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Société

Robert Ménard riant des féminicides, ou comment le sexisme est perçu par l’extrême droite [MAJ]

La campagne de Robert Ménard pour le TGV à Béziers a été retirée. Mettant en scène une femme prête à être écrasée par un train, la campagne avait provoqué l’indignation dans le cadre d’une communication politique.

Mise à jour du 13 décembre 2017 – Le soir du 12 décembre, la mairie de Béziers annonçait avoir retiré toutes les affiches de sa campagne en faveur du TGV.

La mairie a expliqué au Parisien que « l’opération était destinée à être de très courte durée ».

Dans son communiqué, la ville de Béziers mentionne « l’humour très Hara Kiri » de ces affiches, en référence au journal satirique du même nom.

Rappelons juste que ce qui était reproché à Robert Ménard n’est pas l’humour sur cette affiche, mais le fait de l’utiliser dans le cadre d’une communication politique et institutionnelle (lire ci-dessous).

Mise à jour du 12 décembre 2017 – Après le tollé provoqué par la campagne lancée par Robert Ménard (lire ci-dessous), le Préfet de l’Hérault a, à la demande de Marlène Schiappa, saisi le Procureur de la République.

Le Tribunal de Grande Instance de Béziers a ouvert une enquête.

Article original publié le 11 décembre 2017 – Il y a quelques mois, un lundi matin de juin, le trafic des lignes TGV entre Paris et Nantes était perturbé. Ça aurait pu être une panne quelconque, mais en réalité, la cause était bien plus dramatique : il s’agissait d’un féminicide.

Les faits : une femme assassinée

Un homme avait attaché sa femme sur les voies, avant de se suicider, en étant percuté par le même train.

L’histoire était suffisamment abjecte et effroyable pour avoir fait le tour de la presse et des réseaux sociaux.

Il s’agit d’un cas de féminicide, la femme décédée ce matin-là fait partie des 117 victimes qui, le 25 novembre, avaient déjà été assassinées au cours de l’année 2017.

Une femme meurt tous les trois jours des mains de son conjoint, comme une règle qui finit par avoir l’air immuable tant ce chiffre est familier des personnes luttant contre les violences conjugales en France.

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Les violences faites aux femmes : un sujet relégué au rang de plaisanterie ?

Ce féminicide abjecte est l’illustration de la violence qui persiste à l’égard des femmes

dans notre société.

Mais visiblement, pour Robert Ménard, le maire de Béziers, il est aussi sujet à plaisanterie et à légèreté.

https://twitter.com/RobertMenardFR/status/940132620121313280

C’est dans le cadre d’une campagne de communication en faveur d’une ligne de TGV à Béziers que cette affiche a été diffusée.

Immédiatement, elle a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Relevons notamment celle de Laurence Rossignol, ancienne ministre des Droits des femmes, de la Famille et de l’Enfance.

Rire d’un féminicide, ça fait mal

Ces réactions sont on ne peut plus attendues : rire d’un sujet aussi grave, qui plus est dans un moment où l’on commence enfin à prendre collectivement la mesure de ces violences sexistes et sexuelles, ça passe mal.

Ça fait mal même, car si Robert Ménard parvient visiblement à en rire, c’est peut-être parce qu’il n’a pas saisi le sérieux du sujet. Peut-être pense-t-il réellement que l’on puisse plaisanter de la mort d’une femme assassinée par son compagnon.

Ou bien peut-être n’a-t-il pas fait le lien ? C’est ce qu’il semble expliquer dans les tweets qui suivent la polémique : pour lui, aucune référence au féminicide datant de juin…

https://twitter.com/RobertMenardFR/status/940209653924941825

Alors, même si j’ai du mal à croire que toute son équipe ait pu produire une campagne comme celle-ci en occultant le rappel qu’elle faisait à cette actualité relativement récente… admettons.

C’est grave, de la part d’un responsable politique, de ne pas comprendre à quel point il est malvenu de plaisanter ainsi de la mort de centaines de femmes, chaque année.

