Màj, le 24 janvier 2013 – La Cour suprême du Mexique a hier soir décidé « la libération immédiate et inconditionnelle » de Florence Cassez. La trentenaire est actuellement dans l’avion qui la ramène en France et devrait atterrir à Paris en début d’après-midi.
Comme l’a rappelée Maître Eolas sur Twitter, cette décision juridique ne signifie pas que Florence Cassez est reconnue innocente par la Cour, c’est juste que cette dernière a estimé que « la procédure est tellement viciée qu’aucun procès n’est plus possible ». Ce retournement de situation intervient deux jours après que le présentateur pour la chaîne Televisa Carlos Loret de Mola a reconnu que la prétendue arrestation de Florence Cassez diffusée en direct était une mise en scène et qu’elle avait été interpellée plus tôt sur une route. Le journaliste affirme ne pas s’en être rendu compte, dans le feu de l’action, en profitant pour faire son mea culpa :
« Rétrospectivement, avec une analyse plus minutieuse de toutes les images, je crois que j’aurais pu découvrir la tromperie. Dans l’information à chaud, comme l’arbitre de football qui n’a pas accès au ralenti et doit décider sur le coup, je ne l’ai pas fait et je le regrette. »
Màj, le 21 mars 2012 à 21h28 – Florence Cassez reste en prison : la proposition de libération « absolue et immédiate » d’Arturo Zaldivar a été rejetée par 3 juges sur 5 (2 d’entre eux se présentent comme favorables à un nouveau procès).
Le 21 mars dans la journée – Florence Cassez, jeune femme détenue au Mexique depuis décembre 2005 qui n’a jamais cessé de clamer son innocence, attire régulièrement l’attention des médias et a reçu des soutiens divers à travers le monde. Aujourd’hui, un projet de sentence va être présenté devant la première chambre de la Cour suprême. Ce projet de sentence a été rendu par Arturo Zaldivar, qui demande la libération « immédiate et absolue » de la Française en raison d’irrégularités dans la procédure qui a mené à l’arrestation de Florence Cassez, à son procès et à sa condamnation.
Parmi ces dysfonctionnements, on compte par exemple la mise en scène de l’arrestation ou le non-respect des droits consulaires (puisque les forces de l’ordre ont mis plus d’une journée à contacter le consulat alors qu’ils devaient le faire le plus rapidement possible), de la présomption d’innocence ainsi que la non-mise à disposition devant le ministère public. Arturo Zaldivar souligne également les contradictions dans les témoignages des victimes. Ces vices de procédure pourraient bien être la clé de la liberté pour Florence Cassez.
Mais pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ce projet de sentence, revenons sur les grandes lignes de cette affaire.
(source : sipse.com)
Florence Cassez au Mexique
En 2003, Florence Cassez quitte son job de directrice dans un Eurodif de Calais pour rejoindre son frère qui a refait sa vie au Mexique. C’est là qu’elle rencontre Israel Vallarta Cisneros, dont elle tombe amoureuse. En avril de l’année suivante, elle quitte ce dernier et revient au domicile familial avant de retourner au Mexique. Jusque là, tout va bien et rien ne cloche ; ce n’est ni plus ni moins qu’une idylle un peu compliquée entre deux êtres nés à des milliers de kilomètres l’un de l’autre.
Le souci, c’est qu’Israel est le chef des « Zodiaques », un gang spécialisé dans les enlèvements – un véritable fléau au pays des mariachis. Il a par ailleurs reconnu pas moins de dix enlèvements et un meurtre. Des actions que Florence Cassez (dont son ex assure l’innocence) affirme ignorer depuis le début.
Que s’est-il passé le 8 décembre 2005 ?
Tout bascule en décembre 2005. Le 8 de ce mois, ils sont tous deux arrêtés sur une route qui mène à Mexico et la jeune française est soupçonnée d’être au courant des agissements de son ex. Fait des plus étranges : l’arrestation est reconstituée devant des caméras et présentée comme se déroulant en direct aux téléspectateurs des chaînes TV Azteca et Televisa le lendemain matin. Le but de la manoevre étant faire croire à l’opinion publique à un flagrant délit. Trois personnes enlevées sont alors « sauvées en live » : Ezequiel Yadir Elizalde Flores, Cristina Rìos Valladares ainsi que le petit garçon de cette dernière.
Pour des millions de mexicains, Florence Cassez n’est plus Florence Cassez : elle devient « Florence la diabolique ».
Quelques mois plus tard, en février 2006, Florence Cassez témoigne en direct de sa prison pour l’émission Punto de Partida
et interpelle le directeur de l’Agence fédéral d’investigation pour qu’il avoue que l’interpellation était un montage. Ce qu’il fait, en précisant que ce détail ne rentrera pas en compte dans la jugement de la française expatriée.
