« Il le dit lui-même, il est le produit de sa culture. Alors finissons-en avec cette culture. Qui est la culture du viol », prône Clotilde Hesme. Vendredi 8 septembre, les actrices Anna Mouglalis, Clotilde Hesme et Laurence Cordier ont de nouveau pris la parole dans une vidéo publiée par Mediapart, à l’encontre de Philippe Garrel.
Dans une enquête parue dans le journal d’investigation le 30 août, elles avaient dénoncé les comportements « inappropriés » du cinéaste, qui leur soumettait des propositions sexuelles lors de rendez-vous pour des rôles, ou encore, relataient des tentatives de baisers non consentis.
Une semaine plus tard, dans ce nouveau document, elles reviennent sur leurs témoignages respectifs, et dénoncent une industrie aveugle aux questions de violences sexuelles.
Aucun soutien de la part de l’inductrie du cinéma
Laurence Cordier, qui a témoigné d’une tentative de baiser non-consenti après une première rencontre avec Philippe Garrel, affirme être « sûre » d’avoir raté « plein » d’opportunités après avoir repoussé le cinéaste. Une situation qui lui a provoqué « méfiance et dégout du milieu », témoigne-t-elle auprès de Mediapart. Elle a d’ailleurs quitté le monde du cinéma pour celui du théâtre.
« Ce n’est pas juste un baiser forcé, ce sont des carrières entières qui sont brisées, a assené de son côté Coltilde Hesme. Cette manière de faire du cinéma est dysfonctionnelle voire criminelle qui conforte l’idée et la mythologie du créateur abusif qui se permet au nom de l’art d’agresser de maltraiter », continue l’actrice, qui a été l’une des élèves de Philippe Garrel au Conservatoire de Paris.
Puis vient la question fatidique de la part de Mediapart : ont-elles « reçu des marques de soutien de la part du monde du cinéma ? » Et de voir Laurence Cordier hésiter, puis répondre un « non » catégorique. Même combat pour Clotilde Hesme, qui répond même d’un rire jaune.
Selon les actrices, les « excuses » de Garrel sont loin d’être sincères
De son côté, Philippe Garrel avait nié la majorité des faits. Il expliquait avoir « mal interprété » des « ressentis » et évoquait une « remise en question ». Ce à quoi Hesme répond avec un rictus : « Je pense qu’il a été conseiller par son avocate ». De son côté, Anna Mouglalis est catégorique : « Si remise en question il y avait, il ne m’aurait pas téléphonée pour que je retire mon témoignage. »
Outre leur expérience avec le cinéaste, toutes dénoncent une culture global de soutien envers les agresseurs dans le cinéma français. « D’autres voix dans la création sont possibles…Il faut juste arrêter avec cette absence de frontière qui cautionne et qui valorise des agresseurs », se désole Clotilde Hesme, qui en a profité pour fustiger le soutien que reçoit toujours Philippe Garrel de la part de ses partenaires financiers ou encore distributeurs.
Anna Mouglalis, elle, est plus fataliste : « Il y a un conservatoire de la virilité, qui a décidé que rien ne changerait ».
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