Alice au Pays des Merveilles, tout le monde connait au moins un peu. Gamine, tu as forcément passé des heures devant le Disney. D’ailleurs je suis retombée dessus il y a peu, j’étais folle de joie, mais au bout d’une demi-heure j’ai changé de chaine, tellement, avec mon regard de grande fille, ce n’était pas du tout aussi choupinou que dans mes souvenirs…
Bref, tu aurais difficilement pu le louper ces derniers mois, Tim Burton s’attaque à Alice, dans un remake qui, dès l’info lâchée, à déclenché les rumeurs les plus folles. Depuis, on te parle d’Alice à la limite de la saturation. Toutes les marques de cosmétiques y vont de leur gamme hommage, et ainsi de suite. C’est donc sans surprise que dans le domaine de la bd, les adaptations se sont elles-aussi mises à pleuvoir…
Oui mais voilà, après un ricanement bête genre « tous des pourris ils font ça que pour les sous », force est de constater que non. Parce qu’à défaut d’une immense originalité dans le thème choisi (mais peut-on vraiment le leur reprocher ?), les titres dont je vais te parler se révèlent d’excellente qualité. Ce serait donc dommage de bouder son plaisir sous des prétextes pas si importants que ça, finalement.
D’abord, grâce à ces adaptations, j’ai appris pleins de chose. Je n’avais jamais lu l’œuvre de Lewis Caroll (ou alors j’étais vraiment trop petite pour la comprendre ou qu’elle me laisse un souvenir autre que dans le film) et si je peux dire deux choses c’est 1) qu’Alice est le genre d’héroïne qu’on a envie de frapper du début à la fin (un peu comme Jenny Humphrey dans Gossip Girl) 2) que Lewis Caroll, bien que clairement un peu louche comme mec, est un génie de l’absurde, et qu’il allait bien plus loin que le Alice psychédélique de Disney. Que ce soit dans les situations ou les dialogues, l’auteur mélange le crédible à la totale invraisemblance (enfin crédible, tous les contes ont ce côté magique et imaginaire, mais le Pays des Merveilles a carrément l’air déréglé, et ne répond à aucune logique -à une logique qui lui est propre en tout cas-), avec brio, et on ne s’ennuie jamais. Amatrice de surréalisme, si tu ne t’es jamais plongée dans l’œuvre du monsieur, c’est le moment !
Je vais donc te parler de plusieurs bd et beaux livres : d’abord l’adaptation d’Alice version comics par la fille d’Alan Moore, ensuite celle en bd par Chauvel et Collette chez l’éditeur Drugstore, et enfin, mon gros coup de cœur, le livre illustré par François Amoretti avec une toute nouvelle traduction. Et puis, même s’il n’est pas encore sorti et que je n’ai donc pas pu le lire, il y a la suite d’Alice (un peu comme le film de Burton, donc) dessinée par le très très très talentueux Sonny Liew, Au Pays des Merveilles. Visite guidée.
Le plus classique : Alice au Pays des Merveilles, de Leah Moore et Erica Awano
Les auteurs de comics adorent reprendre les contes, que ce soit en les adaptant simplement, ou en les détournant (comme avec Fables). Il y a donc de nombreuses Alice dans l’univers du comics.
Cette fois-ci Soleil a choisi cette version mais nul doute que dans les mois à venir on voit sortir de nombreuses autres adaptations au rayon comics. Cette version est assez jolie, dans un style un peu manga, avec des couleurs passées un peu vintage, mais j’ai été un peu déçue que l’ensemble soit si « classique ».
La dessinatrice est restée assez conventionnelle, et comparé aux deux autres titres, c’est un poil décevant…
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Le plus sombre : Alice au Pays des Merveilles, par Chauvel et Collette
Dès la couverture, on sait que cette adaptation va avoir une qualité indéniable : un dessin magnifique. Xavier Collette, illustrateur, a créé un univers pays-des-merveillesque beaucoup plus sombre que celui de Disney, mais au moins aussi beau. Chaque case est un vrai tableau, les personnages ont une vraie ‘gueule’ (j’ai eu entre autre un énorme coup de cœur pour le Lapin Blanc et le Lièvre de Mars -certaines personnes ici savent déjà à quel point je déteste les lapins, et ces deux spécimens ont de bonnes têtes de psychopathes, pile comme je les imagine en vrai. Les lapins étant les envoyés de Satan sur terre, ceci est une certitude-).
