C’est aujourd’hui que sort Impunité, le livre de Hélène Devynck, dans lequel la journaliste revient sur les nombreuses accusations de viols et d’agressions sexuelles qui visent sur Patrick Poivre d’Arvor.
Elle y revient sur le viol qu’elle aurait elle-même subi au début des années 90 et en fait une description particulièrement crue et éprouvante.
Elles sont désormais plus d’une vingtaine à avoir témoigné de faits qui s’étendraient sur plusieurs décennies. Deux nouvelles plaintes, pour viol et pour des agressions viennent d’être déposées, et un signalement a été adressé au Procureur de la République.
Depuis le début de l’affaire en février 2021 avec le tout premier témoignage de Florence Porcel, et le classement sans suite de la première plainte en juin de la même année, plusieurs témoignages se heurtent au délai de prescription des faits. Cela n’empêche pas de nouvelles femmes de prendre la parole contre le présentateur vedette de TF1, avec l’espoir que d’autres parviennent à dénoncer ce qu’elles ont subi et que d’autres témoignages puissent être examinés.
« C’est presque plus simple de porter plainte quand c’est prescrit », affirme aujourd’hui Cécile Delarue, une des femmes qui accusent PPDA. « On peut se retrouver avec une histoire qui est très dure, qu’on a cachée, qu’on n’a pas pu raconter pendant si longtemps. Et on peut plus facilement le dire aux policiers ou aux gendarmes parce qu’on sait que derrière on ne devra pas encore l’assumer, parce que c’est tellement impossible de pouvoir prouver un viol. »
Examiner la sérialité des faits
Mais la justice pourrait avoir un moyen d’engager des poursuites malgré les délais de prescription dépassés, en se basant sur une jurisprudence de 2005 de la Cour de cassation.
Celle-ci établit que le caractère sériel des faits permettrait d’engager des poursuites, a rappelé cet été la cour d’appel de Versailles. « Dans la définition de ce lien précis, il faut notamment établir qu’il s’agit d’un même auteur, d’un mode opératoire similaire, et d’un même profil de victime », indique France Inter.
Cela permettrait alors de reporter la date marquant le début de la prescription.
Ces similarités, elles apparaissent notamment à la lecture des derniers témoignages publiés par Libération cette semaine. Des agressions ou des viols qui se dérouleraient dans le calme feutré d’un bureau ou d’une chambre d’hôtel, visant des femmes jeunes venues présenter leur travail et espérant des conseils littéraires de la part d’un journaliste admiré et puissant.
« Comme il n’est pas violent, il enrobe tout avec un certain charme, il se sert, on n’est qu’un morceau de viande. Il m’a fallu trente-sept ans pour mettre le mot juste sur ce qui m’est arrivé » raconte au quotidien Margot Cauquil-Gleizes.
C’est aussi le silence complice de l’entourage professionnel de PPDA qui apparaît dans de nombreux témoignages, par exemple celui de l’autrice Bénédicte Martin, qui accuse le journaliste de l’avoir agressée sexuellement au début des années 2000.
Elle affirme avoir parlé de cet incident à Frédéric Beigbeder, alors éditeur chez Flammarion, qui se serait alors esclaffé. Une seconde violence pour elle. Il affirme aujourd’hui n’avoir « aucun souvenir » de cet échange » : « Je suis désolé si je n’ai pas réagi en 2003 comme je le ferais aujourd’hui. J’étais très con à cette époque ».
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