Gérard Depardieu est sorti de son mutisme. Inculpé depuis 2020 pour des soupçons de viols et d’agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould, l’acteur s’est exprimé dans une lettre ouverte publiée sur le site du Figaro ce dimanche 1er octobre.
« Jamais au grand jamais je n’ai abusé d’une femme »
Dans cette lettre se voulant poétique, Depardieu se déclare innocent et affirme catégoriquement :
« Je veux enfin vous dire ma vérité. Jamais au grand jamais je n’ai abusé d’une femme. Faire du mal à une femme, ce serait comme donner des coups de pied dans le ventre de ma propre mère. »
L’acteur de 74 ans décrit le déroulement des événements selon sa perspective, mentionnant une première visite de la plaignante à son domicile, insistant sur le consentement présumé lors de cette rencontre en août 2018. Il y fait allusion à Charlotte Arnould sans la nommer directement :
« Une femme est venue chez moi une première fois, le pas léger, montant de son plein gré dans ma chambre. Elle dit aujourd’hui y avoir été violée. Elle y est revenue une seconde fois. Il n’y a jamais eu entre nous ni contrainte, ni violence, ni protestation. »
Ami proche de la famille Arnould, Depardieu avait proposé une rencontre professionnelle dans son hôtel particulier à Charlotte Arnould. Âgée de 22 ans, elle aspirait à devenir actrice. Dans son témoignage à la police judiciaire, cette dernière a détaillé des attouchements et des questions intrusives sur sa vie sexuelle.
Un récit qui contraste avec celui de Depardieu. Interrogé par la police judiciaire, l’acteur reconnaît les attouchements mais insiste sur le consentement présumé de Charlotte Arnould. Comme le rapportait Le Parisien en mars 2022, Depardieu déclarait :
« J’ai senti dans son regard et son comportement une curiosité et une entente qui m’ont poussé à aller plus loin. Il va de soi que si j’avais senti la moindre résistance ou opposition, elle n’aurait pas eu besoin de dire un mot, j’aurais arrêté immédiatement. »
Un mode opératoire précis
Dans son récit aux enquêteurs, Charlotte Arnould a raconté s’être rendue au domicile de Depardieu une seconde fois quelques jours plus tard, pour « lui dire ma façon de penser et mon dégoût de son comportement ». Elle aurait alors été victime d’un viol digital. Le comédien, de son côté, persiste dans son récit, rejetant les accusations portées contre lui. Depardieu va jusqu’à se réapproprier un vocabulaire féministe, affirmant : « Si elle a été sous emprise, c’était sous sa propre emprise, elle n’a jamais été sous mon emprise. »
Il conclut sa lettre en martelant qu’il n’est « ni un violeur ni un prédateur. » :
« Si, pensant vivre intensément le présent, j’ai blessé, choqué qui que ce soit, je n’ai jamais pensé à faire de mal et je vous prie de m’excuser de m’être comporté comme un enfant qui veut amuser la galerie. »
Gérard Depardieu a été mis en examen le 16 décembre 2020 pour « viols » et « agressions sexuelles » suite à la plainte de Charlotte Arnould. En avril 2023, Mediapart a révélé le récit de 13 femmes accusant l’acteur de violences sexuelles.
Leurs témoignages évoquent le même mode opératoire, qui est aussi celui décrit par Charlotte Arnould. Le média rapporte que Depardieu « instaurerait d’abord une ambiance sexualisée et malaisante, en tenant de manière permanente des propos sexuels crus, en posant des questions intimes ou sexuelles aux femmes », avant de leur imposer des attouchements.
Les réactions salutaires de militantes féministes (et une une vidéo glaçante)
Heureusement, plusieurs militantes féministes ont rapidement réagi suite à la publication de la tribune de Depardieu. Invitée de LCI, Andréa Bescond, danseuse, comédienne et réalisatrice du film sur l’inceste Les Chatouilles a observé :
« En France, on réfléchit à l’envers en ce qui concerne les violences sexistes et les violences en général. On pointe d’abord la personne qui accuse et qui révèle les agressions qu’il ou elle a subies. On va d’abord mettre en doute la parole de la personne qui parle. (…) On va toujours protéger les personnes accusées, surtout quand elles sont célèbres.
Là, on parle de Gérard Depardieu, un monument, un monstre du cinéma français. En aucun cas on a envie que cette personne soit trainée dans la boue et en aucun cas elle ne l’est : 14 femmes témoignent, 14 femmes qui ne se connaissent pas. »
La journaliste et réalisatrice féministe Cécile Delarue a également réagi à la lettre de Depardieu sur X, où elle a partagé en partageant une vidéo de l’acteur. Sur ces images édifiantes, on le voit multiplier les attouchements et les tentatives de baisers sur une journaliste, alors que celle-ci ne cesse de le repousser et exprimer son refus. Depardieu « ose même écrire qu’il ne « peux plus consentir » à ce qu’il entend », a fait remarquer Cécile Delarue à propos de cette lettre ouverte.
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