Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Alexandra* qui a accepté de décortiquer ses comptes pour nous.
Prénom : Alexandra*
Âge : 32 ans
Profession : cadre de la fonction publique
Salaire net avant prélèvement à la source : 2 775 €
Salaire net après prélèvement à la source : 2 530 €
Personnes (ou animaux) qui vivent sous le même toit : 1 chat
Lieu de vie : une grande ville de province
La situation et les revenus d’Alexandra
Alexandra est cadre titulaire dans la fonction publique. Pour des raisons d’anonymat, elle ne souhaite pas préciser davantage son budget.
En couple, elle vit pour le moment seule dans une maison de 80m2 avec jardin dans une grande ville de province, dont elle est propriétaire depuis 5 ans. Elle gère aussi la maison de ses parents, dont elle a héritée à leur décès, et qu’elle a mise en location.
« La charge émotionnelle est trop importante pour m’en séparer. La mise en location permet de l’entretenir et de la conserver. »
Alexandra combine donc deux revenus : son salaire, établi à 2 530 € par mois après prélèvement à la source, et les 1 000 € de loyer que lui versent chaque mois les habitants de la maison de ses parents. Soit un revenu mensuel total de 3 530 € par mois.
Alexandra a conscience de se trouver dans une situation financière confortable car ses revenus lui « permettent d’avoir un bon niveau de vie et du patrimoine ».
« Paradoxalement, je n’estime pas que mon travail est reconnu à sa juste valeur par rapport à celui de certains collègues. Dans la fonction publique, le salaire est basé sur l’ancienneté et non sur les exigences du poste, la charge de travail ou la satisfaction donnée à la hiérarchie. »
Le rapport à l’argent d’Alexandra et son organisation financière
Alexandra a grandi dans une famille dans laquelle elle n’a jamais manqué de rien. Elle le reconnaît : « j’ai eu un train de vie aisé durant ma jeune enfance ». Mais cela a changé au décès de ses parents.
« Je me suis retrouvée dans le giron de l’Aide Sociale à l’Enfance avec des enfants de milieux sociaux et économiques beaucoup moins favorisés. En raison du décalage avec les autres enfants (habillement, comportement, langage), j’étais particulièrement isolée et harcelée par les autres enfants. Cela m’a fortement marquée, je suis toujours très isolée sans proches ni famille faute de réussir à nouer des relations. »
Grandir sans ses parents a aussi affecté le rapport à l’argent d’Alexandra.
« M’étant retrouvée relativement jeune en foyer, je n’ai pas eu d’éducation financière et je n’ai pas eu d’exemple de la vie en famille. Ainsi, je n’avais absolument aucune idée à ma majorité de l’argent nécessaire pour vivre, de la fréquence des imprévus qui affectent la situation financière. »
La jeune femme a ainsi épargné énormément et ce, malgré un salaire plus faible que celui qu’elle touche aujourd’hui, afin de se préparer à d’éventuels accidents de la vie.
« C’est au fur et à mesure du temps que j’ai pris conscience de ce que j’ai réellement besoin pour vivre. Cependant, je conserve à l’esprit que je n’ai pas de proche qui pourraient m’aider en cas de difficulté économique, ainsi je suis rassurée d’avoir un petit capital au cas où.
Malgré tout, je m’estime plutôt chanceuse, la plupart des jeunes sortant de foyers se retrouvent non seulement très isolés socialement mais également en grande précarité. Grâce à mes parents, j’ai pu éviter de connaître la misère financière, voire la rue, lorsque j’ai quitté le foyer. »
Cela n’empêche pas Alexandra de ressentir une grande culpabilité vis-à-vis de cet argent que lui ont laissé ses parents. « Je n’estime pas le mériter, même s’ils ont travaillé dur pour l’obtenir. »
« Cet argent a été en partie utilisé pour payer mes études. Depuis que j’ai mes propres revenus, je ne touche plus à cet argent qui a été placé. Je sens une certaine responsabilité vis-à-vis de l’investissement de cet argent, je me sens dans l’obligation d’avoir une stratégie de gestion pertinente et responsable (plus que pour l’épargne issue de mon salaire). »
C’est la raison pour laquelle Alexandra n’est jamais à découvert et a mis en place une organisation financière solide : elle possède un compte pour le virement de son salaire et le règlement de toutes ses dépenses et charges personnelles, ainsi qu’un compte pour la réception des loyers et le prélèvement des charges liées à location. Son conjoint, avec qui elle ne vit pas, gère son budget indépendamment du sien.
