Je trouve que la — fort tristoune — année ciné 2013 s’est plutôt bien achevée avec deux films dont je n’attendais vraiment rien et qui, pourtant, m’ont agréablement surprise sur certains points. J’étais limite venue au ciné pour les clasher et par plaisir coupable (un peu comme quand je vais voir les films avec mon péché mignon, Raphaël Personnaz, qui ne fait pas que des chefs-d’oeuvre) et résultat, je me suis trouvée vraiment fort déconvenue par le potentiel nanar des bêtes. Parce qu’au final, c’était pas mal.
SI, SI, je vous jure.
Alors disséquons un peu : les bons et mauvais points de ces adaptations :
- Ce qui les sauve d’une potentielle nanartitude…
- et, au contraire, ce qui les enfonce dans les tréfonds du tartignole.
On comptera les points à la fin pour voir qui est le vainqueur, même si à part le recyclage, les deux films n’ont pas grand chose en commun et que donc, ça a assez peu de sens de les comparer. C’est mon article, je fais ce que je veux, voilà.
Pour l’occasion j’ai improvisé des petits cosplay avec ce que j’ai trouvé chez moi et, oui, je ressemble plus à Daenerys Targaryen qu’à Angélique avec mes gros sourcils noirs :
Le scénar qui tient debout et l’implication émotionnelle
Côté Albator
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On a un scénario touffu avec des personnages qui tchatchent beaucoup entre deux explosions et pas mal de twists un rien artificiels, mais l’ensemble a l’air de tenir debout.
Problème : un manque réel d’implication émotionnelle. Le film m’a rappelé les Christopher Nolan à ce niveau, mais c’est quelque chose qu’on retrouve pas mal dans les films ou OAV basés sur des mangas/séries.
Peut-être que les auteurs japonais tentent de faire tenir en deux heures un scénario aussi riche que celui des séries animées, dans lequel le spectateur est très impliqué émotionnellement, ce qui expliquerait le côté ultra-rapide de l’intrigue ? Toujours est-il qu’on a vraiment du mal à découvrir les personnages, comprendre ce qui les lie et donc s’attacher à eux et à ce qui leur arrive.
Du coup, Albator est froid (comme un film de Nolan) et malgré le potentiel badass de la bête, on s’y emmerde parfois ferme parce qu’on n’est pas émotionnellement impliqué, et qu’on se fiche un peu de ce qu’il se passe.
Côté Angélique
Je dois reconnaître que si le scénario est simple et quasiment linéaire, on a quand même quelques éléments vraiment rocambolesques, riches en hasards improbables. Mais après tout, c’est le principe de ce genre d’histoire (récit de cape et d’épée romanesque). On va dire que ça va malgré quelques dialogues un peu cheesy.
Pour les enjeux et l’implication par contre, c’est nettement mieux qu’Albator — et même nettement mieux que les films des années 60 qui créent une distant tant ils sont kitsch et ridicules (avec Michèle Mercier qui garde son maquillage impeccable, qu’elle soit gueuse à Paris ou dans la cale d’un bateau pirate ! Dans la version 2013, pour peu qu’on joue le jeu du rocambolesque, on peut vraiment s’attacher aux personnages et donc à ce qui va leur arriver.
Première manche emportée par Angélique car contre toute attente, je suis un être humain : pour m’intéresser à quelque chose, j’ai besoin qu’on me laisse vraiment m’impliquer et saisir la portée des enjeux.
Angélique, la victoire douce, et Albator, l’humiliation cuisante
La technique
Côté Albator
Le film est somptueux, vraiment. On a des décors fabuleux, des design impressionnants et même si les personnages semblent à première vue tirés de Final Fantasy et n’ont plus grand-chose à voir avec le trait si particulier de Leiji Matsumoto, on retrouve chez certains un peu de la délicatesse et de la grâce propres à ses héros.
Néanmoins, mes doléances iront là : les images de synthèse trop réalistes ont tendance à me rebuter quand il s’agit des personnages, qui sont ici vraiment raides et bizarres
. On les voit à peine cligner des yeux. Ça bloque vraiment l’empathie et ça a participé à minimiser mon émotion (même si Albator qui pleure sur une fleur… wah).
