Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant et féministe par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Aimée qui a accepté d’éplucher ses comptes pour nous.
- Prénom : Aimée
- Âge : 26 ans
- Métier : Chef de Produit
- Salaire net : 2 200 €
- Lieu de vie : un appartement dont sa mère est locataire, à Reims
- Vit avec : sa sœur, sa mère et le mari de celle-ci
Les revenus d’Aimée
Aimée est chef de produit en CDI pour une enseigne de meuble. C’est son premier poste, et il est rémunéré 2 200€ net par mois. Elle n’est pas encore soumise au prélèvement à la source.
« Le fait de dépasser les 2 000 € net par mois juste après ses études est très correct, je m’estime bien payée pour une entrée dans la vie active. »
Elle touche aussi 200 € par mois en tickets restaurants. En tout, son budget mensuel s’élève donc à 2 422€.
L’organisation d’Aimée et de sa famille
Aimée vit à Reims, à 45 minutes en TGV de l’Île-de-France où elle travaille. Après avoir vécu en proche banlieue parisienne pendant ses études, elle est revenue vivre dans l’appartement familial :
« Après mes études, je ne savais pas combien de temps il me faudrait pour trouver un travail. Je ne savais même pas exactement ce que je voulais faire, si j’allais postuler en France ou à l’étranger. Plutôt que de payer un loyer cher à Paris, j’ai décidé de retourner chez ma mère. »
Elle vit aujourd’hui avec sa sœur, sa mère et le mari de celle-ci dans un 95 m² que sa mère loue pour 751 € par mois.
« C’est ma mère qui gère le loyer, les factures et les courses de base. Avec ma sœur, nous faisons des courses tous les mois, en épicerie fine ou pour des choses spécifiques.
Chaque mois, je donne 150 € à ma mère pour qu’elle se fasse plaisir. Quand je peux lui donner plus, je le fais, parfois ça peut aussi être moins. Ce n’est pas pour le loyer ou pour les factures : même quand je n’habiterai plus avec elle, je continuerai à lui donner tant que je pourrai. »
Les dépenses d’Aimée
Aimée n’a donc pas de frais pour son logement ou ses factures. Son plus gros poste de dépenses fixes ? Les transports.
« Je paie un abonnement TGVMax à 79 € par mois, qui me permet d’aller au travail et de partir en week-end. Pour me déplacer en Île-de-France, j’ai aussi un abonnement aux transports en commun parisien à 75 € par mois.
En tout, c’est donc 154 € environ qui me sont prélevés chaque mois pour les transports. Mon employeur rembourse la moitié de mon pass Navigo, c’est compris dans mon salaire. Je devrais aussi me faire aider pour TGVMax, mais je n’ai pas encore envoyé mon justificatif… »
Chaque mois, 9,99 € sont prélevés sur son compte pour un service de streaming musical, ainsi que 0,99 € pour un abonnement cloud et 9 € d’assurance. Ses frais bancaires s’élèvent à 7 €.
Elle participe aux courses alimentaires de sa famille à hauteur d’environ 100 € chaque mois.
« Ma mère et son mari font des courses de base, et ma soeur et moi achetons les petits plaisirs et les « artifices ». Je vais dans les supermarchés ou les épiceries spécialisées à Paris ou près de chez moi, et je ne regarde pas vraiment les prix. Je me soucie plutôt du goût ! Ca me permet de cuisiner certains plats spécifiques. »
Pour déjeuner sur son lieu de travail, elle utilise ses tickets restaurants ou se prépare ses repas à l’avance.
Le rapport à l’argent d’Aimée
« Quand on a la possibilité de le faire, il faut se faire plaisir dans la vie. C’est mon motto ! » explique Aimée. Pour elle, l’argent est fait pour être dépensé.
« Ma mère nous a élevées seule avec ma soeur, et elle utilisait tout son argent pour payer les factures. Les petits plaisirs, les kinders ou autres, c’était seulement pour les grandes occasions ! Au début, c’était parce qu’elle n’avait pas les moyens. Mais quand elle a commencé à gagner un peu plus sa vie, elle a continué à absolument tout économiser : elle avait peur que le frigo ou la machine à laver nous lâche, donc elle mettait de côté.
C’est pour ça que c’est important pour moi de pouvoir me faire plaisir. Je ne suis jamais à découvert, mais une fois que j’ai payé mes factures, je dépense pratiquement tout mon argent. Je me dis que si je meurs demain, ça ne me servira à rien d’avoir de l’argent qui dort quelque part, que je ne peux pas me priver et ne vivre qu’en payant mes factures. »
« Mes loisirs sont très importants pour moi »
Ce rapport familial à l’argent a donné à Aimée l’envie de pouvoir avoir des loisirs et de ne pas restreindre ses dépenses « plaisir », quitte à les décrire après comme des craquages :
« Le mois de mon anniversaire, j’ai mangé dans trois restaurants gastronomiques différents. Il m’est aussi arrivé de payer une place de concert 150 € pour un de mes artistes préférés, parce que je m’y étais prise à la dernière minute. »
Elle précise cependant que ces folies sont rares. Au quotidien, son budget loisir est principalement consacré aux restaurants, où elle aime se rendre une ou deux fois par semaine avec ses proches.
« Je dépense environ 300 € par mois en restaurant / nourriture. Dans ce domaine, je ne compte pas et j’utilise mes tickets restaurants. J’aimerais quand même mettre en place un budget et me limiter un peu… »
Ayant souscrit à un abonnement cinéma illimité pour 22 € par mois, elle va au cinéma plusieurs fois par semaine. Elle aime aussi aller au musée, qui lui coûte très peu, ou voir des spectacles pour lesquels elle compte environ 25 € de budget mensuel lissé à l’année.