Bref, trêve de tergiversation, je suis rentrée tout de suite dans cette version d’Alice un peu dark, un peu barrée, mais en même temps très respectueuse de l’originale (avec quelques clins d’œil au dessin animé tout de même). Mon seul regret serait peut-être une fatalité du passage au format bande dessinée. Vu que c’est un rythme différent, qui doit éviter le blabla, certaines nuances et quelques détails du livre passent à la trappe. Mais bon c’est vraiment pour être pointilleuse, j’ai passé un excellent moment avec cette Alice-là !
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Mon gros coup de cœur : Alice au Pays des Merveilles, illustré par Amoretti
J’avais déjà adoré Gothic Lolita, le beau livre dont je t’avais parlé ici, avec Amoretti au dessin et Audrey Alwett au scénario), je crevais donc d’impatience de voir de mes yeux comment le talentueux dessinateur allait se réapproprier l’univers de Lewis Caroll.
Tout d’abord, on est ici dans le livre illustré, et non dans la bande dessinée. L’œuvre de Caroll a été entièrement retraduite pour l’occasion, et certains détails sont donc différents, et peuvent troubler (le chat d’Alice se prénomme désormais Dînette, et plusieurs autres subtilités que je te laisserais découvrir). C’est surprenant, un peu déroutant, mais en même temps, sans jamais avoir lu l’original, ni sans avoir aucune prétention en traduction, je trouve cette version délicieusement rétro et délicate. Sans mentir, le choix des mots te plongent tout de suite dans un univers sucré et poudré, qui colle parfaitement à l’histoire. Le merveilleux dessin d’Amoretti (nan mais sérieusement je me damnerais pour un original ou même une affiche d’un de ses dessins, hmmm !) donne un côté très girly et délicat à ce Alice. C’est marrant de voir d’ailleurs comme l’atmosphère qui se dégage des dessins influe sur la manière dont tu lis l’histoire. Ici tout est poudré, féminin, et doux comme des dragées. En même temps, le livre ne tombe jamais dans la niaiserie, car le dessin d’Amoretti a aussi ce petit côté un peu barré qui colle parfaitement à l’univers limite décadent d’Alice. Et puis le livre en lui même est vraiment un superbe objet ! Le grand format fait honneur aux dessins, le papier est juste ultra classe et l’ouvrage regorge de petits détails qui le rendent infiniment précieux.
En conclusion, ce livre est une délicieuse façon de découvrir ou de redécouvrir ce livre culte, qu’on ne connait parfois qu’à travers nos souvenirs de petite fille, et qui mérite une relecture avec un regard de grande…
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Le pas encore sorti : Au Pays des Merveilles de Tony Kovacs et Sonny Liew
Bon celui-ci je ne vais pas pouvoir beaucoup t’en parler, puisqu’il n’est pas sorti, mais je te laisse un lien pour apprécier quelques pages. J’avais déjà adoré le trait si particulier de Sonny Liew sur Malinky Robot, et j’ai hâte d’ouvrir au Pays des Merveilles.
Ce sera non pas une autre adaptation, mais une suite, dans laquelle Mary-Ann (l’employée de maison du lapin blanc, qu’il confond avec Alice dans le livre) revient au Pays des Merveilles, après le passage de la jolie blonde…
As-tu une adaptation favorite parmi cette petite sélection ou d’autres encore ? Quand tu étais petite, tu kiffais Alice ? Et maintenant ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Il est trop bien !
La reine rouge à la grosse tête, 'Qu'on leur coupe la têêêêêêêête !!!!!!!!!!'
Hihi !
Oh et puis Johnny Depp <3
Il jouait trop bien
Il doit être bien en BD