Eloïse et Amélie Nothomb, c’était un peu « je t’aime moi non plus ». Jusqu’à ce qu’elle « tombe » un peu par hasard sur Acide Sulfurique, publié par la romancière en 2005. Récit d’une lecture surprise.
Plus jeune, j’ai lu Amélie Nothomb avec émerveillement. J’attendais la parution de chacune de ses créations avec une impatience folle. Depuis Hygiène de l’assassin (son premier roman) en passant par Mercure, ou Le Sabotage amoureux (que je vous conseille, au passage), je me suis régalée. Et puis, soudainement, un peu comme pour Marc Levy Ou Guillaume Musso, elle a perdu une bonne partie de son crédit. Lire du Nothomb est devenu presque honteux.
Et comme pour Levy, Musso et tant d’autres, si j’ai continué à lire du Nothomb, c’était en la critiquant. Souvent à raison, et très probablement tout aussi souvent à tort. Alors, oui, certains de ses romans n’ont très certainement été écrits que pour épuiser un filon rémunérateur. Oui, certains de ses romans ne valent pas l’heure et demie passée à les lire et encore moins les 18 euros déboursés à l’achat. Mais voilà, en flânant d’une librairie à une autre, mon œil a été attiré par « Acide Sulfurique », paru en 2005, la quatrième de couverture ayant attisé la curieuse que je suis, je me suis laissée tenter. Celle-ci annonçait, sobrement : « Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle ». Délestée de quelques euros, persuadée de passer sinon un grand moment de littérature, au moins un bon moment de distraction, j’y ai plongé le regard. Pour ne m’en relever que deux heures plus tard. Amélie a gagné, son acide sulfurique a pris, je me suis éclatée.
Prenez le principe de la télé-réalité. Prenez une société qui part à veau de l’eau, des voyeurs ordinaires, le monde d’aujourd’hui ou à peine pire.
Fermez les yeux, et imaginez la dérive. Nous n’en sommes encore qu’à des émissions du type « trompe-moi si tu peux » et l’on se figure déjà toucher le fond… Moi, je dis : attendez encore un peu, le fond n’est pas si proche.
Rappelez-vous vos leçons d’histoire, souvenez vous des camps de concentration.
Imaginez, ici, des gens sélectionnés au hasard et parqués comme des bêtes afin d’être transportés jusqu’au camp de la mort et d’autres payés pour être bourreaux. Imaginez le tout se déroulant sous l’œil cruel d’un Big Brother des temps modernes. Nous voilà donc prêts à embarquer pour une énième satire sociétale (et si l’on en reste là, il est clair que Stephen King et son « Marche ou crève » ou encore son « Running Man » a fait mieux, et de loin !), sauf que…
Une chose ici vaut la peine qu’on s’y arrête. Le sacré. L’opposition farouche du beau et du laid, du pur et du sale, si chère à l’auteur. L’alliance inévitable du magnifique et des tréfonds de l’âme humaine.
Je conseillerais ce roman, peut-être pas novateur, mais prenant, aux amoureux du sacré, juste pour le plaisir des mots qu’elle pose sur ce que l’on croyait innommable.
(note de Fab : big up à _lilou_ pour sa première revue :))
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Les Commentaires
Tiens, ça m'étonne de lire ça. Je trouve juste son vocabulaire assez... simple. C'est même quelque chose qui m'embête un peu.
Ce qui m'agace souvent sont ses choix de prénoms qu'elle emprunte je ne sais trop où.