Article initialement publié le 22 juillet 2015.
En 2005, l’État s’était donné dix ans pour garantir l’accessibilité des lieux publics aux personnes à mobilité réduite. Et 2005 + 10, ça fait… Entre 2017 et 2026, finalement. Le Sénat vient de ratifier une ordonnance qui repousse le délai initial. C’est-à-dire qu’au départ, c’est une loi qui avait fixé le délai à 2015 : il fallait donc une loi pour le repousser. Une ordonnance est un texte produit par le pouvoir exécutif (le gouvernement) qui ne peut normalement pas prendre de mesures relevant du domaine de la loi, sauf si le Parlement l’y autorise.
C’est donc le Sénat qui vient d’autoriser le gouvernement à ne pas respecter la loi du 11 février 2005, garantissant l’accès aux lieux publics aux personnes handicapées ou à mobilité réduite.
Tous les bâtiments construits après 2005 respectent normalement les critères d’accessibilité, même si l’on déplore toujours des négligences dans ce domaine, comme le pointe Le Monde :
« L’Association nationale pour l’intégration des personnes handicapées moteurs pointe un paradoxe : les opérations de rénovation urbaine ont détruit 90 000 logements dans de grands immeubles pour les remplacer par de plus petites structures dépourvues d’ascenseurs. L’ANPIHM vient notamment de réclamer au premier ministre d’imposer un ascenseur dès que les bâtiments dépassent trois étages, contre quatre actuellement. »
Mais le bâti neuf est bien le seul domaine dans lequel l’accessibilité est satisfaisante. Pour l’existant, et surtout les réseaux de transport, le constat est accablant : moins de la moitié des lignes de bus sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. À l’école non plus, le résultat n’est pas brillant, et se dégrade quand on monte dans les niveaux (collèges et lycées).
Le Monde dresse un bilan complet de l’accessibilité en France en 2015, et si des progrès notables ont été faits en dix ans, les efforts restent insuffisants.
À lire en intégralité sur Le Monde L’accessibilité des handicapés, un problème toujours pas résolu
Évidemment, mettre aux normes des équipements et infrastructures existantes coûte cher, réclame des investissements conséquents. Mais on ne parle pas de « quelques personnes en fauteuil roulant », on parle de près de dix millions de personnes concernées ! Car même si vous n’êtes pas handicapé moteur à vie, il suffit de se retrouver en béquille ou en fauteuil l’espace de quelques mois (voire seulement de quelques semaines) pour apprécier les problèmes quotidiens qu’entraîne le manque d’aménagements en faveur de l’accessibilité…
Et il n’y a pas que les handicaps moteurs qui nécessitent des ajustements : des indications en braille dans la ville, des interprètes en langue des signes, des signaux auditifs au passage piéton… sont autant de mesures qui facilitent la vie des personnes malvoyantes, non-voyantes, sourdes ou encore muettes.
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