En partenariat avec Metropolitan (notre Manifeste).
Le film, que madmoiZelle est fière d’accompagner, sortira dans les salles françaises le 6 février 2019.
En tirant sur son premier joint au lycée, Clarisse ne se serait jamais doutée qu‘elle deviendrait accro au cannabis.
À 18 ans, elle arrive dans une nouvelle ville pour y faire des études. Elle s’installe en colocation avec sa grande sœur âgée de deux ans de plus qu’elle.
Fumer un joint, « comme tout le monde »
Clarisse fume un peu pendant les soirées et jamais toute seule. « Comme tout le monde, je pense », me dit-elle au téléphone.
Selon l’OFDT, parmi les moins de 17 ans, 4 personnes sur 10 ont déjà fumé du cannabis en France en 2017, au cours de leur vie, (soit 39,1 %).
L’enquête de l’OFDT menée sur l’année 2017 révèle aussi que « la consommation actuelle concerne surtout les plus jeunes et les hommes (28 % des 18-25 ans, 35 % des hommes et 21 % des femmes de cette tranche d’âge). »
Lors de sa 4e année d’études, la jeune femme perd sa grand-mère, dont elle était très proche.
Clarisse se réfugie alors dans la fumette. Elle pleure constamment, le chagrin l’épuise… Un soir, elle décide d’allumer un joint pour s’endormir plus rapidement.
Ça fonctionne. La première fois.
Devenir accro au cannabis, avec la déprime
L’étudiante se met à fumer une fois par jour, avant de se coucher. Puis deux joints, puis trois. Puis elle arrête de les compter.
Autour d’elle, personne ne s’inquiète réellement. Seule sa mère trouve qu’elle perd de plus en plus de poids, et s’alarme de son état, sans savoir comment aider sa fille.
Clarisse raconte :
« Je l’avais prévenue que je fumais de la beuh mais sans lui parler de ma consommation quotidienne.
J’ai perdu 10 kilos en 3 mois et à ce moment-là, elle a commencé à me demander d’aller voir un psy, de faire attention… »
Malgré les mises en garde de sa mère, Clarisse ne réalise pas tout de suite qu’elle est totalement accro au cannabis.
Les signes de l’addiction au cannabis
Tout son argent passe dans sa consommation qui ne cesse d’augmenter. Elle s’arrange pour que son entourage d’amis non-fumeurs ne se rende compte de rien :
« Je ne consommais jamais avant les cours, mais je me dépêchais de rentrer chez moi pour être toute seule et pouvoir fumer mon joint.
Je ne sortais plus, j’étais tellement constamment défoncée que lorsque mes potes me proposaient de sortir je trouvais une bonne excuse (trop de devoirs, la flemme, autre chose de prévu, pas d’argent…).
Je n’arrivais pas à me lever le matin, j’arrivais en retard presque une fois sur deux. »
Peu à peu, son comportement l’alarme elle-même :
« Je me retrouvais dans des situations de détresse, à faire mes fonds de poches, à gratter mon grinder, traverser la ville au milieu de la nuit, appeler tout mon répertoire dans l’espoir que quelqu’un me dépanne une tête de beuh lorsque je n’avais plus rien.
Tout mon argent passait dedans. J’étais méconnaissable.
Je ne mangeais plus, j’étais tout le temps déprimée et à fleur de peau. »
Être accro au cannabis et tout arrêter d’un coup
Il aura fallu un an pour que Clarisse prenne finalement la décision d’arrêter, du jour au lendemain. Elle en parle à sa sœur, Amandine.
« Elle a été très bienveillante. Elle m’a dit qu’elle était contente que je lui en parle, qu’elle allait m’aider à m’en sortir et qu’elle ne me laisserait pas tomber. »
Amandine lui propose de venir la rejoindre en Indonésie, où elle vit depuis plusieurs mois. Clarisse accepte, et ça tombe bien.
Dans ce pays, le cannabis est strictement interdit ; en cas d’infraction, les sanctions sont bien plus sévères qu’en France.
On y encourt facilement plusieurs années de prison pour quelques grammes de possession, et la peine de mort y est toujours en vigueur pour les crimes les plus graves, comme le trafic de drogue.
En France, la loi ne fait pas de différence entre les drogues dures ou les drogues douces.
Même si le cannabis est considéré comme une drogue douce, aux yeux de la loi cela reste un stupéfiant, dont l’usage, la production et la vente sont interdits et punis juridiquement.
En France, une personne qui consomme du cannabis risque un an d’emprisonnement et 3750€ d’amende.
Clarisse explique :
« Je savais que la tentation, en Indonésie, serait quasiment inexistante. Je ne pourrais rien avoir sur moi sous peine de risquer la prison, ou pire. »
Un voyage en Indonésie pour mettre fin à l’addiction
Clarisse rejoint sa sœur en Indonésie et commence alors le début de son sevrage.
Cette dernière lui rappelle que de mauvais jours se profilent à cause de la sensation de manque, mais elle reste très compréhensive avec elle.
Finalement, Clarisse confie que ce mois à l’étranger sans fumer une seule fois n’a pas été si difficile pour elle :
« On s’occupait tout le temps, on enchaînait les activités, c’était impossible d’y penser.
Nous faisions des randonnées, des visites de lieux historiques et touristiques. On s’est baladées, on a vu des paysages superbes et uniques.
