Voilà un an et demi que j’ai revêtu mon habit d’hôtesse. On peut pas vraiment appeler ça un job d’été puisque je bosse en fonction des matches de Ligue 1, soit un week-end tous les quinze jours, de mi-août à mi-mai environ.
Travailler comme hôtesse : le recrutement
Bon ok, je l’avoue : j’ai un peu été pistonnée sur ce coup. Je connaissais une amie qui m’a dit que sa boîte avait récupéré le marché pour assurer l’accueil au stade.
Du coup j’ai sauté sur l’occasion pour envoyer CV, photo et tout le tralala. J’ai attendu quelques mois et, du jour au lendemain, j’étais embauchée.
En fait, la boîte embauche un maximum de personnes parce que tout le monde ne peut pas être dispo à chaque match : du coup, il faut toujours avoir quelqu’un sous la main pour les remplacer.
Au début, je me suis dit que les hôtesses allaient toutes êtres des canons, sachant que la plupart des supporters sont masculins et hétéro, et qu’on va pas se le cacher : on est un peu là pour faire joli.
En fait, on est vraiment toutes différentes, des petites, des grandes girafes comme moi, des minces et des moins minces, et il y a même des petits jeunots, histoire de ravir la gent féminine, bien qu’elle soit rare.
Travailler comme hôtesse : le contrat
En ce qui concerne mon contrat, quand j’ai commencé à bosser, c’était au mois d’avril, donc en plein milieu de la deuxième partie de la saison.
Du coup, j’ai enchaîné les contrats journaliers. Au final, ça n’avait pas trop d’inconvénients vu que j’étais quand même rappelée à chaque match, et que je percevais à chaque fois mes indemnités de fin de contrat.
Mon contrat a ensuite été reconduit, comme tous les « anciens ». J’ai donc maintenant un contrat saisonnier, du début de la saison à la trêve hivernale, et j’en signe un deuxième à la reprise du championnat.
Bien sûr, je suis payée au SMIC avec parfois des heures de nuit et des heures supplémentaires qui font vite monter l’addition (sans compter l’augmentation de 3 centimes du SMIC, haha), auxquels s’ajoutent les congés payés et les indemnités de fin de contrat.
Quand je reçois mon chèque à la fin de mon contrat
Travailler comme hôtesse : le costume la tenue
C’est le gros point négatif de ce boulot, enfin surtout dans ma boîte.
Je m’attendais pas à de la haute couture, mais j’espérais quand même une tenue simple et élégante. Que nenni ! On m’avait prévenue que les robes étaient spéciales mais je m’attendais pas à ça…
Déjà, vu que je suis arrivée au milieu de la saison, j’ai eu le droit à la dernière robe qui restait, soit une taille 4. Habituellement, je fais du 36 donc l’effet sac à patate était au rendez-vous. Pour ce qui est de la forme, c’est un rectangle de tissu géant, sans manches.
La veste est plus originale, avec des volants et des épaulettes bien rembourrées, qui font une carrure de camionneur. Quant à la couleur, il faut savoir que le club de ma ville arbore les couleurs d’Halloween, donc robe et veste noires, avec doublure orange…
Finalement (au bout d’un an), j’ai réussi à avoir une tenue « à ma taille », sauf qu’en fait c’est juste la longueur qui change.
À part la tenue qui nous est fournie, on doit mettre des chaussures noires à talons et des collants si on veut. Pour les cheveux et le maquillage c’est libre — enfin, en théorie…
En pratique, entre celles qui mettent des ceintures, qui ont des collants noirs, des collants chairs, des chaussures compensées, voire des bottes fourrées à pompons l’hiver (oui oui), aucune fille n’est habillée pareil. Heureusement, comme il fait souvent froid, on met notre parka et hop, on est plus ou moins homogènes.
Travailler (un peu) comme hôtesse : les escaliers
Il faut savoir qu’il y a plusieurs postes pour les hôtesses, avec une vacation allant de 2h30 à 6h.
Mon tout premier poste était aux escaliers. Alors là, mystère : est-ce qu’on aide les papys et mamies à monter ? Est-ce qu’on doit s’assoir dans les marches et regarder les gens passer ?
