Placé en garde à vue lundi 14 juin, le rappeur Moha la Squale a été mis en examen pour « violences et agression sexuelle par conjoint, menaces de mort et séquestration ».
Petit rappel des faits : tout est parti de la story de Romy, une jeune femme de vingt ans qui a porté les premières accusations contre Moha la Squale, alors en pleine ascension et devenu incontournable au-delà même de la scène rap française. Dans cette story, elle affirmait ne pas être la seule à avoir subi des violences de sa part.
Aussitôt son témoignage publié, elle avait alors reçu plusieurs dizaines de messages d’autres femmes relatant avoir été elles aussi victimes du rappeur. Une enquête avait rapidement été ouverte suite à plusieurs plaintes. Au total, cinq plaignantes accusent Moha la Squale ; trois sont ses ex-compagnes.
La réaction de Moha la Squale
« Oh la menteusEe elle est amoureusEee… » Voilà la réaction du principal intéressé sur Instagram après les prises de parole publiques de plusieurs femmes à l’automne dernier. Jusqu’à récemment, le rappeur était resté plutôt discret tandis que la sortie de son album initialement prévu en 2020 a été repoussée.
Alors que Roméo Elvis avait joué la carte du mea culpa et de la repentance (l’accusation d’agression sexuelle dont il a fait l’objet avait été rendue publique au même moment), Moha la Squale a préféré jouer la carte de la fanfaronnade. On a vu défense mieux ficelée que celle-ci. Moha la Squale est défendu par Elisa Arfi qui, dans une interview au JDD
, a évoqué une relation « explosive » entre l’accusé et une des plaignantes.
Toujours selon l’avocate, le rappeur conteste les faits et « a la ferme intention de se défendre ». Fin avril sur Twitter, il dénonçait des accusations mensongères destinées à lui porter préjudice et désignait l’une des plaignantes comme une « sociopathe et psychologiquement hystérique » :
Les plaignantes ont, elles, des récits concordants, selon leur avocat, qui a évoqué auprès du Monde une parole « fiable » et « constante ». Elles évoquent un homme violent, sur le plan physique comme psychologique, dangereux, instable, qui s’emporte facilement dans des crises.
Des violences dans le rap, mais comme dans tous les milieux artistiques
En réactions aux accusations contre Moha la Squale et Roméo Elvis, un mouvement s’était créé autour du hashtag #BalanceTonRappeur pour dénoncer. Dans une enquête de Mediapart, la journaliste Dolores Bakela avait souligné l’importance de ne pas désigner à travers ces affaires le rap comme seul milieu artistique et musical où aurait lieu ce type de violences :
« Accréditer ce mot-dièse, porté sur le rap, c’est oublier que l’ensemble des acteurs de l’industrie musicale est concerné. »
À lire aussi : Pourquoi réclame-t-on toujours des comptes aux femmes proches d’agresseurs ?
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
Les Commentaires
Je ne cherche pas à défendre Roméo Elvis, ce qu'il a fait est inadmissible.
Mais là, on parle de violences à répétition, de séquestration, menaces de mort...
En fait je crois que ce qui me gêne c'est de mettre toute forme de violence dans un même panier, car on a bien plus de mal à saisir les différentes formes de ce même grand problème que sont les violences faites aux femmes ?
(Je ne sais pas si c'est tout à fait clair ce que je raconte, sorry...)
J'aimais beaucoup sa musique, et j'avais beaucoup de compassion au début pour ce jeune mec qui avait l'air un peu brûlé par la vie mais qui trouvait le moyen de s'en sortir. Je suis déçue qu'il ne se fasse pas aider, qu'il ne déconstruise pas ses propres schémas, et surtout qu'il ne reconnaisse pas ce qu'il a fait subir à ces femmes.