Quand je ne suis pas occupée à passer mes doigts dans les cheveux de Noomi Rapace ou à tenter de fusionner avec Christoph Waltz, il m’arrive de fricoter avec des gens de (presque) mon âge. Ok, « fricoter » est peut-être un bien grand mot pour définir une relation unilatérale entre moi et un écran. Mais laisse-moi rêver.
L’amour platonique, c’est mon truc depuis que je suis tombée amoureuse de Kevin des Kangoo alors que j’avais encore l’âge de mettre mon pied derrière la tête. Alors bon, ça me va. J’ai l’habitude, quoi.
Dans ma quête de ma moitié idéale, j’ai tâtonné, je suis tombée dans le panneau d’Ethan Craft en même temps que Lizzie McGuire, j’ai désespéré, m’imaginant que je ne trouverais jamais un crush télévisuel digne de mon amour pour la coupe mi-longue et les traits assez étranges pour capter mon attention. Je pensais être dans l’impasse la plus froide et triste de ma morne de vie de spectatrice de série toujours en retard.
Je voulais abandonner.
Et puis un jour, j’ai fini par me convaincre que regarder Girls serait peut-être une brillante idée. Ado, j’ai été submergée de séries à base de pyjama party et de premier flux menstruel sur FilleTV. J’adorais ça, mais à force, j’ai fini par saturer. Après avoir décidé de m’entourer uniquement de tueurs en série pendant mes longues soirées d’hiver, je jugeai soudainement qu’Hannah Horvath et sa bande de potes pourraient m’apporter quelque réconfort.
Je me suis donc laissée happer par les aventures de ces jeunes gens en quête d’identité et d’une vie cool. Et puis il est arrivé, tel un éléphant dans le magasin de porcelaine qu’est mon petit palpitant. À la manière d’un archer avec de bonnes conaissances en anatomie, il a planté sa grande flèche dans mon intérieur. Pour ne jamais, au grand jamais, s’en déloger.
Il m’a fallu un peu de temps pour voir la vérité en face, me mettre en phase avec mon corps et mon âme et me rendre compte de l’évidence : Adam allait se faire une place de choix aux côtés de mes fantasmes les plus fous. Et ce jusqu’à la nuit des temps.
Pourtant, certains disent que c’était mal barré
À l’heure où je suis en train d’écrire ces lignes, l’entière totalité de la rédac (sauf Mymy) me regarde comme si on venait de me scalper le crâne : avec une forme de dégoût atroce. J’en déduis donc qu’Adam Driver n’est pas en passe de faire l’unanimité du côté de la gent féminine.
Bien que je trouve ça profondément triste, je ne m’en plains pas : qu’importe si mes collègues me prennent pour une allumée du cervelet ! Je ne cèderai pas à ces Benedict Cumberbatch et Bradley Cooper bien trop mainstream, je le jure sur mon honneur et celui de mes ancêtres.
Je concède qu’Adam Sackler n’est pas présenté comme l’homme le plus sain du monde dans Girls. Il est, sur la base d’environ une saison, le plan cul régulier d’Hannah. Ce n’est pas le genre de garçon dont il suffit de chatouiller le slip pour voir pousser son aubergine. Il lui faut un contexte, souvent très étrange, pour arriver à donner de sa personne. C’est le genre de mec qui invente des scénarios et qui pourrait te demander de l’appeler « Papy » ou « Monsieur le technicien de surface ». Celui qui te sommerait de faire trois tours sur toi-même avant d’enlever ta culotte et de le regarder s’accoupler avec une peluche du zèbre de Madagascar en faisant mine d’apprécier.
« J’aimerais bien que vous m’attachiez au lit avec des menottes jusqu’à ce que je me dessèche et que je trépasse. Mais ce n’est qu’un exemple des super trucs que j’ai envie de subir faire ce soir, hein. »
Adam peut paraître un peu dérangé. Pourtant, je pense qu’avoir une sexualité débridée est LA solution anti-problèmes de couples. Cachez-moi ce dîner aux chandelles que je ne saurais voir, passez directement à la chevauchée du désert, ça vaut mieux !
Enfin j’oblige personne, hein.
En plus, si tu en crois la suite de la série, tout pousse à croire qu’Adam n’est pas un pervers dérangé mais bien un homme doux, éructant des bruits étranges aussi rapidement que les répliques les plus adorables de l’histoire de l’humanité.
D’autres ont des problèmes avec son physique. Adam Driver n’est pas l’homme au petit minois gentillet qui pourrait tenir le premier rôle dans l’adaptation de 50 Shades of Grey. Il n’est pas un énième acteur aux traits fins et à la moue charmeuse. Adam a ce qu’on pourrait appeler communément une gueule. Soit tu adhères, soit tu détestes. Pourtant, avec ses grandes oreilles, son bouc à la pousse aléatoire et son nez pas tout à fait symétrique, il a su faire fondre ma culotte comme du beurre au micro-ondes.
En général, j’aime les garçons hyper maigres, voire quasi-squelettiques : c’est mon petit côté glauque. Je n’éprouve aucune attirance envers les hommes musclés, même juste un peu. Les tablettes de chocolat me repoussent autant que l’odeur des tripes et les gros bras me donnent envie de pleurer. Pourtant, Adam Driver n’a rien du gringalet qui se cache derrière les lampadaires.
Dans Girls, il passe la majeure partie de son temps à se balader torse nu. J’ai ainsi pu remarquer qu’il est totalement dénué de poils sur le torse — ce qui tient du miracle si on prend en compte la couleur de ses cheveux. J’ai aussi dû digérer le fait qu’il était baraqué comme un camion de déménagement. J’ai appris à m’y faire, et je rêve secrètement de masser ses larges épaules pendant de longues heures sous la pleine lune.
À partir de cette nuit jusqu’à… disons toujours.
Quand soudain, la magie opéra
Dans son personnage d’Adam Sackler comme dans la vraie vie, le grand brun à la voix qui réveillerait les morts me fait toujours errer à la limite de la combustion spontanée. Imagine ma surprise quand je me baladais, histoire d’acheter une pâte brisée chez Carrefour Market, et que je suis tombée sur sa face en gros plan dans une vitrine.
En effet, l’homme sans t-shirt a posé pour une campagne GAP, que ma ville a gracieusement décidé d’afficher partout, histoire de me donner l’air d’une folle qui marche en zigzag.
De la sublimation du conduit auditif.
Il semblerait donc que je ne sois pas la seule à qui l’acteur californien de trente ans ait tapé dans la rétine. La preuve est là.
Mieux : l’acteur à la voix de stentor était obligé de passer par la case « ménestrel » pour finir de m’achever. C’est chose faite avec sa prestation dans Inside Llewyn Davis, un film de 2013 sur la vie d’un chanteur de folk des années 60. Aux côtés de Justin Timberlake et d’Oscar Isaac, il joue une fois de plus le rôle du weirdo un peu à côté de la plaque. Personnellement ça me va.
Et pour continuer dans la prestation vocale, je te propose de (re)découvrir cette mythique scène de Girls, profondément ancrée dans la tradition de la tragicomédie. Impossible de s’en lasser.
Vers l’infini et au-delà…
…mais pas trop loin, car Adam Driver est marié depuis l’année dernière à sa copine de longue date avec lequel il vit heureux et aura beaucoup d’enfants.
Du coup je prévois de m’immoler par la foudre. La couillonne sous l’arbre pendant l’orage, ce sera moi.
Salut.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires