L’opératrice du SAMU qui avait raillé au téléphone Naomi Musenga, retardant la prise en charge de cette jeune femme décédée fin 2017 à l’hôpital de Strasbourg, a été mise en examen pour « non-assistance à personne en danger », a spécifié le parquet, vendredi 12 janvier, à l’AFP.
Victime du syndrome méditerranéen ?
Âgée de 22 ans, la jeune femme avait agonisé au téléphone, sans que ses plaintes ne soient prises au sérieux. Cinq heures après cet appel, elle était décédée d’un accident vasculaire abdominal, selon le dernier rapport d’expertise dévoilé en novembre 2021. L’opératrice qui avait réceptionné les deux appels de Mme Musenga a été mise en examen « lors de son audition par la juge le 14 février 2023 », a précisé à l’AFP l’avocat de la famille de Naomi Musenga.
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À l’époque, la diffusion des échanges entre Naomi Musenga et le SAMU sur les réseaux sociaux avait provoqué une vague d’indignation. On y entendait la jeune femme articuler difficilement « J’ai très mal au ventre », « J’ai mal partout », « Je vais mourir… », ce à quoi l’opératrice lui avait répondu, moqueuse : « Oui vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde ». Sa souffrance, ostensiblement négligée, avait remis au cœur du débat la question du syndrome méditerranéen, ce biais raciste qui consiste à penser qu’une personne simule son état en raison de ses origines.
« La famille de Naomi attend depuis plus de six ans une audience », a rappelé l’avocat à l’AFP. Une attente difficile, mais qui charrie l’espoir d’obtenir justice : « Cette mise en examen a été source de soulagement, avec le sentiment que la justice travaille efficacement, même si elle le fait avec son rythme, qui est parfois mal apprécié ou mal compris par les familles. »
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Les Commentaires
Je suis assez mal à l'aise avec la notion de "syndrome méditerranéen" comme si le problème venait de la victime. C'est un biais raciste qu'il faut combattre dans la société et non un "syndrome" comme un mal de tête. C'est du racisme systémique, pas un syndrome individuel.