Les dépenses d’Alexandra
Comme la majorité d’entre nous, le logement est le poste de dépense principal d’Alexandra. Pour la maison avec jardin en ville dont elle est propriétaire, la trentenaire rembourse chaque mois un emprunt de 881,88 €, assurance de prêt comprise.
Parmi les autres dépenses récurrentes et incompressibles de la jeune femme, viennent les assurances : elle règle chaque mois 32,50 € d’assurance voiture, 25 € d’assurance habitation, 14,75 € d’assurance propriétaire non occupant et 61,50 € de mutuelle.
Alexandra paye également chaque mois 13 € d’eau et 108 € d’électricité (dont le chauffage), 8 € d’abonnement pour son portable, 16 € pour la fibre et 8 € de frais bancaires.
Étant propriétaire de deux logements, Alexandra doit s’acquitter d’une double taxe foncière : 171 € pour la location et 103 € pour sa propre habitation, ainsi que de 45 € de cotisation foncière des entreprises (CFE). Soit 319 € en tout par mois. Elle doit aussi payer 130 € pour les cotisations au syndicat, les provisions et pour les réparations d’entretien du logement.
Pour se déplacer, Alexandra dispose d’une voiture mais utilise aussi quotidiennement les transports en commun. Elle paye chaque mois 20 € pour prendre le bus, et dépense en moyenne 40 € d’essence et 30 € d’entretien pour sa voiture.
« Je privilégie le local et les produits plus respectueux de l’environnement »
La nourriture est un poste de dépenses important pour Alexandra. Chaque mois, elle paye en moyenne 200 € en denrées alimentaires, sans compter les 50 € de restaurant d’entreprise.
« Je fais le marché pour les produits frais et un drive piéton toutes les 2 semaines pour les produits d’épicerie et non-alimentaires. Je privilégie le local et les produits plus respectueux de l’environnement. Étant seule, le surcoût lié à ce mode de consommation est très raisonnable. »
Pour son chat, la jeune femme débourse aussi de l’argent : 50 € par mois en nourriture, litière et frais vétérinaires.
Les dépenses dites « féminines » pèsent peu sur son budget mensuel : environ 25 €, pour le maquillage, les produits de beauté et l’épilation. Elle utilise par ailleurs des culottes menstruelles, économiques sur la durée et « plus respectueuses de l’environnement ».
« Ponctuellement, j’utilise des serviettes jetables parce que cela est plus pratique dans certaines situation (notamment les déplacements professionnels d’importance où il n’est pas possible de changer de culotte discrètement quand les journées font 12-13 heures minimum) et des tampons pour la piscine parce que je n’arrive pas à utiliser les cups. Je pense que cela doit représenter 2 paquets de serviettes par an et 1 paquet de tampons. »
Quant à sa contraception, elle est remboursée par sa mutuelle. « Et si on a besoin de préservatifs, c’est généralement mon compagnon qui paie. »
Par conviction écologique, Alexandra dépense peu pour se vêtir : en moyenne 50 € par mois, principalement en seconde main.
Les loisirs d’Alexandra
Parce qu’elle travaille beaucoup et qu’elle est bénévole dans une association pour les animaux, Alexandra a peu de temps à consacrer à ses loisirs.
L’essentiel de son budget – 300 € environ – est consacré à la culture : visites dans les musées, représentations d’opéras… Elle fait aussi de la boxe dans un club.
« Les loisirs sont importants pour moi, cela me permet de me couper du quotidien. Cependant, la coupure et le bien être que cela apporte ne dépendent pas du budget que l’on y consacre ; le bénévolat m’apporte tout autant de détente que les loisirs que je paie. »
L’épargne et les projets d’avenir d’Alexandra
Parce qu’elle gagne bien sa vie et gère son budget mensuel avec assiduité, Alexandra n’a pas beaucoup de « craquages » à déclarer, si ce n’est la création et l’aménagement de sa terrasse.
« Je ne vois pas de budget à réduire sans perdre en qualité de vie, je n’y suis pas prête et ce n’est pas financièrement nécessaire pour mon budget. »
Grâce à cette discipline, Alexandra parvient à économiser une somme très importante chaque année : environ 15 000 € par an.
« Une partie de cet argent est placée sur des comptes diversifiés et l’autre est investie dans les travaux ou l’entretien de la maison. »
À l’avenir, Alexandra aimerait pouvoir fonder une famille. Pour pouvoir s’y consacrer, elle imagine donc prendre un emploi à temps partiel, « plus compatible avec une vie de famille, et donc assumer une perte de revenus et une hausse des dépenses ».
Merci à Alexandra* d’avoir épluché son budget pour nous !
* Le prénom a été modifié.
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