La condamnation
En octobre 2007, soit environ un an et demi après le début de son procès, Florence Cassez est condamnée à 96 ans de prison pour enlèvements, séquestration, associations de malfaiteurs, possession d’armes à usage exclusif des forces armées et possession de munitions. Ce qui l’a entre autres faite condamnée, ce sont les témoignages des personnes enlevées retrouvées dans le ranch d’Israel le jour de l’arrestation, qui ont tous trois reconnus la jeune femme à sa voix et son accent. Pourtant, il a été noté par la presse et certains acteurs de la justice mexicaine que ces témoignages manquent de fiabilité (l’exemple le plus anecdotique, c’est la tâche de naissance que présente l’une des victimes comme étant la preuve que Florence Cassez lui a fait une piqûre).
En mars 2009, cette peine de 96 ans d’emprisonnement est réduite à 60 ans en appel.
Un pays divisé
Au Mexique, les soutiens à Florence Cassez sont de plus en plus nombreux. Le 14 mars dernier, une réunion a eu lieu à Mexico ; des juristes et des anciens ministres mexicains y ont exprimé leur soutien à la trentenaire détenue dans la prison de Tepepan, comme le rapporte Le Monde. En outre, elle est également soutenue depuis fin 2010 par l’église catholique mexicaine, ce qui pèse fortement dans la balance, le pays étant très influencé par la religion. Rappelons également qu’elle est considérée comme un symbole des supposés « dysfonctionnements de la justice mexicaine », comme l’évoque Le Point.
En revanche, comme bon nombre d’activistes qui s’opposent à la libération de la Française et le ministère de la justice mexicain, le président Felipe Calderon souhaiterait la voir purger sa peine. Lundi 19 mars dernier, alors qu’il était en visite dans un établissement pénitentiaire, il en a profité pour se mettre du côté des victimes, faisant des allusions plus ou moins subtiles à la ressortissante française, et appelant à la « Justice pour les parents à qui on a enlevé leur enfants. Justice pour les enfants qui n’ont pas revu leurs parents kidnappés ou assassinés. Justice pour ceux qui subissent le racket. Justice pour ceux qui subissent un enlèvement » comme le note L’Express.
Qu’est-ce qui l’attend aujourd’hui ?
Aujourd’hui, les cinq juges de la première chambre de la Cour suprême mexicaine doivent se prononcer sur une potentielle libération. Comme le rappelle l’AFP, quatre scénarii sont envisageables :
>> La libération immédiate : il faudrait trois votes favorables sur cinq pour que cela arrive. Si deux juges de la première chambre se rallient à l’opinion de leur collègue Arturo Zaldivar, – l’auteur du rapport qui recense les vices de procédure dans l’affaire Florence Cassez -, elle sera libérée et pourra revenir en France si elle le souhaite.
>> Le report de l’examen du cas en plénière, ce qui reviendrait à reporter la discussion sur l’affaire en séance plénière, c’est-à-dire devant tous les membres de la Cour suprême.
>> Le renvoi de la procédure devant la justice dite ordinaire : compte tenu des irrégularités de la procédure, il serait possible que la condamnation à 60 ans de prison soit annulée. Toutefois, dans ce cas de figure, la détenue sera jugée devant la justice ordinaire pour les mêmes motifs.
>> La condamnation définitive : dans ce cas, Florence Cassez sera officiellement et définitivement condamnée à 60 ans de prison et n’aura comme recours que d’en appeler à la justice internationale à travers la Cour interaméricaine des droits de l’homme – ce qui prendrait plusieurs années.
Verdict cet après-midi vers 17h.
Rappelons au passage que Florence Cassez n’est pas un cas isolé, et qu’ils étaient 1958 français détenus à l’étranger en 2008, selon des chiffres du ministère des affaires étrangères.
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Les Commentaires
Je suis d'accord avec toi, sur le fait qu'il est très difficile d'innocenter une personne quand les faits qui lui sont repprochés ont des preuves indiscutables (possession de drogues dans leurs affaires personnelles).
Mais, dans le cas, Florence Cassez, elle n'est pas innocentée non plus, son histoire est juste trop rocambolesque pour mettre en place un énième procès.
Je vais me baser sur le cas l'affaire Michael Blanc, que je connais le mieux. Sa famille demande en priorité une incarcération en France, c'est-à-dire qu'elle met de côté une eventuelle liberté par reconnaissance de son innocence. Sa famille a bien conscience que la justice indonésienne n'est pas la même que la justice française (malgré un régime républicain, le fait que nos relations internationales devrait facilitées par le fait qu'on soit tous deux des membres de l'ONU...)
Mais ce que je souhaitais mettre en avant dans mon post précédent, c'est la question qui est : "Pourquoi les médias ne parlent toujours que des mêmes cas ?" et j'ai bien peur que la réponse à ma question soit : "Parce qu'ils parlent de ce qu'il se passe... et que du côté des autres prisonniers français à l'étranger, il ne se passe rien..."
Mes propos sont bien illustrés par la phrase de l'article "Déboires des français incarcérés à l'étranger" que tu mets en lien, quand le maître Courcelle Labrousse déplore : "celà dépend beaucoup du volontarisme de l'Etat français"
D'autant plus qu'hier la famille de Michael Blanc à lancé un appel à l'aide
Alors qu'est-ce qui fait peur aux services diplomatiques français pour apporter leur soutien, effectuer des visites ?
C'est juste celà qui me dépite totalement...