Mardi 25 avril, s’est ouvert, à New York, un procès au civil contre l’ancien locataire de la Maison-Blanche, Donald Trump, accusé par E. Jean Carroll, ex-chroniqueuse du magazine ELLE, d’agression sexuelle et de diffamation. Si les faits remontent aux années 1990, c’est grâce à l’Adult Survivors Act, (une loi exceptionnelle, entrée en vigueur dans l’État de New York en novembre dernier pour une durée d’un an afin de permettre aux victimes présumées d’agressions sexuelles d’engager des poursuites même lorsque les faits sont prescrits), qu’E. Jean Carroll a pu relancer sa plainte contre Donald Trump. Elle avait déjà porté plainte une première fois en 2019 contre l’ex-président, uniquement en diffamation parce que les faits étaient prescrits et que ce dernier avait qualifié de « mensonge complet » ses accusations.
« Un complot politique »
Si le procès concerne bien Donald Trump, c’est sur E. Jean Carroll que les regards étaient rivés en cette journée d’ouverture. Comme le rapporte le Guardian, l’avocat de Donald Trump, Joe Tacopina, n’a pas lésiné sur les stratégies pour faire dévier le débat, affirmant qu’ « E. Jean Carroll avait conspiré avec d’autres femmes pour accuser à tort l’ex-président de viol parce qu’elles le détestent depuis qu’il a gagné les élections de 2016 », et jouant ainsi sur le cliché répandu de la femme malveillante et prête à tout.
Cet argument politique, décliné tout au long de la séance, est la carte joker préférée de Donald Trump, qui rêve de briguer à nouveau la présidentielle et n’hésite pas à crier au complot dès qu’une nouvelle affaire judiciaire l’accable. Quelques semaines plus tôt, inculpé au pénal pour trente-quatre fraudes comptables et fiscales, l’homme d’affaires publiait déjà un communiqué dénonçant une tentative pour « faire tomber » sa candidature républicaine aux prochaines élections.
Le jury, composé de trois femmes et six hommes, a été trié sur le volet : pour valider leur participation à ce procès sensible (auquel Donald Trump n’a pour l’instant pas daigné se présenter), il leur a été demandé s’ils seraient capables de laisser de côté leurs convictions politiques et leur avis sur le mouvement #MeToo afin de juger avec « impartialité » l’affaire.
« Une défense agressive »
Dans la biographie de son compte Twitter, la firme à laquelle appartient Joe Tacopina vente les mérites de sa « défense agressive et de ses clients de renom qu’elle accompagne dans des moments charnières de leurs vies ». Plutôt qu’agressifs, les arguments amenés face au tribunal laissent surtout apparaître une rhétorique ultra-sexiste visant à inverser la culpabilité en décrédibilisant par tous les moyens la parole de E. Jean Carroll au profit d’une prétendue croisade politique, et en détournant l’attention loin de Donald Trump et des faits qui lui sont reprochés.
Un sexisme que Donald Trump connaît bien, lui qui a, pour toute défense initiale, affirmé que E. Jean Carroll n’était « pas son genre » (comprendre « trop moche pour être agressée » selon l’avocat d’E. Jean Carroll), avant de confondre la journaliste avec… son ex-femme, Marla Maples, sur un cliché qui lui était présenté lors de sa déposition sous serment. Heureusement pour lui que le ridicule ne tue pas.
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