Live now
Live now
Masquer
agression-viol-festival
Société

Les agressions sexuelles et les viols, ça arrive aussi dans les festivals français

En festival comme ailleurs, des personnes sont victimes de violences sexuelles. Pourtant les articles sont assez rares à ce sujet.

Mercredi 14 février, le parquet de Nantes a donné son verdict dans une affaire d’agression sexuelle en festival. Un Bordelais de 45 ans a été condamné à un an de prison ferme pour agression sexuelle sur une festivalière ivre, au Hellfest en 2013.

Pour en savoir plus : Un agresseur sexuel au Hellfest condamné à un an de prison.

Nous re-publions cet article pour rappeler que le harcèlement et les agressions sexuelles en festival sont des problèmes de société qu’il est temps de traiter.

— Article initialement publié le 7 juillet 2017

Début juillet 2017, les organisateurs d’un festival suédois annonçaient que la manifestation ne sera pas reconduite. En cause ? De nombreuses agressions sexuelles qui ont eu lieu lors de la dernière édition.

Dans un communiqué de presse, il était expliqué :

« Certains hommes, car ce sont d’hommes qu’on parle ici, ne peuvent manifestement pas se comporter correctement. C’est une honte. »

Un évènement regroupant plusieurs dizaines de milliers de personnes avec beaucoup d’alcool, c’est un terrain favorable pour des agressions.

Ce qui me surprend, c’est que c’était la première fois que j’entendais parler de viols ou d’attouchements s’étant déroulés lors d’un festival.

En faisant quelques recherches sur Internet, je n’ai pratiquement rien trouvé à ce sujet. Alors j’ai décidé de mener l’enquête.

Je suis rapidement tombée sur de nombreux témoignages confirmant ces agressions.

Céline, agressée sexuellement au Hellfest 2017

Le premier témoignage sur lequel je suis tombée est celui de Céline, 32 ans. Cette année, elle s’est rendue au Hellfest pour la quatrième fois. C’est un festival auquel elle est attachée pour son ambiance habituellement bon enfant.

Elle raconte :

« J’étais au concert de Red Fang et quelqu’un m’a soulevé pour que je slamme, c’est-à-dire que la foule me porte sur elle. Tout le monde était excité, il y avait une super énergie.

Et puis à un moment donné, j’ai un peu basculé en arrière. Par réflexe, j’ai relevé les jambes pour me rééquilibrer et c’est là que j’ai senti un doigt passer sous mon short et se glisser dans mon vagin.

J’ai d’abord cru à un accident… Mais le gars qui a fait ça a réussi à fuir, il y avait trop de monde et j’ai fini par descendre plus loin.

Sur le moment, j’étais dans l’esprit du festival alors je n’en ai pas parlé à la sécurité… Et puis je me disais que ça devait être qu’un cas isolé, que ce genre de choses ne se passe normalement pas au Hellfest.

Et puis après, j’ai pensé que ça pouvait arriver à des personnes plus fragiles alors j’ai décidé d’en parler sur un groupe Facebook dédié au festival afin d’avertir les gens à ce sujet.

facebook temoignage hellfest

Le message posté sur Facebook 

Là, plusieurs filles m’ont envoyé des messages privés pour me raconter qu’il leur était arrivé la même chose.

Un gars m’a dit avoir vu un groupe de mecs le faire. Quand c’est arrivé, je pensais que c’était l’œuvre d’un agresseur seul, mais après coup je pense qu’il y avait plusieurs personnes qui le faisaient. »

En dessous de son message, les commentaires affluent. Elle n’est effectivement pas la seule à avoir été agressée.

agression hellfest

temoignage agression festival

témiognage fesse

J’ai tenté de joindre l’équipe du Hellfest. Pour l’instant, je n’ai pas reçu de réponse.

Les agressions sexuelles peuvent arriver dans n’importe quel festival

Si cet exemple est frappant, des faits similaires peuvent arriver dans d’autres festivals.

Céline raconte par exemple avoir pris la décision d’arrêter de se rendre à Garorock, suite aux nombreux problèmes qu’elle y a rencontrés.

« Par exemple, une année, un mec m’a attrapé par les cheveux au milieu de la fosse, alors qu’il commençait a y avoir un mouvement de foule.

Il m’a dit : « Qu’est-ce que tu fais là, salope ! » avant de me faire tomber.