Quand on n’était pas en train de prendre le bus ou le train, on rencontrait des gens dans les auberges de jeunesse ou chez l’habitant. »
Certes, elle a subi quelques passades désagréables : le sommeil est plus léger et met plus de temps à venir. Il arrive aussi qu’elle se sente triste sans savoir pourquoi.
Le soutien inconditionnel d’une sœur
Mais Clarisse n’est plus seule, Amandine est très présente et toutes les deux se façonnent de beaux souvenirs à travers l’Indonésie.
Un mois passe, et lorsqu’arrive le temps de rentrer en France, Clarisse appréhende le quotidien sans la fumette.
Sa sœur emménage de nouveau avec elle. Cette fois, Clarisse lui demande de l’aide concrètement :
« Je lui ai expliqué que je voulais arrêter et qu’elle pouvait m’aider. On en a longuement discuté et nous avions décidé que lorsque j’avais envie de fumer, je devais le lui dire immédiatement.
Dans ces cas-là, elle devait m’en empêcher. »
Réussir à demander de l’aide à son entourage quand ça va mal, ce n’est pas forcément évident. C’est même parfois très difficile.
Quelle que soit ta situation, et surtout lorsqu’il s’agit d’un problème d’addiction, à une drogue ou autre, rappelle-toi qu’il est normal d’avoir besoin d’aide, qu’il est important de savoir en demander, et plus important encore de réussir à l’accepter.
Le mieux est d’en parler à une personne de confiance, que ce soit au sein de ta famille, parmi tes amis et amies proches, une connaissance en qui tu as confiance, ou quelqu’un d’extérieur : prof, infirmier, psychologue… Tu n’es pas seule.
Quelques numéros utiles :
- Drogues info service : 0 800 23 13 13 Ouverte de 8h à 2h, 7 jours sur 7. Appel anonyme et gratuit depuis un poste fixe. Appel depuis un portable au coût d’une communication ordinaire : 01 70 23 13 13. Site internet par ici.
- Ecoute cannabis : 0 980 980 940. Ouverte de 8h à 2h, 7 jours sur 7. De 8h à 2h, 7 jours sur 7. Appel anonyme et gratuit depuis un poste fixe.
- Fil santé jeunes : 0 800 235 236. Ouverte aux 12-25 ans, tous les jours de 9h à 23h. Appel gratuit et anonyme. Le site internet juste là.
Clarisse prévient Amandine. Parfois, elle devient irritable, supplie sa sœur de l’autoriser à fumer, elle se met en colère contre elle, lui en veut et refuse de lui adresser la parole.
Mais elle lui demande de rester ferme, et de tenir bon.
Clarisse raconte :
« On a même émis l’idée que je pourrais acheter de la beuh mais que c’est elle qui devrait la garder et gérer ma consommation.
Finalement, nous n’en sommes jamais arrivées là, car j’ai eu assez de volonté et de soutien pour ne pas craquer. »
La présence de sa sœur a été un véritable pilier pour Clarisse, qui a commencé son sevrage à son retour en France.
Retour en France et début de l’indépendance au cannabis
Le deuxième mois sans cannabis de Clarisse se déroule donc en France, aux côtés d’Amandine. La jeune femme ne craque pas. Pourtant elle en a eu l’occasion :
« J’ai été en soirée avec des potes qui fument beaucoup et je n’y ai pas retouché.
Parfois, j’ai eu très envie de tirer sur le joint quand il tournait mais je me disais que c’était une mauvaise idée. »
Finalement, elle fume une fois, une seule, lors d’une fête avec des copains et c’est la révélation pour elle.
« Quand j’ai un peu fumé avec mes amis, ce soir-là, ça ne m’a pas plu. Ça m’a dégoûtée.
Je l’ai regretté tout de suite parce que je n’aimais pas la façon dont j’étais défoncée, je ne me suis pas amusée et ça a gâché ce moment avec mes potes. »
Clarisse a réalisé, à cet instant, qu’elle ne voulait plus toucher au cannabis.
Huit mois sans fumer de cannabis
Aujourd’hui, cela fait un an et demi qu’elle a décidé d’arrêter et 8 mois qu’elle n’a rien fumé. Elle sait qu’elle ne retombera pas dedans facilement.
D’abord, grâce à sa volonté, ensuite grâce à l’amour et au soutien de sa grande sœur, et enfin à la fierté qu’elle tire de ne pas avoir racheté ou fumé de cannabis toute seule.
Elle assure :
« Je me connais bien maintenant, je sais comment je vais réagir en fumant.
Je connais la sensation que le cannabis produit sur moi mais je sais aussi comment je me sentirai ensuite : je le regretterai, je m’en voudrai.
Je ne veux pas me sentir coupable. »
Si quelques années auparavant, une personne avait dit à Clarisse qu’elle serait accro au cannabis, elle lui aurait ri au nez :
« Le cannabis est considéré comme une drogue douce. C’est sournois comme la clope, et c’est là le vrai piège.
Je ne me suis pas rendu compte tout de suite que j’étais accro, je l’ai vraiment compris seulement après avoir arrêté totalement. Je ne m’attendais pas du tout à tomber là-dedans. »
Désormais, Clarisse affirme « qu'[elle] se sent bien ».
« Je n’y pense plus et ça va beaucoup mieux. »
Tout ça, c’est derrière elle.
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