Alan Rickman est mort, emportant avec lui une des plus belles voix de la Terre. Ça fait tout drôle, et pas seulement parce qu’il s’agit là de l’un de mes acteurs préférés. C’est aussi parce que tout comme quand j’ai appris le décès de Robin Williams en août 2014, ou celui de David Bowie en début de semaine, je ne m’y attendais pas. Je les considérais pas comme mortels. Je m’étais jamais dit qu’un jour ils décèderaient — ça ne m’est simplement pas venu à l’esprit.
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C’est toujours bizarre, quand un•e artiste qu’on aimait beaucoup décède : on est tristes alors qu’on ne connaît pas le/la défunt•e autrement que par ses oeuvres, qui seront toujours là. Je suis vachement triste qu’Alan Rickman soit mort, mais je me sens un peu bête, parce que ce grand monsieur du cinéma et du théâtre avait une femme, une famille, des ami•e•s qui doivent être dévasté•e•s par le chagrin.
Mais c’est normal quand même, d’être triste. Alors on a qu’à l’être ensemble en se souvenant des rôles dans lesquels on l’a préféré. Je commence par les miens, allez !
Hans Gruber (Die Hard : Piège de Crystal)
Je connais pas par coeur la définition du terme « classe », mais je sais en tout cas quelle photo je mettrais pour l’illustrer si on me demandait de faire un dictionnaire : celle d’Alan Rickman en Hans Gruber.
Bien sûr, Hans Gruber est une ordure. C’est un méchant, et moi, j’aime pas les méchants — même dans les films. Mais j’aime bien les méchants que j’adore détester. C’est le signe qu’on a là un excellent enfoiré. Et Hans Gruber est un des meilleurs méchants qu’il m’ait été donné de voir. Ce terroriste est tellement froid et cynique, à tuer des innocents sans une once de remords dans le regard, à marcher d’un pas déterminé en portant son arme comme si elle pesait le poids d’une toute petite plume, tellement élégant dans son costume de DRH qui a du goût…
Et puis, faut dire ce qui est : de tous les films de la franchise, c’est bien l’antagoniste qui fonctionne le mieux face à John McClane/Bruce Willis. Tellement de tension, de haine rentrée, de sarcasme ! Rien d’étonnant, donc, à ce que cette interprétation ait fait d’Alan Rickman l’acteur préféré de millions de gens — et de Hans un méchant très souvent cité dans les classements des meilleurs vilains.
Harry (Love Actually)
Dans Love Actually, en revanche, Alan Rickman ne joue ni un gentil, ni un méchant. Il joue un quadra/quinqua marié à son épouse (Emma Thompson — que j’aime tant, elle aussi). Ensemble, ils ont deux enfants. Les années ont passé et ils s’aiment toujours, bien sûr, mais la passion s’est érodée entre eux. Et justement, une des employées de monsieur, jeune et correspondant aux canons de beauté, a décidé de le séduire (de la façon la moins subtile qui soit, ambiance TAVUMAKILOTT HIHI AGAD JTOUV MÉ KUISS).
Pas tout pour plaire, donc — et pourtant, la magie opère. Parce qu’Alan Rickman le joue avec subtilité. Pas comme un mari simplement volage, mais comme un homme perdu, le cul entre deux chaises, qui voudrait bien avoir envie de résister mais en vrai… Non. Ça lui fait tout drôle, ce changement, de voir qu’il peut plaire. Tu sens presque son coeur de bougon s’emballer à travers l’écran.
J’en ai voulu au personnage de Harry, je lui en ai voulu que son déclic, ce soit d’être flatté et tenté, pas de tout faire pour sauver son mariage. Et puis j’me suis dit : eh, vas-y, juge pas les gens. Et à la place, j’ai décidé de retenir la leçon de vie.
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Severus Rogue
J’entends déjà d’ici les « gnagnagna nan mais c’est bon quoi genre la meuf elle est triste qu’Alan Rickman soit mort alors qu’elle le réduit à son rôle dans les films Harry Potter, SUPER, fake geek girl la meuf elle mérite trop pas le droit d’être triste ». Bah ouais mais eh : les films et les livres Harry Potter, c’est notre enfance et/ou notre adolescence, nom d’un petit bonhomme !
Alan Rickman a tellement merveilleusement endossé le personnage de l’infâme Professeur Rogue, il est tellement rentré dans la peau, que j’ai mis facilement trois films à le reconnaître. Il a si bien su me faire détester le directeur de la maison Serpentard, si méchant avec Harry et si peu discret dans son soutien à Voldemort… Et puis, finalement, la révélation : son amour contrarié pour la mère de Harry, le fait qu’il ait été victime de harcèlement perpétré par James Potter (le vrai trouducul de l’intrigue, si tu veux mon avis), sa fidélité à Dumbledore et le fait qu’il fasse tout en son pouvoir pour protéger Harry.
Quand tu apprends la réalité de sa vie et de son engagement et que tu regardes à nouveau les films depuis le début, c’est difficile de ne pas avoir envie d’aller faire des câlins à Severus Alan Rickman Rogue en lui disant « Pète un coup, je sais que tu fais semblant, tu peux sourire maintenant ».
Bon, par contre, rien n’excuse son comportement odieux envers Harry, eh oh. Ok, il ressemble à son harceleur, mais c’est pas une raison pour le harceler en retour. Enfin bon, je mets mes valeurs en sourdine.
Jamie (Truly, Madly, Deeply)
Truly, Madly, Deeply est un drame sentimental vraiment touchant. Dans ce film, Alan Rickman joue le rôle de Jamie, un violoncelliste qui meurt bien trop jeune et laisse sa compagne Nina effondrée, incapable de se remettre du décès de celui qu’elle aimait tant.
Nina est d’une tristesse infinie et se remémore à quel point leur vie était belle ensemble et leur amour profond. Et puis un jour, tut tut la surprise, Jamie revient, et ils sont tous les deux réunis. Nina est aux anges, mais progressivement, elle s’agace du comportement de son compagnon, qui ramène des potes fantômes à la maison et se montre égoïste. En parallèle, Nina rencontre un autre homme dont elle commence à tomber amoureuse — et c’st réciproque. D’un côté, son amoureux décédé plutôt insupportable. De l’autre, une potentielle nouvelle histoire avec quelqu’un de très chouette.
Jamie est un personnage tellement touchant, et drôle, et timbré que t’auras peut-être pas envie que le film se termine.
SPOILER ATTENTION SAUTE DIRECTEMENT SOUS LA PHOTO SI T’AS PAS VU LE FILM
Parce qu’en fait, Jamie est formidable, et il est assez clairement signifié à la fin qu’il a fait semblant d’être relou pour aider la femme qu’il aime à le descendre de son piédestal afin qu’elle retrouve le goût de vivre.
Putain, la chialade.
C’était difficile de choisir seulement quatre rôles, tant Alan Rickman a marqué le théâtre, le cinéma et la télévision. J’avais tellement envie par exemple, de parler également de son interprétation du Colonel Brandon dans Raisons et Sentiments, de Lazarus/Alexander Dane dans Galaxy Quest, du shérif de Nottingham dans Robin des Bois, et même de son tango avec Sharleen Spiteri dans le clip de In Demand de Texas…
Alan Rickman était toujours juste dans son jeu, toujours impeccable, quel que soit le registre… Le monde vient de perdre un immense acteur, et un grand comédien.
Les Commentaires
Ce personnage, cette interprétation... <3