Comme les gens couraient, je me suis fait piétiner. Je m’en suis sortie en mordant le mollet d’un mec afin qu’il me relève…

Une autre année, un gars a tenté de me tripoter. »

Lorraine a envoyé à madmoiZelle un autre témoignage sur le même sujet. Cette année, elle s’est rendue au festival des Ondes Messines, à Metz.

« Le dernier concert s’est assez mal passé pour une amie et moi. L’entrée était filtrée, comme le requiert le plan Vigipirate, mais cela n’a malheureusement pas empêché l’entrée de personnes mal intentionnées.

Ça a commencé par des gens devant nous qui ont mis leur téléphone en mode selfie afin de nous filmer.

Puis, un groupe d’hommes s’est placé à côté de nous.

Au début, il n’y avait que des regards insistants. Ensuite ils ont commencé à se coller de plus en plus à nous jusqu’à attraper à deux reprises les fesses de ma copine, puis les miennes.

Nous étions vraiment mal, alors nous sommes parties avant la fin du concert. »

À lire aussi : Témoignage : J’ai assisté à une agression

Comment agir face à ces agressions ?

Après avoir lu ces nombreux témoignages, je me suis demandé ce que nous pourrions faire pour changer la donne. Par exemple : comment retrouver des agresseurs dans une foule, et, globalement, comment protéger le public d’un festival ?

Nous pourrions par exemple augmenter les effectifs de sécurité. Les former à réagir quand ils sont confrontés à ce type d’agression, mais aussi à savoir comment accueillir une victime.

En commentaire de l’article sur la fermeture du festival suédois, certain•es proposaient également d’engager plus de femmes vigiles et de créer des espaces non-mixtes au sein des festivals.

Céline explique ne pas vouloir mettre la faute de son agression sur le dos du Hellfest. Elle prévoit d’y retourner et de continuer à slammer.

Elle aimerait contribuer à rendre les festivals plus sûrs :

« La sécurité ne pourra pas être toujours vigilante sur tout, alors il me semble important que nous fassions tou•tes attention à ce qu’il se passe autour de nous.

Que nous soyons bienveillant•es les un•es envers les autres afin de profiter ensemble du festival. »

Ça me semble un bon début.

big-tentative-de-viol-temoignage


Les Commentaires

24
Avatar de mariebnv
5 mars 2018 à 16h03
mariebnv
Bonjour !

Merci pour cet article, il n'y en a jamais assez sur le sujet ! Je suis en master Genre, et je fais mon stage sur ce sujet, les agressions et harcèlements en festivals. je suis à la recherche de témoignages afin de créer des outils de sensibilisation pour poser en festival. C'est anonyme, et surtout, très simple ! pour que ça bouge ...
Si vous voulez bien m'aider, je vous donnerais mon contact.
Merci d'avance !

A bientôt,
Marie.
0
Voir les 24 commentaires

Plus de contenus Société

Source : Getty Image / MARIA DUBOVA
Féminisme

Ève, 42 ans : « Quand il m’a demandé où était le nettoyant après six mois de vie commune, j’ai pleuré »

5
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-15T163147.788
Livres

Samah Karaki : « C’est la culture sexiste qu’il faut questionner, pas la présence ou l’absence de l’empathie »

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-13T154058.525
Santé

« Ah, on dirait que t’as le cancer » : Laure raconte comment l’alopécie affecte son quotidien

6
[Image de une] Horizontale (24)
Culture

3 raisons de découvrir Agatha, le nouveau thriller psychologique à lire de toute urgence

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T170053.120
Santé

« On n’en parle pas assez, mais être malade prend du temps ! » : Solène raconte son quotidien avec une maladie chronique invisible

1
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T164414.844
Société

« Je n’ai pas porté plainte parce qu’il y a des enfants en jeu » : Jade, victime d’exploitation domestique à 17 ans

1
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T115104.723
Santé

« Le sommeil occupe une place bien plus importante dans ma journée » : Quitterie, 25 ans, raconte son quotidien avec la sclérose en plaques

Capture d’écran 2024-09-06 à 16.28.20
Bien-être

« On souffre en silence » : 3 femmes nous parlent sans tabou de leurs douleurs menstruelles

Capture d'ecran Youtube du compte Mûre et Noisettes
Argent

Je suis frugaliste : je vis en dépensant moins de 1000 euros par mois (et je vais très bien)

73
Capture d’écran 2024-09-06 à 16.30.20
Bien-être

Douleurs de règles : et si on arrêtait de souffrir en silence ? Une experte nous explique pourquoi il est crucial de consulter

La société s'écrit au féminin