Avec sa carte TGVMax, elle a souvent accès à des billets de train gratuits ou très peu chers pour le week-end. Elle en profite pour voyager en France ou en Europe environ trois fois par an, pour environ 250 € de budget soit 62 € par mois sur l’année.
En tout, son budget loisir s’élève donc à 408 € mensuels.
« Si mes cheveux ne sont pas jolis, je ne me sens pas jolie »
Chaque mois, Aimée consacre approximativement 100 € à des dépenses dites « féminines », liées aux attentes esthétiques qui touchent spécifiquement les personnes perçues comme femmes dans la société (épilation, maquillage…) ainsi que les protections menstruelles.
« Ce n’est pas vraiment un budget mensuel, je fais plutôt ces dépenses tous les deux mois. Je me fais épiler les sourcils, ce qui me coûte 7 €, j’achète environ 40 € de crèmes pour le visage et le corps, des lotions, du déodorant… J’ai une peau sensible et à problèmes, donc la skincare, c’est un budget important pour moi. »
Aimée aime prendre soin de ses cheveux texturés, et ne limite pas les dépenses à cet égard.
« Si je ne trouve pas mes cheveux jolis, je ne me trouve pas jolie, c’est important pour moi de pouvoir dépenser de l’argent pour ça. J’achète environ 30 € de shampoings et de poudres tous les deux mois, et je peux mettre jusqu’à 100 € dans ma coiffure. Parfois, j’achète des mèches et je me coiffe seule, parfois, je paie une prestation, ça dépend. »
Les économies d’Aimée
Aimée n’économise que pour des projets précis. Quand ce n’est pas le cas, elle a tendance à dépenser presque tout ce qu’elle gagne :
« Quand j’ai pas de projet particulier, j’achète des vêtements, je vais plus souvent au restaurant, je fais des week-ends avec des copines… Je trouve toujours de quoi dépenser ! Certains mois jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien sur mon compte, d’autres jusqu’à ce qu’il ne me reste plus que quelques centaines d’euros.
Quand je vivais seule, j’étais déjà comme ça mais être rentrée chez ma mère m’a rendue plus dépensière ! C’est quelque chose que j’aimerais changer. »
En ce moment, Aimée a un projet de voyage au Mexique en fin d’année. Elle met de côté 700 € par mois pour cet objectif. Et à long terme ?
« J’aimerais acheter un appartement à Reims, obtenir mon permis et acheter une voiture. »
Merci à Aimée de nous avoir ouvert ses comptes !
Règlement de comptes est une rubrique qui accepte tous les types de profils et de revenus. Pour participer, envoyez nous une brève présentation par mail à : [email protected], avec pour objet « Règlement de comptes » !
Crédit photo : Jeffery Erhunse / Unsplash
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Les Commentaires
C'est vraiment quelque chose que j'ai du mal à comprendre. Au sens propre du terme.
Étant en dépression vers 17-18 ans, j'ai oublié de faire ma demande de renouvellement de bourse à temps, c'est-à-dire vers le mois de mars. Je l'ai faite fin juin. Donc en septembre, quand j'ai commencé une formation payante, je n'avais encore pas de bourse. Mais j'avais un peu d'argent sur mon compte, grâce à un procès quand j'étais petite suite à un évènement dont j'ai été victime. J'ai quand même fait le choix de travailler jusqu'à ce que ma demande de bourse soit traitée. En 4 mois, j'ai gagné de quoi payer mes 2 années. Donc la bourse rétroactive et ce qui suivait, c'était "bonus".
L'été suivant, à 19 ans, j'ai pourtant fait le choix de travailler. Ça a payé mon permis. Donc j'avais toujours ma première année et mon pécule initial sur mon compte en banque. Je vivais encore chez ma mère mais je savais déjà qua 20 ans, je partirai continuer mes études ailleurs.donc je prenais soin de mes économies pour ma future vie en solo qui risquait d'être dure.
À 20 ans, j'ai spontanément versé l'intégralité du pécule à ma mère qui en avait besoin (et n'a jamais dit merci...) et j'ai retravaillé pendant l'été.
Ayant donc décidé de poursuivre mes études, j'ai bossé le premier trimestre de ma troisième année.
Puis l'été entre ma troisième et quatrième année. Puis pendant ma quatrième année. Puis l'été entre la quatrième et la cinquième. Puis le premier semestre de la cinquième. Ainsi de suite.
Alors que je touchais la bourse.
Et je n'ai jamais flambé.
Et à l'issue de ma cinquième année, j'ai trouvé ce CDD au SMIC dont j'ai parlé précédemment, je n'avais plus de loyer étudiant à payer car j'étais retournée chez ma mère. Et pourtant, je n'ai toujours pas flambé.
J'ai pris soin de toujours mettre de côté, même si ce n'était que 5 euros.
La Madz a vu sa mère galérer et a donc décidé de son côté qu'elle profiterait de ses revenus pour tout dépenser.
J'ai vu ma mère galérer et j'ai donc décidé de mon côté que je profiterais de mes revenus pour me mettre à l'abri et ne pas avoir à galérer moi-même si un jour les revenus venaient à diminuer drastiquement. C'est le cas. Je vais perdre mon job sous peu et les boulots dans mon domaine ne court pas les rues. Mais j'ai de quoi tenir et toutes les ventes Vinted de fringues achetées sans compter ne suffiraient pas à me rassurer. Mes économies, elles, oui.
Donc j'ai vraiment du mal à comprendre. Ça m'angoisserait tellement en fait à sa place...