Flashback : nous sommes en 2000 et j’ai onze ans. Je passe une grosse partie de ma journée à regarder des clips à la télé d’un oeil sceptique. Soudain, Texas. Un groupe pour lequel je n’ai jamais eu énormément d’affection, mais cette fois-ci, c’est différent. Je suis vaguement fascinée devant le clip d’In Demand, sans trop savoir pourquoi, et suis contente chaque fois qu’il passe dans mon écran.
Quelques années plus tard, j’ai 22 ans et je suis sexuée. Lors de je ne sais quelle rétrospective, je retombe sur cette vidéo, et je comprends. Tout a un sens. Si j’aimais cette chanson, petite, c’est tout simplement que je vivais là un de mes premiers crushs un peu foufou : sans le savoir, je me préparais à craquer pour Alan Rickman. À m’imaginer, dix ans plus tard, que c’est moi à l’arrière de cette Bentley, dans ses bras, le vent dans les cheveux, avant qu’il ne me fasse danser de manière plutôt très sexuelle (beaucoup trop) dans une station-service.
Nan mais sérieusement, tellement de sensualité inattendue dans une seule et même personne, c’est la kermesse de l’hormone, QUE DIS-JE, la rave party du pubis. Alors que je ne connaissais Alan Rickman que dans des rôles de méchant ou de mecs un peu gauches et somme toute lambda, j’ai réalisé qu’il était en réalité capable de me faire pousser virevolter l’utérus.
Tout dans ce clip inspire la sécrétion : sa façon de renifler les cheveux de Sharleen Spiteri, de la protéger du froid, de lui retirer sa parka ou de sourire en coin quand elle lui susurre des trucs imagés à l’oreille.
Est-ce que je peux ouvrir la bouche en même temps ?
Alors pour tout te dire, au début, j’ai pas compris : pourquoi moi, la petite vingtaine, me mettais-je donc à frétiller devant un sexagénaire ? La réponse était là, pourtant, devant moi : ses yeux perçants de faux blasés, capables de passer de la haine au désir en un battement de cils. Ses sourcils mobiles qui rendent son visage tellement expressif. Son long nez imposant, symbole phallique s’il en est, qui habille son visage à merveille. Sa bouche fine et le truc bizarre qu’il fait avec, quand il remonte les coins.
Le mec ténébreux, quoi. Pas dans le sens où il se la joue ténébreux, mais dans le sens où il n’a pas d’effort à faire pour qu’on ait envie de gratter le vernis. Je peux me tromper (parce qu’après tout, je ne le connais pas encore personnellement), mais je le vois comme l’inverse des gens qui te disent « ouais nan mais tu vois, je sais pas trop où j’en suis » en plissant les yeux pour mieux regarder l’horizon.
Ça c’est Alan la première fois qu’il m’a vue nue.
En tout cas, revoir le clip d’
In Demand, ça a totalement changé ma façon de le percevoir. Avant, quand je regardais Love Actually, je le voyais comme le mec qui est drôlement flatté de se faire chauffer le jonc par sa secrétaire qui fantasme sur le pouvoir. Maintenant, quand je regarde Love Actually, je le vois comme le mec drôlement flatté de se faire chauffer le jonc par sa secrétaire qui le trouve à juste titre sexy.
Avant, quand je regardais Piège de Cristal, je le voyais comme le méchant du film. Maintenant, quand je regarde Piège de Cristal, je le vois comme OH MON DIEU QUE SE PASSE T-IL DANS MON CORPS. Avant, quand je le voyais en Severus Rogue, je me disais qu’il avait tout de même les cheveux très sales. Et, bon, ça n’a toujours pas changé ça, en fait.
Il a un charisme mille fois plus impressionnant, intimidant et attirant que la plupart des mecs avec des ballons à la place des pectoraux et des cous comme des taureaux vendus comme les personnes les plus sexy d’Hollywood (coucou Adam Levine, range tes gougouttes !). C’est peut-être aussi un peu dû au fait que sa voix est la plus incroyable du monde : je m’endors tous les soirs avec un enregistrement de lui lisant du Shakespeare pour me bercer et j’ai fait prendre de l’hélium et fumer à même le pot d’échappement tous mes ex pour qu’ils aient la même (en vain, évidemment).
Je suis là, Alan. Ne me cherche plus.
Oh, Alan, j’aurais eu quarante ans de plus, je t’aurais rejoint et on se serait aimés. Tu aurais été mon Colonel Brandon et j’aurais été ta Marianne. Mon Severus Rogue et j’aurais été ta Lily (et je t’aurais prêté tous mes shampooings) (mais je n’aurais pas choisi James Potter, ce gros naze qui te martyrisait). On aurait mangé du fromage ensemble, puis j’aurais passé mes mains pleines de gras dans tes cheveux et je t’aurais dit « dis-moi quelque chose », et tu aurais répondu « ne me parle pas de trop près, ce camembert me pique les yeux. »
Et ça m’aurait suffi.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
"Sa bouche fine et le truc bizarre qu’il fait avec, quand il remonte les coin" mais TELLEMENT !
Mais la VF ne rend tellement pas justice à sa superbe voix grave
Bon et je viens de voir cette vidéo d'Alan Rickman parlant de Rogue en 7 mots, voilà, j'ai la chair de poule des orteils à la racine des cheveux.