Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec Bellissima. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
En allant voir Alaska, je pensais passer 1h30 à suivre l’histoire d’amour des deux personnages principaux, Fausto (joué par Élio Germano) et Nadine, (Astrid Bergès-Frisbey) en tout sérénité. C’est ce qui semble s’amorcer les dix premières minutes, avant de complètement basculer dans une intrigue plus complexe, en faisant un film passionnant et nerveux. Et qui ne se regarde clairement pas dans la sérénité !
Le réalisateur, Claudio Cupellini, et l’acteur principal d’Alaska, Elio Germano, ont eu la gentillesse de répondre à nos questions pour une interview franco-italienne, à l’image de ce beau long-métrage, en salles le 10 février 2016 !
Amour et réussite, l’impossible association
Fausto est italien et travaille comme serveur à Paris dans un grand hôtel ; c’est là qu’il rencontre Nadine, venue passer un casting pour devenir mannequin. Chacun•e plaît beaucoup à l’autre, mais la situation dégénère, les séparant de longs mois tandis qu’ils sont à des extrémités opposées de l’échelle sociale. Et ce schéma va se reproduire. Nadine remarque rapidement :
« C’est bizarre, on dirait que ça va mieux pour moi parce que ça va pas bien pour toi. »
En effet, tout au long du film, chaque fois que l’un•e réussit dans sa vie professionnelle cela semble être au détriment de celle de l’autre — ce qui les sépare à plusieurs reprises. Et en même temps, ils restent très amoureux, se manquent quand ils ne sont plus ensemble et leur relation passionnelle reprend immanquablement le dessus.
https://youtu.be/6GdjUqDICqk
Le problème, c’est l’ambition — surtout celle de Fausto, a priori — et la nécessité impérieuse de réussir à s’élever socialement dans une société sans grande pitié. Fausto et Nadine sont quasiment seuls au monde, sans ressources ou aide possible, et ils cherchent à s’assurer une position et un avenir à tout prix. L’attrait de la richesse détenue par des cercles restreints les pousse à de graves extrémités.
Alaska, c’est le récit d’une stabilité impossible, de la facilité à tomber au plus bas de l’échelle sociale (prison), même depuis ses hautes sphères (luxe, hôtel les plus cotés…). Le romantisme de leurs sentiments est confronté à la violence, jusqu’à ses pires manifestations, en faisant une histoire d’amour épique.
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Un film intense de qualité
Et cette histoire d’amour place donc le contexte social au centre. En France, où commence l’action, comme en Italie où elle se poursuit, la difficulté du monde dans lequel Nadine et Fausto vivent a un rôle actif dans leur relation, chose que j’ai beaucoup appréciée : le contexte n’est généralement pas si développé ni si décisif dans les films dépeignant des histoires d’amour.
Cela ajoute à l’imprévisibilité d’Alaska, à l’incertitude prégnante et constamment dans la recherche d’équilibre. Loin des rom-coms, Alaska est tout en revirements, en basculements, en accès de violence et d’action — une sorte de réinvention de Roméo & Juliette.
La double nationalité du film et les deux langues qu’il mélange ajoutent au bouleversement des repères sans perturber la cohérence de l’histoire, l’enrichissant au contraire. De plus le couple d’acteurs est excellent, et l’alchimie construite entre eux anime toute la narration.
Je ne connaissais pas Elio Germano, qui a pourtant remporté le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes 2010 ex-aequo avec Javier Bardem, mais je vous garantis qu’il vaut le détour ! Comme tout le film, une histoire d’amour qui vous happe dès le début dans la quête de bonheur de Nadine et Fausto, à ne pas rater au cinéma ce 10 février.
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