En 2020, le Tribunal constitutionnel polonais, soutenu par le gouvernement nationaliste Droit et Justice (PiS), avait proscrit l’interruption volontaire de grossesse en cas de malformation grave du fœtus, ce qui avait abouti à l’interdiction de l’IVG en Pologne sauf en cas de viol ou d’inceste, ou lorsque la vie de la mère est en danger. Cette mesure est entrée en vigueur en début d’année.
Les médecins pratiquant une IVG, aidant à la pratique d’un avortement, ou tout autre personne y participant, sont passibles d’une peine de prison de trois ans.
Le 29 octobre dernier, Izabela, une jeune femme de 30 ans, mourait à cause de cette loi. Les médecins avaient voulu attendu la mort de son fœtus malformé pour pratiquer une césarienne. Izabela était morte à cause d’un choc septique alors qu’on l’emmenait vers la salle d’opération. Cet événement avait choqué le pays et des manifestations énormes avaient eu lieu dans 70 villes.
Les ultraconservateurs du parti Droit et Justice (PiS) veulent aller encore plus loin et pénaliser toujours plus les femmes.
Les Polonaises traquées, fichées, pistées
Au Parlement, un projet « d’institut de la famille et de la démographie » a été adopté en première lecture, comme nous l’indique The Guardian. Son but affiché :
« Surveiller la politique familiale, se prononcer sur la législation et éduquer les citoyens sur le rôle vital de la famille dans l’ordre social, l’importance de la reproduction culturelle et sociale également »
La volonté est de surveiller les femmes et de traquer les IVG clandestines. Selon l’ONG Federa, environ 80 000 Polonaises auraient eu recours à un avortement au cours de la dernière année, comme nous le rapporte Ouest France. Ce sont ces femmes, qui parfois prennent des risques énormes, qui sont recherchées par les autorités.
Ce registre, tenu par les médecins, répertorierait les grossesses dès leur tout début. Il serait ainsi facile de savoir si celles-ci ont été menées à terme ou non. Une façon de plus de demander aux femmes des comptes. Il est à craindre qu’elles hésitent à aller consulter.
Non seulement cette mesure est dangereuse car les femmes devraient se plonger plus encore dans la clandestinité au risque de mettre leur santé et leur vie en danger pour avorter, mais elle constitue aussi un risque de pénalisation pour les femmes qui feraient des fausses couches et que l’on pourrait accuser d’avoir eu recours à une IVG.
C’est le cas déjà dans certains pays d’Amérique du Sud comme au Salvador où des femmes avaient été emprisonnées pour avoir perdu leur bébé. À la douleur terrible s’ajoute une condamnation insupportable.
Les femmes continuent le combat
Alors que l’on pourrait penser que l’on a déjà atteint le fond concernant les droits fondamentaux des femmes avec l’interdiction de l’IVG, le gouvernement va toujours plus loin. Les militantes n’ont cependant pas dit leur dernier mot et tentent de mettre en place des actions.
Les associations de défense du droit à l’avortement appellent les femmes à signaler aux autorités qu’elles ne sont pas enceintes
, en adressant au ministère par mail ou par courrier des photos de leurs protections hygiéniques usagées.
Le gouvernement nie bien entendu cette visée, préférant évoquer un vaste projet de numérisation des données, mais personne n’est dupe !
À lire aussi : Brider l’accès à l’IVG tue des femmes, et les Polonaises pleurent l’une des leurs
Image en une : © Pexels/Mart Production
Les Commentaires
Bientôt toutes fichées pour nous rappeler que notre corps ne nous appartient pas.
Merci pour cet article, nous devons toutes rester vigilantes sur nos droits...
sans quoi ils fondront comme neige sous le soleil polonais.