Il y a Sylvia, alors âgée de 16 ans, qui rencontre son idole et gardera toujours en elle le traumatisme de ce qu’elle raconte avoir subi sur ce parking alors qu’il devait simplement la raccompagner. Il y a Cécile, 23 ans à l’époque, qui raconte comment elle a dû user de la violence pour faire entendre que non, elle n’aurait pas de relations sexuelles avec cet homme. Il y a les mots aussi de la militante écologiste Claire Nouvian qui rapporte avoir été mise en garde :
« L’entourage, avant de partir en tournage, me dit “Évite les situations où tu es seule avec lui”. »
C’est aussi une ancienne collaboratrice qui, en restant anonyme, parle aujourd’hui de comportement choquant et d’abus de pouvoir.
Difficile de ne pas être sidérée face aux différents témoignages de ces femmes qui ne se connaissent pas, mais qui racontent toutes des expériences similaires au contact de Nicolas Hulot, animateur de l’émission Ushuaïa sur TF1 et ancien ministre de l’Environnement.
Bientôt d’autres accusations contre Nicolas Hulot ?
L’enquête révélée hier par Envoyé Spécial sur France 2 est-elle une nouvelle déflagration dans le paysage médiatique et politique ?
À quelques heures de la diffusion, Nicolas Hulot avait pris les devants en se rendant sur BFM pour se défendre et clamer son innocence. Une stratégie aux airs de déjà-vu, dont il avait déjà usé lors d’une précédente mise en cause en 2018.
À l’issue du reportage d’Envoyé Spécial, une enquête qui a mis quatre ans à sortir, France Info a publié plusieurs autres témoignages, dont celui de Maureen Dor, animatrice de télé qui affirme avoir été victime de Nicolas Hulot quand elle avait 18 ans :
« Je l’accompagne donc et, aussitôt dans la chambre, le voilà qui me saute dessus et tente de m’embrasser. Je le repousse, étonnée et effrayée, en lui faisant cette remarque si naïve : “Mais vous avez une femme !” et lui de me répondre que cela n’a rien à voir et que je serai une “parenthèse”. »
Des propos qu’elle avait déjà tenu il y a quelques années, en 2017, sans toutefois nommer son agresseur, expliquant juste qu’il s’agissait d’un animateur « hyper connu ». À la faveur de cette enquête, plusieurs femmes ont donc décidé de sortir du silence.
« On ne se substitue pas à la justice »
Cette enquête d’Envoyé Spécial est aussi un brillant rappel de ce que signifie faire une enquête journalistique sur des cas de violences sexuelles.
On y voit Elise Lucet et Virginie Vilar — la journaliste qui a mené ce travail de fond — échanger avec Nicolas Hulot lui-même au téléphone, rappelant que la déontologie leur impose l’exercice du contradictoire et donc de lui demander ce qu’il a à répondre aux graves accusations portées contre lui.
Un rappel que la presse n’a pas pour rôle de prendre la place de la justice mais qu’elle permet de mettre en lumière des paroles restées dans l’ombre pendant des années : « On ne se substitue pas à la justice. Nous sommes journalistes, nous enquêtons et nous confrontons les faits », rappelait très justement ce matin la journaliste Virginie Vilar. Elle affirme que depuis la réaction de Nicolas Hulot, d’autres femmes songent aujourd’hui « à briser ce silence ».
L’affaire Nicolas Hulot est à la croisée de la politique et des médias, deux mondes où l’impunité des auteurs de violences sexistes et sexuelles commence à peine à se fissurer à mesure que des victimes prennent la parole. Impossible de ne pas penser à PPDA et aux témoignages de plusieurs femmes sur les viols subis, les comportements inconvenants et surtout la protection dont il aurait bénéficié de la part de son entourage durant des années.
Impossible non plus, de ne pas penser au mouvement #MeTooPolitique qui émerge actuellement pour dénoncer l’inaction des partis politiques et du gouvernement actuel face aux violences sexistes et sexuelles qui les gangrènent.
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Crédit photo : Captures – Envoyé Spécial France 2
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Cela fait 7. C'est déjà énorme et je suis ravie que la parole se libérer contre Nicolas Hulot et que ça va inciter d'autres femmes à parler encore (peut être pour des faits non prescrits?).
Par contre là vous annoncez une dizaine de personnes si c'est le cas il aurait fallu en parler dans l'article, qui sont elles celles qui n'ont pas témoigné dans Envoyé Spécial ou France Info ?