C’est une requête qui provoque une polémique. À Toulouse, des policiers ont demandé aux chefs d’établissements scolaires de leur indiquer le nombre d’élèves absents le jour de l’Aïd al-Fitr, fête religieuse musulmane qui marque la fin du ramadan, qui avait lieu le 21 avril cette année.
Le journal La Dépêche, qui a révélé cette information vendredi 19 mai, signalait : « Le 26 avril, une centaine d’établissements scolaires de Toulouse et sa banlieue ont reçu un mail des renseignements territoriaux demandant le taux d’absentéisme des élèves du 21 avril, soit le jour correspondant à la fête musulmane de l’Aïd-el-Fitr », écrit le journal, qui a relaté le témoignage d’une directrice d’école choquée par cette procédure.
Le ministère de l’Intérieur ne dément pas
Selon le quotidien, les deux policiers à l’origine du mail auraient agi sous les directives du renseignement territorial sans en référer au rectorat. « En aucun cas nous ne menons des enquêtes de la sorte », a déclaré au Parisien Mostafa Fourar, recteur de l’académie de Toulouse. « Dès que les chefs d’établissements et directeurs d’écoles nous ont informés de cette requête, consigne a évidemment été donnée de ne pas y répondre », a-t-il ajouté.
Dimanche 21 mai, Sonia Backès, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté, affiliée au ministère de l’Intérieur, a pris la parole pour tenter de faire taire polémique. Ainsi, elle a confirmé dans un communiqué que cette demande émanait bien du ministère de l’Intérieur.
Elle explique qu’une « évaluation du taux d’absentéisme constaté à l’occasion de la fête de l’Aïd el-Fitr, le 21 avril dernier, a pu être demandée, dans certaines académies, aux chefs d’établissement ». Selon elle, le « ministère de l’Intérieur et des Outre-mer étudie régulièrement l’impact de certaines fêtes religieuses sur le fonctionnement des services publics, et notamment au sein de la sphère scolaire ». Mais elle n’explique pas pourquoi ces procédures existent. Cependant, elle nie le « fichage des élèves en fonction de leur confession ».
Un « ciblage des familles musulmanes »
Dès la parution de l’article de La Dépêche le 19 mai, nombreux sont les syndicats à avoir dénoncé cette procédure. Dans un communiqué, la CGT Educ’action déplore une « stigmatisation scandaleuse et dangereuse ». Marie-Cécile Périllat, secrétaire générale de la FSU31, a dénoncé un « ciblage des familles musulmanes » qui « inquiète fortement ». De son côté, le syndicat SUD Education rappelle que « les élèves sont autorisés à s’absenter le jour de l’Aïd », en publiant une circulaire du ministère de l’Éducation nationale l’attestant.
Des associations sont également montées au créneau. La Ligue des Droits de l’Homme, dénonce une « demande scandaleuse » et affirme que «l’école ne saurait être l’outil du recensement des pratiques et des croyances de ses élèves ». De son côté, SOS Racisme dénonce ce « lien entre la religion musulmane supposée des enfants et problème de sécurité », tout en soulignant le manquement au principe de laïcité et au principe d’égalité. L’association précise : « Fort heureusement, aucune demande de ce type n’a jamais été faite pour d’autres groupes religieux » que celui des musulmans.
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