On l’attendait, elle n’a pas déçu. La « congresswoman » américaine Alexandria Ocasio-Cortez s’est essayée à l’exercice du traditionnel Get Ready With Me de Vogue, où elle déroule sa routine beauté.
Mais parce qu’elle est AOC, femme politique progressiste, elle en a bien sûr profité pour aborder des sujets tiennent à cœur, comme les inégalités et la stigmatisation du maquillage comme une activité « frivole ».
S’imposer dans la société grâce au maquillage selon Alexandria Ocasio-Cortez
La congresswoman, âgée de 30 ans, annonce la couleur quand elle évoque l’importance pour elle de prendre soin de sa peau grâce au skincare : « Femininity has power » (« la féminité a du pouvoir »).
C’est que pour AOC, la beauté est loin d’être une activité simplement futile (dingue, qui l’eût cru ?) : elle est intimement liée à des questions socio-politiques qu’elle défend par ailleurs.
Selon la congresswoman, le makeup est tout d’abord un moyen d’avoir confiance en soi et d’envoyer bouler l’image négative que la société a tendance à nous renvoyer de nous-même.
« Je porte un rouge à lèvres rouge quand j’ai besoin de me sentir confiante.
Notre culture est tellement fondée sur le fait de dénigrer les femmes et leur estime de soi que selon moi, s’aimer soi-même est un peu un acte militant.
C’est comme une mini-manifestation, dans une société qui essaie continuellement de te dire que tu n’es pas comme il faut, que tu n’as pas la bonne couleur de peau, etc., de se lever et de dire « Ce n’est pas à vous de décider ça, c’est à moi ».
C’est très puissant. »
Pas vraiment étonnant qu’Alexandria Ocasio-Cortez, latina et jeune qui plus est, se sente à ce point concernée par la nécessité de s’imposer dans un système patriarcal. Elle l’explique d’ailleurs par la suite : le milieu de la politique a souvent du mal à la prendre au sérieux.
La beauté, une arme politique selon Alexandria Ocasio-Cortez
Entre deux coups de Beauty Blender, la congresswoman va plus loin en abordant des notions importantes de la lutte féministe.
Quitte à faire une vidéo beauté sur un média aussi célèbre que Vogue, autant en profiter pour faire passer un message politique, non ?
AOC évoque notamment la fameuse « pink tax », ou « taxe rose », qui correspond à l’écart des dépenses qui existe entre les personnes selon leur genre.
Exemple aussi concret que connu : les protections hygiéniques, pourtant essentielles à toutes les personnes qui ont leurs règles, représentent un budget non négligeable mais nécessaire.
De la même façon, les rasoirs « pour femme » sont généralement plus chers que ceux estampillés « pour homme »
, le prix d’une coupe de cheveux sera presque toujours plus élevé pour une femme que pour un homme à longueur de cheveux égale…
La liste est longue comme mes trompes de Fallope, et le pire, c’est qu’elle ne se limite pas aux dépenses purement monétaires.
Alexandria Ocasio-Cortez le soulève très justement : la taxe rose est aussi une question de temps, et notamment le temps passé par les femmes à se préparer tous les matins.
Car voyez-vous, alors qu’on peut naïvement imaginer qu’il suffirait que les femmes cessent tout bonnement de se maquiller pour mettre fin à cette inégalité de genres, le système patriarcal dans lequel on vit en a décidé autrement.
Selon une étude datant de 2016 du journal Research in Social Stratification and Mobility, qui étudie le lien entre la beauté (« attractiveness ») des individus et leurs revenus, non seulement les personnes « attirantes » ont des revenus environ 20% plus élevés, mais en plus de cela, il a été démontré que la « prime de beauté » des femmes dépendait entièrement de leur « grooming », c’est-à-dire tout ce qui concerne le maquillage, les soins et la coiffure (entre autres).
Autrement dit, et comme le déclare ouvertement Alexandria Ocasio-Cortez ici : les femmes qui se maquillent et qui font attention à leur apparence gagnent statistiquement plus d’argent.
Pour résumer, donc, si elles veulent mieux réussir dans la vie, les femmes n’ont d’autre choix que de sacrifier une partie de leur temps à soigner leur apparence… pour un salaire, rappelons-le, qui reste néanmoins inférieur à celui des hommes.
Oh, the irony.
Il apparaît alors clairement que dans un monde où le moindre aspect de nos vies résulte d’un système patriarcal, il est finalement logique — et malin – de considérer le maquillage, originellement pensé pour rendre les femmes attirantes pour le regard masculin, comme une arme.
Se réapproprier la beauté comme moyen d’expression individuelle
Heureusement, les mentalités changent petit à petit, et si tout n’est pas encore gagné pour les femmes en ce qui concerne leurs combats quotidiens, le maquillage tend néanmoins à devenir un moyen d’expression.
Alexandria Ocasio-Cortez évoque à ce sujet le rôle essentiel qu’a eu la communauté LGBTQ (les drag queens et personnes non-binaires notamment) dans la démocratisation du maquillage comme source de créativité.
Le makeup permet désormais de jouer avec son apparence, et n’est plus simplement une obligation pour satisfaire les attentes de la société patriarcale dans laquelle nous vivons — bien que, comme mentionné ci-dessus, il peut y contribuer.
« La beauté devrait concerner seulement la personne qui applique les produits. »
Après nous avoir asséné quelques vérités sur le lien entre maquillage et patriarcat, AOC termine par un bon vieux conseil de self-love des familles (on a toujours besoin d’en entendre un de temps en temps !) :
« Si je devais donner un seul conseil, ce serait que la solution pour être beau ou belle se trouve à l’intérieur. Être beau ou belle, c’est se sentir beau ou belle, et aucune somme d’argent et aucun maquillage ne peut compenser l’amour de soi. »
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