— Article initialement publié le 27 septembre 2015
L’été dernier, ma petite cousine Justine désespérait de trouver une activité susceptible d’intéresser son correspondant américain, George. Celui-ci, terrassé par la canicule, engloutissait des litres de Dr Pepper devant Les Reines du shopping depuis déjà deux jours. La situation semblait sans issue. Que faire pour dynamiser ce teenager jetlagué ?
Après réunion du conseil de famille, la réponse est tombée :
« Demain nous irons à l’accrobranche. »
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Let’s go to the accrobranche
Le réveil a sonné tôt, très tôt, et nous avons glissé nos corps en loques dans nos tenues de combat. Un café et une tartine à demi-confiturée plus tard, nous nous hissions dans la Kangoo pour un long voyage sur la route nationale. Finalement, au détour d’un abribus, il apparut devant nous : le royaume de l’accrobranche.
D’un œil alerte, j’ai scruté les environs. Des arbres, des arbres, des arbres. Partout des arbres, toujours des arbres, encore des arbres. Et puis des câbles et des poulies.
Nous avons garé la Kangoo, fait quelques génuflexions, et nous avons prix nos tickets. Nous étions désormais libres de nous pulvériser contre n’importe quel tronc. Oh happy day.
Nous sommes passé•e•s par la case « enfilage du baudrier », ce moment où le jeune Tarzan préposé aux baudriers te fait entrer dans une sorte de harnais déjà plein de boue et d’épines — bon, j’exagère peut-être un tout petit peu — et serre d’une manière totalement indécente la ceinture autour de ta taille. Ensuite, direction l’enfilage des gants, un autre moment magique où je me suis rendue compte qu’il n’y avait qu’une taille unique et que mes mains de sylphide étaient irrémédiablement trop minuscules.
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P’tite préparation
Après une petite initiation sur mini-terrain réalisée par un second énergumène que nous nommerons Tarzan II, nous avons eu le droit de nous lancer sur la voie merveilleuse du branchage pour vivre nos vies d’apprentis lémuriens.
Comme nous sommes des gens responsables et consciencieux (mais oui…), nous avions préalablement pris soin de bien lire la notice explicative du royaume de l’accrobranche. Il y avait des parcours pour tous les goûts et tous les âges. Les visiteurs les plus petits — qui ne dépassaient pas le mètre cinquante indiqué sur la toise posée à l’entrée — devaient se cantonner aux parcours les plus simples et les moins hauts. Les plus grands (nous, bien sûr !) avaient droit au passeport émotion en se lançant sur les pistes les plus complexes. Youpi !
Nous avons tout d’abord débuté les festivités sur un parcours de niveau « intermédiaire », histoire de nous échauffer un peu et de gagner en souplesse. Puis, courageux et téméraires, nous nous sommes vaillamment lancés sur le parcours le plus complexe. La piste noire de l’accrobranche en somme, celle qui n’est pas ouverte aux victimes du vertige et pour laquelle il vaut mieux être dans une forme Olympique… Nos mousquetons cliquetaient d’impatience, alors nous sommes parti•e•s.
Et la magie opéra. Telle la Fée Feuillage, je me sentis des ailes et m’élançai légèrement d’arbre en arbre, avec la souplesse du cobra et la grâce du papillon. Ma petite cousine, quant à elle, virevoltait gaiement et avalait des kilomètres de tyrolienne, l’air béat et les cheveux en bataille.
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Le parcours de la mort qui tue
Mais ne croyez pas que tout fut si facile. Nous sommes passé•e•s par bien des obstacles. Même à Fort Boyard, ils n’ont pas osé. Pour se mettre en jambes, nous avons dû marcher sur toute une série de rondins de bois suspendus dans le sens de la hauteur. De sorte que nous n’avions qu’une petite plateforme de quinze centimètres de diamètre pour déposer nos grands pieds… Un câble horizontal placé à hauteur de nos épaules était censé nous aider à nous tenir, mais bien sûr, il n’était pas totalement tendu.
Puis nous avons rampé – comme des GI — dans des tubes en plastique qui se balançaient joyeusement dans les airs. Les tubes étaient espacés les uns des autres par un vide d’une largeur de soixante centimètres environ qu’il s’agissait de traverser avec grâce et élégance. Si nous échouions, c’était la chute.
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Nous fîmes bientôt une halte sur une minuscule plateforme en planches qui menaçait de s’effondrer au moindre craquement d’orteil. Mon baudrier s’étant desserré dans la bataille, je décidai de prendre les choses en main. Au cours de l’initiation, Tarzan II avait été clair : « Moi et moi seul ait le pouvoir de serrer et de desserrer ton baudrier, tu m’entends ? » Oui, je t’ai entendu ! Agitant les bras, je hélai ledit Tarzan II qui passait justement par là. Quelques secondes plus tard, à peine essoufflé et tous muscles dehors, il apparut derrière le tronc. Il serra ma ceinture d’un coup de biceps à faire pâlir Hulk, puis redescendit allègrement le long du platane.
Et puis, au détour d’un tronc, nous nous sommes heurtés à un nouveau challenge : le chariot auto-tracté. Il s’agissait d’un tout petit chariot à roulettes en équilibre sur deux câbles, façon locomotive sur des rails. Afin de parcourir la vingtaine de mètres qui s’offrait à nous, il fallait s’auto-tracter en tirant sur un câble relié à une poulie. Évidemment, il était impossible de s’asseoir sur le chariot, tout l’intérêt étant de parvenir, avec grâce et élégance, à rester en équilibre tout le long du chemin.
Vers la fin, nous avons connu la détresse des mouches prises dans une toile d’araignée, nous débattant tant bien que mal sur un chemin en filet qu’il s’agissait de traverser de droite à gauche… Et finalement nous avons testé une traversée en marchant dans des étriers suspendus aux platanes. Notre Américain y perdit d’ailleurs une basket que je partis plus tard récupérer dans le sous-bois…
Je ne suis que dévotion.
Et puis, comme le dit ma grand-tante, « Toutes les bonnes choses ont une fin », alors nous avons dû rentrer.
Nous nous sommes rassasié•e•s d’un succulent sandwich au peanut butter et nous sommes tou•te•s affalé•e•s dans notre vieille Kangoo. Fourbus, transpirant sur la moquette des sièges, nous avons alors dressé le bilan :
« Ouais, l’accrobranche c’est cool (autant que le Dr Pepper). »
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Les Commentaires
Le seul soucis c'est ma force physique : j'ai le cran de me lancer sur des obstacles compliqués et je peux surmonter ma peur du vide, mais parfois certains obstacles demandent surtout des muscles (dans les bras notamment) et j'en suis totalement dépourvue.
Ça peut donner lieu à des situations épiques, comme la fois où je me suis retrouvée coincée dans un filet de corde et où mon copain a du venir me chercher! Je devait remonter le filet mais j'en étais incapable, mes bras étaient déjà tétanisés par l'effort de me maintenir. Du coup mon copain est venu et m'a porté jusqu'à la plateforme suivante! J'vous dis à côté Tarzan c'est un petit garçon! rama: uppyeyes: