou Lecoq avait comptabilisé 109 victimes. Et elle a conscience que certaines sont probablement passées au travers de ses recherches.
Les féminicides sont une réalité, et pour diminuer le nombre de femmes assassinées chaque année, il est essentiel de ne pas les traiter comme des « accidents ».
Ne serait-ce que par respect pour ces vies fauchées par les coups, les mains, les armes d’un conjoint.
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Les Commentaires
On parle ici de violence systémique. Les femmes sont davantage tuées par des leur compagnon que l'inverse, parce qu'on vit dans une société qui amène à ça. On ne peut pas se contenter de retourner la situation en disant "si c'était une femme qui tuait son compagnon", car on vit dans une société où 80% des victimes de meurtres conjugaux sont des femmes, et où dans la majorité des cas où ce sont des hommes, c'est que la femme était victime de violences conjugales. En gros les hommes tués par leur compagne sans qu'il s'agisse de légitime défense sont des cas très marginaux (sans parler des hommes qui tuent leur compagne parce qu'elle les violentait).
Quels sont les motifs de ces meurtres conjugaux ? Pour les hommes qui en sont les auteurs, la moitié sont dus à un refus de la séparation (puis dispute et jalousie). Pour les femmes, on aura essentiellement des cas de dispute. D'où la notion de "crime passionnel" invoquée dans nombre de féminicides, comme s'il était normal qu'un homme tue "par amour" celle qui ne veut plus être sienne.
Tout cela pour dire que le terme féminicide permet d'illustrer la réalité statistique d'un grave problème de société, même s'il se peut effectivement qu'au cas par cas, ce ne soit pas toujours absolument exact. Cela dit, dans le cas présent, on est clairement en plein dedans...
Source : https://www.egalite-femmes-hommes.g...ts-violentes-au-sein-du-couple-annee-2016.pdf