Des néons agressifs, un grand parking et un bruit de pluie métallique dès qu’on passe la porte : pas de doute, vous êtes bien dans un pachinko, un des loisirs favoris des Japonais. Dans une atmosphère enfumée et sous un vacarme épouvantable, les salariés comme les désœuvrés s’abrutissent sur des jeux de hasard, dans l’espoir de toucher le jackpot. L’endroit idéal pour tester la puissance du Doliprane !
Pachinko, kézako ?
Le pachinko, en gros, c’est un flipper. Un panneau vertical sur lequel sont projetés des billes de métal, avec de petits obstacles pour dévier leurs trajectoires. L’objectif : les faire entrer dans des emplacements précis, qui font gagner des billes supplémentaire. D’où le bruit métallique facilement reconnaissable.
Au pachinko, officiellement, on ne gagne pas d’argent, mais des petits cadeaux. On accumule les billes en métal et si on arrive à ne pas tout rejouer, on les échange contre des lots : en-cas, peluches, cigarettes, selon sa chance ou son obstination. Les habitués savent où aller pour échanger ces bricoles contre des yens, souvent dans des boutiques liées à la mafia japonaise. Un système qui contourne la loi, car les jeux d’argent sont interdits au Japon.
Il semble y avoir toujours foule au pachinko : à l’ouverture, les joueurs compulsifs se précipitent pour choisir leur machine ; en journée, les retraités viennent parier une partie de leur pension ; les salarymen arrivent dès la fin de l’après-midi. La clientèle est majoritairement masculine, mais certaines salles se sont adaptées pour plaire aux femmes : plus chic, on y gagne des produits de maquillage.
La fréquentation de ces salles est une habitude prise très tôt… car l’industrie du jeu sait proposer des divertissements pour tous les âges.
Salles de jeu, de 7 à 77 ans (et avant, et après)
Les acteurs du marché du jeu vidéo et d’autres enseignes proposent des salles de jeux dédiées aux enfants, aux adolescents et aux jeunes adultes. Dans ces game centers
, l’ambiance est au divertissement. On y vient comme on irait au cinéma : un loisir comme un autre.
Les activités proposées sont ciblées en fonction de l’âge et du genre. Corner avec Rilakkuma, l’ours trop mignon (viens dépenser tout ton argent de poche pour essayer d’attraper une micro-peluche avec des pinces qui ne soulèveraient pas une feuille de papier), écrans de télévision avec diffusion de dessins animés : c’est le coin des petits. Tambour et baguettes qui réagissent au rythme que tu leur donnes : pour les moyens, qui s’éclatent !
Quant aux ados, ils ont une grande offre à leur portée : courses de chevaux derrière un tableau de bord hyper complet, jeu de rôle, bornes d’arcade, jeux de hasard pour faire doucement la transition… Certains jeux permettent de sauvegarder sa partie sur une carte spéciale. L’assurance de garder la motivation des joueurs !
Côté filles, les petits groupes fréquentent assidûment les cabines de Photomaton, appelés purikura. On prend la pose, on choisit le décor, et ça s’imprime avec des strass… Trop kawaii. La qualité est meilleure qu’à la cabine à l’entrée d’Auchan : pas de teint blanc, pas de pixels. Tellement beau que les filles les gardent dans des carnets… en même temps, qui n’a pas trimbalé dans son agenda de collégienne une photo prise à cinq dans une cabine surexposée ?
Comme dans les pachinkos, les machines sont équipés d’écrans. Il y défile de la publicité, des animations ; certains diffusent carrément des chaînes de télévision. Par contre, pas d’échanges possibles : on vient pour jouer, pas pour gagner. Les vrais pachinkos, eux, sont interdits aux mineurs.
Casino ou pachinko ?
Les caissettes de billes remportées par les joueurs de pachinko.
Au Japon, on peut légalement parier de l’argent sur les courses automobiles, équestres, les courses de motos et celles de hors-bord. Et c’est tout. Pourtant, le Japon est une nation de joueurs : le quidam moyen dépensait en moyenne, annuellement, jusqu’à 2 salaires mensuels au pachinko à la fin des années 90. Un engouement continu puisque de nos jours, l’industrie du jeu a le même poids que celle de l’automobile ! Une santé qui donne des idées aux grands groupe de casino, qui se verraient bien investir le marché japonais. Il faudrait pour cela que les jeux d’agent soient autorisés…
Le gouvernement y songe sérieusement, car l’État ne touche quasiment rien sur l’énorme trafic actuel, dont les sommes terminent assez souvent dans les caisses de la pègre, tandis que les gains d’argent sont taxés. Une décision qui déstabiliserait les pachinkos… à moins que l’autorisation soit limitée et ne concerne que les touristes. Les Japonais seraient protégés de l’addiction au jeu et du surendettement (mais pas des pachinkos) et les étrangers, notamment les Chinois, pourraient contribuer au PIB. Sans compter les retombées pour le secteur du tourisme. Un débat encore en cours.
En attendant l’ouverture hypothétique de casinos sur le sol de l’archipel, les accros ou les curieux s’en vont faire du tourisme ciblé à Singapour ou en Corée du Sud, qui rassemblent déjà une grande clientèle chinoise. Et moi, je m’étonne des parkings de pachinko aux noms rigolos (Messe est mon préféré), toujours pleins.
Et toi, la culture du jeu, argent ou pas, c’est quelque chose qui te parle ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Mais les pachinko, c'est l'enfer des tympans. J'ai jamais compris comment ils tenaient le coup rien qu'au niveau de la nuisance sonore.
Je passe devant un pachinko tous les jours, et chaque fois, la meme question....
Sinon, je me dis aussi que s'il arrive une zombie apocalypse ici, on ouvre les portes de ces salles et on est tranquille, ils vont tous aller jouer !.... ^^