L’autre mère, c’est l’histoire de Mathilde. Elle n’est pas la mère biologique de son fils Gustave, mais elle l’a autant désiré que sa compagne Mag, qui l’a eu par insémination artificielle en Belgique.
Adoption homosexuelle : Mathilde se bat pour Gustave
« Moi, je me sentais mère de Gustave avant même qu’il naisse. Quand il était au chaud dans le ventre de Mag (…).
Mais, bien sûr, on le savait depuis le début. Moi, légalement, je ne serai rien pour lui. »
Et puis, alors que cet enfant fête son premier anniversaire à l’automne 2013, la loi pour le mariage pour tous passe. Cela signifie que Mathilde va enfin pouvoir adopter Gustave.
Dans ce documentaire audio publié sur Arte Radio, elle raconte les galères administratives et états d’âmes par lesquels elle est passée pour adopter cet enfant. Son enfant.
Tout le monde la considère déjà comme la mère de ce bébé. Les proches, le pédiatre, la crèches ou les voisins. Mais face au tribunal, elle doit prouver son lien à Gustave.
Adopter son enfant au sein d’un couple homosexuel : une galère administrative
Mathilde demande alors à ses proches des attestations parlant de son attachement à Gustave.
Elle constitue aussi un dossier de photos prouvant sa présence depuis sa naissance. Elle se retrouve aussi convoquée au commissariat, puis reçoit une visite surprise d’un agent de police à domicile.
Le plus compliqué, c’est que l’administration avance à tâtons avec elle.
En 2013, son adoption en temps que femme mariée avec une autre femme est un cas nouveau. Beaucoup de professionnels qu’elle croise sont aussi perdus qu’elle.
Les formulaires ne sont pas adaptés et on l’envoie d’un service à un autre.
Les conséquences de complications à l’adoption en temps que couple homosexuel
Ce que ce témoignage soulève aussi, c’est la remise en question de son rôle de mère, provoquée par une situation administrative aussi complexe.
Mathilde explique alors s’être sentie par moment envieuse de sa compagne pour qui tout avait toujours été « si facile » (dans le sens où elle a toujours été vue comme la mère). Elle raconte avoir alors commencé à lui balancer des reproches à tout bout de champs.
« Cette démarche m’a rendue irritable, triste, en colère. J’avais l’impression de quémander à un tribunal l’adoption d’un enfant que j’avais désiré, attendu, vu naître, a qui j’ai donné ses premiers bains, biberons, purées, que je masse pendant ses nuits tourmentées (…).
En fait, cette demande d’adoption était venue réveiller quelque chose que, par orgueil et protection, j’avais voulu ignorer. L’humiliation de ne pas être officiellement reconnue mère de Gustave, dès sa naissance. »
La conséquence la plus terrible est que plus cette colère grandit en Mathilde, plus son enfant semble la rejeter.
Aujourd’hui, Mathilde est mère de Gustave
Tout est bien qui fini bien : au printemps 2014, Mathilde devient officiellement mère de Gustave.
Aujourd’hui, cette histoire peut sembler presque banale, et pourtant je l’ai trouvée profondément touchante.
J’ai trouvé le témoignage de Mathilde extrêmement sincère dans ses espoirs mais aussi et surtout ses craintes. Jusque là, je n’avais jamais entendu de témoignages racontant, en détail, les galères d’une telle situation.
Alors merci à elle de se livrer, et merci encore à Arte Radio de nous proposer de tels formats.
Marlène Schiappa, Secrétaire d’état en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, a annoncé en septembre dernier que la PMA pourrait être rendue accessible à toutes l’année prochaine, en 2018.
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