Eh bien, c’est presque ça : on doit seulement dire bonjour, sourire, éventuellement orienter les gens perdus… Mais vu que la majorité des supporters sont des abonnés, ils savent très bien où est leur place, et puis il y a des plans partout et le numéro des accès juste au dessus de ma tête.
J’attends donc le flux de gens pendant 1h30 avant le début du match.
Quand le match commence, vu qu’il n’y a personne, on a le droit d’aller un peu en tribune pour voir la première mi-temps ou d’aller discuter avec une collègue, voire les deux en même temps.
C’est le grand point positif : on est payées à regarder le match et à discuter, ya pire !
Une fois qu’on a fini on peut même rester dans le stade et donc regarder le reste du match. Les points négatifs : qui dit escaliers dit courants d’air, et on ne bosse que 2h30 donc ça ne fait pas beaucoup de sous.
Travailler comme hôtesse (et attendre beaucoup) : la billeterie
Mon deuxième poste (attention ascension sociale) : être en billetterie.
Ça consiste à scanner billets et cartes d’abonnements — rien de compliqué en soi. On est souvent dans le rush parce que tous les supporters se pointent 15 minutes avant le match donc on doit se dépêcher.
Le point positif : on n’a pas le temps de s’ennuyer et on peut aller regarder le match après. Le point négatif : on est dehors pendant 2h30, bravant vents et averses, très fréquentes par chez moi.
En plus, on voit plus rien avec la pluie et les billets mouillés et quand c’est trop ensoleillé on voit plus l’écran… Bref, c’est un peu la galère.
Travailler comme hôtesse : les loges, le poste parfait
Mon dernier poste est celui que je préfère : j’ai nommé les loges.
Là, on doit encore vérifier les billets, et mettre des bracelets pour que les gens puissent rentrer et sortir sans avoir à faire vérifier leur billet pour la énième fois.
J’ai souvent eu le droit à des réflexions marrantes des gens du genre : « Vous me baguez ? », « Serrez pas trop fort hein ! », « On se croirait au Club Med »…
Moi quand on me fait la même réflexion pour la dixième fois
Les points positifs : on peut mettre des bracelets à des peoples… Bon ok, si vous considérez que Raymond Domenech, le maire et Jean-Yves Le Drian sont des peoples.
On peut aussi manger, boire, regarder la télé. Normalement, on a pas le droit mais je suis déjà allée dans une loge où les supporters ne peuvent pas rester pendant le match ; les buffets sont donc à disposition et la télécommande aussi, je vous laisser imaginer la suite !
Quand on est toutes seules dans la loge
Les gens sont plus cool, aussi. Déjà, ils vont aller se la coller au champagne dans les loges, profiter d’un buffet campagnard et regarder le match au chaud, soit le rêve pour la plupart.
Je pensais que les gens allaient être plus snobs (un abonnement dans les loges, c’est souvent à 4 chiffres…), mais en fait
ils sont plus détendus du slip, moins pressés et moins aigris que ceux qui vont en tribune. Tu m’étonnes !
Il y a deux-trois autres avantages : on voit les footballeurs à la fin du match, on fait souvent des heures après 21h, donc on est payées au tarif de nuit, et on change ENFIN de tenue.
Les points négatifs, maintenant ! On est que deux à mettre en moyenne 250 bracelets — et qui dit 250 bracelets dit 250 « Bonjour, je vais vous mettre un bracelet, merci, bon match, au revoir, bonne soirée ». On bosse entre 4h30 et 6h en fonction de la loge, donc c’est assez long, surtout quand on est à l’entrée comme moi, l’hiver, sans chauffage dans le couloir. Heureusement, vous avez toujours un agent de sécurité qui fera la conversation avec vous.
En conclusion : c’est un boulot bien sympa, on rencontre beaucoup de monde, ça demande pas beaucoup de disponibilité (si on ne peut pas être là à un match pas de soucis, on est sûr·e de voir son contrat renouvelé), et même si c’est pas cher payé, ça fait toujours de l’argent de poche pour un·e étudiant·e.
Et toi, tu fais quoi comme petit boulot le weekend ?
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Les Commentaires
Je pensais que pour les stades il s'agissait d'agents de sécurité chargés du contrôle d'accès et non pas d’hôtesses d’accueil.