D’un autre côté, certains personnages, comme Kei Yûki, ont des proportions assez peu réalistes et se rapprochent des traits du dessinateur : pourquoi ne pas avoir plus insisté sur le côté cartoon ? Leiji Matsumoto n’a jamais été hyper réaliste et ça n’empêche pas du tout ses intrigues d’être très sérieuses.
Côté Angélique
Touché. Le film a des moyens, c’est certain. On a de très beaux décors et costumes, et une très chouette musique (l’OST d’Albator est carrément somptueuse aussi, soit dit en passant), mais la réalisation pèche vraiment parfois…
Entre les combats qui alternent épilepsie et ralentis façon Matrix du pauvre, les travellings interminables et superflus dans des moments d’émotion et les fondus en série dignes de vieux film érotiques, ça pique un peu.
Par contre, les acteurs m’ont agréablement surprise. J’ai vu certain-e-s critiques leur reprocher de jouer de façon trop « outrageuse », mais moi, je les ai trouvé plutôt justes. Peut-être parce que je trouve que dans les films français, on sous-joue souvent (le sacro-saint naturalisme) et que je trouve ça très chiant à voir ? Je préfère l’excès à trop de mesure ! J’ai notamment adoré Nora Arnezeder/Angélique qui fait très bien passer les dialogues parfois très kitsch.
Du coup ici, forcément, le point revient à Albator.
Le niveau de kitschitude
Côté Albator
C’est parfois très kitsch. On en fait des caisses sur la badasserie d’Albator, au point que même moi, qui serait heureuse lécher le revers de ses cuissardes (miam), j’en avais la nausée. Soulignons aussi le narrateur grandiloquent qui ruine complètement la fin du film avec un non-sens total !
On a également du matage de fessier à la fois kitsch et complètement gratuit avec une (certes très jolie) scène de douche en apesanteur qui n’a absolument aucun intérêt à part flatter la rétine du spectateur-mâle-hétéro lambda (certes, on a aussi ce genre de scènes dans l’anime de base : Leiji Matsumoto, s’il crée des personnages féminins intéressants, saute sur le moindre prétexte pour les foutre à poil, mais quitte à ne pas adapter fidèlement son oeuvre, autant ne pas en conserver les parties les plus discutable). À noter aussi que les costumes des deux femmes de l’équipage sont fournis avec string apparent et caméra lubrique.
Côté Angélique
Un des trucs qui rendent la série de films avec Michèle Mercier irrésistible, c’est la kitschitude et le côté « film érotique rétro » pas piqué des hannetons. Même si le remake de 2013 est plus moderne et mieux écrit, que les acteurs ont un jeu moins poussé et plus subtil (ah, les « JOFFREY » de Michèle Mercier), ça reste… eh bien ça reste kitsch !
Ceci dit, là où les Angélique des années 60 filmaient les scènes de cul avec une complaisance incroyable et Michèle Mercier qui hurlait « NON » en pensant très fort « OUI », le film de 2013 ne sombre absolument pas dans l’écueil du film érotique cheap. Certes, la scène de fesse est un peu kitsch, mais elle a le mérite de ne pas seulement présenter les deux protagonistes en missionnaire suivi d’un orgasme intense en se regardant droit dans les yeux et en serrant le drap de satin.
Certes, l’héroïne est vraiment érotisée pendant sa découverte de son corps et du plaisir mais si le film a fait du côté « sensuel » son argument de vente (cf l’affiche), ce n’est absolument pas sa principale composante. D’ailleurs, par la suite, quand Angélique manque de se faire violer, ce n’est pas érotisé, et quand elle en chie, la caméra ne s’attarde jamais sur le corps de Nora Arnezeder qui prouve qu’elle a bien d’autres atouts.Le point va à… bon, j’ai pas envie de désigner de vainqueur alors je ne donne aucun point, parce que les deux sont très kitsch. Du coup, les deux films finissent ex-aequo ! Hourra !
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Les Commentaires
moi perso qui n'ai pas vu le remake d'angélique mais je préfère le Joffrey d'antan!