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Société

Affaire Adrien Quatennens : un retour à l’Assemblée électrique

Adrien Quatennens est de nouveau présent à l’Assemblée nationale, et siégera comme non-inscrit dans l’hémicycle. Un retour qui ne manque pas de crisper, y compris dans son propre camp, et dont Renaissance s’est vite emparé.

C’était la rentrée pour les députés de l’Assemblée nationale, et elle était pour le moins tendue. Le député La France Insoumise Adrien Quatennens a fait son retour dans l’hémicycle après plusieurs mois d’absence, en raison des accusations de violences conjugales qui pesaient sur lui, et d’une plainte déposée par son ex-compagne. Elle affirme avoir subi des « violences physiques et morales » pendant des années.

Il a finalement été condamné à quatre mois de prison avec sursis le 13 décembre 2022. Depuis, il a continué à se présenter comme victime d’un lynchage médiatique et à réfuter d’être un homme violent. Juste après sa condamnation, une longue interview accordée à BFMTV a suscité un certain malaise auprès de nombreuses élues LFI, comme Manon Aubry ou Alma Dufour. Pour la sociolinguiste Noémie Trovato, interviewée dans Politis, la tactique du député est basée sur la stratégie DARVO qui consiste à retourner la situation en inversant les rôles de victime et d’agresseur : « Les sorties médiatiques d’Adrien Quatennens s’inscrivent dans sa domination sur sa femme : le choix de parler des enfants, de se positionner en victime d’une rupture familiale, ce sont des attaques contre elle plutôt qu’une défense de lui-même. C’est constitutif de la stratégie DARVO, l’attaque et l’inversion des rôles. »

Alors que des militantes féministes appelaient à la démission, La France Insoumise a choisi de suspendre Adrien Quatennens pour une durée de quatre mois et de conditionner son retour à sa participation à un stage de sensibilisation sur les violences faites aux femmes.

Il siégera donc à compter de cette semaine comme non-inscrit.

La réforme des retraites, dossier incontournable de ce début d’année, est aussi présentée par les défenseurs d’Adrien Quatennens, comme un combat sur lequel le député du Nord est indispensable, un argumentaire justement démonté par l’activiste féministe Mathilde Viot :

« Il n’est pas plus brillant que plein d’autres député·es qui pourront défendre ce que le peuple souhaite faire reculer. Pire, il va nuire au combat, puisque dès qu’il prendra la parole, ce sera l’homme coupable d’avoir frappé sa femme et in fine de la division de son mouvement qui parlera. »

Quand Renaissance demande l’inégibilité

Autre illustration de la tension qui règne autour du retour d’Adrien Quatennens, c’est la rapidité avec laquelle le groupe Renaissance s’est emparé du sujet, lui qu’on a connu moins réactif quand il s’agissait de prendre des mesures concernant les accusations de violences sexistes et sexuelles dans ses rangs.

« Ce retour ne peut pas être passé sous silence ». C’est Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance qui a notamment réagi à ce retour et ça ne manque pas de sel :

« Nous déposons ce jour une proposition de loi qui vient compléter le dispositif que nous avions adopté en 2017 pour créer une peine complémentaire d’inéligibilité pour celles et ceux qui auront été condamnés pour des faits de violences conjugales ou de violences intra-familiales. »

Pour les parlementaires Renaissance, la place d’Adrien Quatennens n’est donc plus à l’Assemblée nationale et veut créer un précédent. Surprenant, puisque lorsque le député Benoit Simian, alors étiqueté LREM, s’est vu interdire en 2020 d’approcher le domicile conjugal alors qu’il était en instance de divorce, et a pourtant continué à harceler son ex-conjointe, le groupe s’était fait plus silencieux et bien moins intransigeant. Visé par une enquête, Benoit Simian n’avait pour autant pas vu son immunité parlementaire remise en cause, la demande ayant été rejetée par le bureau de l’Assemblée nationale. Il a finalement écopé de huit mois de prison avec sursis en juin 2022 et n’a pas été réélu. Silence aussi assourdissant concernant les graves accusations qui pèsent sur Damien Abad, brièvement ministre des Solidarités, toujours député et visé par une enquête pour tentative de viol.

Le groupe Renaissance ne monterait-il au créneau que lorsque ses adversaires politiques sont des auteurs de violences sexistes et sexuelles ?

À lire aussi : Et si on récompensait le sexisme des hommes politiques ? C’est le pari (ironique) de Ça va bien se passer*

Crédit photo : Capture

Violences conjugales : les ressources

Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

1
Avatar de skargard
12 janvier 2023 à 12h01
skargard
Super article.
Je n'aurais pas cru que Quatennens se brosserait autant de l'avis de son parti. Il doit y avoir de bons soutiens et les féministes doivent y être en infériorité. Soutien aux femmes.
2
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