Si vous n’avez jamais mis les pieds dans un magasin Abercrombie & Fitch, voici de quoi poser rapidement le décor. Pour rentrer dans ce temple, il faut faire la queue devant une grille de 12 mètres digne des jardins de Versailles, un peu comme à Disneyland, mais juste pour voir des fringues.
Au programme de l’attraction : des éphèbes torses nus qui vous interpellent à grands coups de « Hey guys, what’s going on ? », des vendeuses en tong plus jolies que les autres, une ambiance de discothèque plongée dans le noir avec de la musique très forte, des fringues qui cocottent le parfum et un décor de luxe qui vous rappelle tous les 2 mètres ô combien ils sont beaux chez Abercrombie. Pas besoin d’une maîtrise en marketing pour réaliser à quel point la marque est sélect.
Hihihi qu’est-ce qu’on est beaux
Mais « Abercrombie » l’assume ouvertement : elle ne se destine pas à n’importe quelle cible. A&F veut des clients beaux, cool, populaires mais surtout des clients fins. Pour s’assurer de la cohérence visuelle de sa clientèle, le groupe a donc décidé de ne plus produire de vêtements au-delà de la taille 38 sauf concernant les lignes hommes qui conservent leurs tailles XL et XXL pour les gros biscotos. Des femmes minces avec une dérogation pour la poitrine (les maillots de bains sont disponibles jusqu’au bonnet D dans le guide des tailles) et des hommes taillés en V… A&F retourne directement au Moyen Âge du cliché où beauté est égal à minceur.
Bizarrement, le 95C ça ne pose pas de problème…
Morale de l’histoire : ne porte pas du Abercrombie & Fitch qui veut. La marque a d’ailleurs atteint un tel degré d’élitisme que les vêtements retournés en magasin par les clients sont brûlés sur-le-champ : pas question que Micheline enfile un polo porté par Jacqueline, ça va pas la tête. Je vous laisse deviner ce que la marque a répondu lorsque des organisations caritatives ont demandé à récupérer ces vêtements inutiles.
Alors que H&M fait un pas en avant avec sa collection de maillots de bain + Size portée par la mannequin Jennie Runk, Abercrombie & Fitch fait dix pas en arrière en revenant à l’éternel cliché de Ken et Barbie. La bonne nouvelle c’est que les clients attendront moins longtemps à l’entrée.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Le moment où il faut se décrire en trois mots est désopilant.
"Solaire" "Branchée" "Cool".... C'est tellement cliché que l'on pense que les candidats déconnent.
(sinon leur politique est à vomir, la qualité est affreuse et les vendeurs se prennent vraiment pour des bombes sexuelles inaccessibles et forcément mieux que vous)