Ce n’est pas grave parce que l’on a décidé d’être la police de l’humour, et de définir les sujets dont on peut rire ou non, c’est grave parce que ça illustre à quel point le sujet des violences conjugales n’est pas pris au sérieux par celui qui tient de tels propos, lorsqu’il incarne la République.

Une campagne odieuse, illustration du sexisme intrinsèque aux mouvances d’extrême droite

Cette affiche est choquante, sans être surprenante : elle est l’illustration de la légèreté avec laquelle Robert Ménard et consorts traitent le sujet des violences sexistes et sexuelles.

Et ce n’est pas Gilbert Collard, député FN du Gard, qui démentira…

À lire aussi : Le 25 novembre, luttons contre toutes les violences faites aux femmes

Les droits des femmes leur servent d’étendard, lorsqu’il s’agit de critiquer « l’étranger» ou «l’immigré», qui selon eux, ne respecterait pas les femmes.

Il leur sert de façade pour dissimuler et justifier une xénophobie puante, en oubliant d’intégrer à leur argumentaire que les atteintes aux droits des femmes ne sont pas le fait d’une catégorie de population, mais traversent toutes les couches de la société.

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Robert Ménard peut donc se défendre de tout sexisme, de toute apologie du féminicide, clamer sa liberté d’expression et le droit de rire de tout ; mais cette « blague », faite dans le cadre d’une communication politique, est une illustration de l’importance qu’il accorde à la défense des droits des femmes.

Le message est passé. 

Comment agir contre cette publicité ?

Outre le fait de dénoncer sur les réseaux sociaux l’indécence de cette campagne de communication, il est possible d’agir concrètement. Comment dénoncer une publicité sexiste ? Suivez le guide. 

Si Laurence Rossignol a porté plainte, Marlène Schiappa a saisi le préfet :

Et toi, tu peux signaler cette campagne au Jury de Déontologie Publicitaire, dont le rôle est de se prononcer sur ce genre de cas. Chacun peut définir le motif de sa plainte, qui sera examinée systématiquement par le ou la présidente ou vice-présidente.

À lire aussi : Agression d’une femme en bikini à Reims : la paille, la poutre, l’hôpital et la charité


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

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Avatar de Membre supprime 225371
13 décembre 2017 à 20h12
Membre supprime 225371
@Manea
De mon point de vue c'est une façon de désamorcer et de couper l'herbe sous le pied des personnes qui avanceraient justement l'argument que "hein y'a des hommes qui sont tués par leur femme aussi", et autres exemples; au moins on peut dire qu'il existe un mot pour cela. Et même si bien sûr ça ne représente absolument pas une violence systémique au même titre que les féminicides, pour les rares cas (puisqu'on n'a jamais dit que ça n'existait pas du tout), on a un mot, qui prouve que la justice peut rendre un verdict (pas sûre du terme) le cas échéant.

Dire "on peut parler d'androcide si un homme est tué en raison de son genre" pour moi c'est dire qu'en tant que féministe je pense que tout crime sexiste doit être jugé en tant que tel. Ce qui n'empêche pas d'expliquer qu'il y a une particularité des violences exercées contre les femmes, et d'expliquer le patriarcat, etc.

Je ne parle pas de l'androcide comme réalité (sociologique, politique), mais comme possibilité (juridique) de qualifier un crime sexiste contre un homme en raison de son genre s'il y a lieu. Bien sûr on ne va pas qualifier tout crime conjugal contre un homme d'androcide, ça n'aurait pas de sens; mais si la personne jugée évoque parmi ses motivations une haine des hommes, ça peut en avoir. Donc bien sûr, ce n'est pas le pendant, l'exact symétrique du féminicide. Mais ce terme existe. Après bien sûr il y a le risque que ce soit instrumentalisé par les masculinistes

Bref, pour moi c'était juste une façon de répondre à cet argument. Au pire si ça chante vraiment à certain-es de vouloir à tout prix qualifier un crime contre un homme en raison de son genre, le mot androcide existe. Après on peut s'interroger sur la nécessité véritable d'avoir un mot pour ça, c'est vrai.
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