Mardi 5 novembre, à partir de 16h47, les femmes commenceront à travailler « gratuitement » en France. Nous allons pourtant (et heureusement !) continuer à toucher nos salaires, mais comme nous sommes en moyenne moins payées que les hommes, c’est comme si on passait une partie de l’année à bosser pour du beurre.
Cette idée de calculer chaque année une date et un horaire précis pour mettre en lumière concrètement les inégalités salariales vient du média féministe Les Glorieuses (dont tu connais peut-être la newsletter).
Sache qu’il existe plusieurs manières de mesurer les inégalités salariales entre les femmes et les hommes (et de les expliquer). Les Glorieuses se basent sur la différence de salaire horaire brut moyen entre les femmes et les hommes salariés. Une donnée publiée par Eurostat pour chaque pays européen pour 2017 (l’année la plus récente disponible).
Un salaire horaire inférieur de 15,4% pour les femmes
En France, le salaire horaire brut moyen des femmes est ainsi inférieur de 15,4% à celui des hommes. Rapporté à une année entière, c’est comme si on arrêtait d’être payées pour notre travail à partir de 16h47 ce mardi 5 novembre. (Tu trouveras plus d’explication sur ce calcul – et ses limites – dans cet article du Monde datant de 2016).
L’écart moyen dans l’ensemble des vingt-huit pays membres est un peu plus élevé qu’en France (16%) mais il existe de profondes disparités selon les pays. J’ai ainsi découvert avec étonnement que cette différence en matière de salaire horaire brut n’était que de 6% en Belgique et de 5% au Luxembourg et en Italie. Elle est par contre plus important en Suisse (17%), en Allemagne et au Royaume-Uni (21%).
Cet écart en matière de rémunération peut s’expliquer par certains facteurs : les femmes sont notamment sous-représentées dans les postes à responsabilité -tu sais, le fameux plafond de verre – et elles sont surreprésentées dans certains secteurs d’activité peu rémunérateurs.
Reste qu’une fois évacués tous ces facteurs, il reste tout de même environ 10% d’écart « inexpliqué », un pourcentage de discrimination pure et simple en défaveur des femmes. (Source : observatoire des inégalités).
Comment agir en faveur de l’égalité salariale ?
Et ça me met sacrément en rogne. Pour autant, cela me semble compliqué de me mettre en grève pour le reste de l’année (parce que j’ai besoin de mon salaire). Tu es peut-être dans la même situation que moi, et tu te demandes comment tu peux soutenir concrètement la campagne #5Novembre16h47 et agir en faveur de l’égalité salariale ?
Alors, déjà, sache que les prud’hommes de Nantes ont condamné un employeur à verser 161.000 euros à une
femme victime de discrimination salariale. Si jamais ça peut te motiver à demander une augmentation, ou à monter un recours en justice avec tes collègues (sache quand même que la salariée a attendu d’être à la retraite pour attaquer son ex-employeur qui a depuis fait appel).
En attendant, tu peux aussi suivre les très bons conseils données par Les Glorieuses :
Tu peux déjà signer la pétition en faveur de l’égalité salariale portée par Les Glorieuses, avec trois demandes principales au gouvernement : 1) un congé paternité équivalent au congé maternité 2) ordonner la transparence des salaires au sein des entreprises 3 ) créer un certificat d’égalité obligatoire pour les entreprises sur le modèle de l’Islande.
Ensuite, n’hésite pas à la faire tourner autour de toi et à parler de la campagne #5Novembre16h47 sur les réseaux sociaux ou à la pause café (enfin, sauf si tu es team chocolat chaud bien sûr).
« Je travaille bénévolement à partir du 5 Novembre à 16h47 »
Tu peux également programmer un message automatique d’absence sur ta boite mail mardi 5 novembre à partir de 16h47 pour expliquer que tu travailles bénévolement à partir d’aujourd’hui, avec un lien vers la pétition, la newsletter des Glorieuses ou cet article. Tu peux aussi modifier ta signature de mail pro pour le restant de l’année avec le lien qui va bien et le post-scriptum suivant, suggéré par Les Glorieuses.
« Depuis le 5 novembre à 16h47, les femmes travaillent bénévolement. Et ce, jusqu’à la fin de l’année #StopInegalitésSalariales #5Novembre16h47 »
Si tu es une femme blanche, tu peux aussi faire preuve de sororité en proposant à tes collègues racisées à des postes équivalents d’échanger sur vos salaires, afin de vérifier qu’elles sont payées autant que toi et le cas échéant, d’appuyer leur demande d’augmentation si elles le souhaitent.
En effet, comme le rappelle à juste titre Les Glorieuses, il existe également des discriminations salariales qui sont basées sur l’origine réelle ou supposée et la couleur de peau. Même si l’absence de statistiques ethniques en France les rendent plus difficiles à estimer, elles ont été observées aux Etats-Unis.
Plus de transparence en matière de salaires
Enfin, si tu es un homme, sache que tu peux vraiment faire la différence.
Dans un de mes précédents postes, j’ai appris lors d’une conversation informelle avec un collègue, embauché à la même date que moi, avec exactement le même niveau de diplôme et d’expérience, qu’il gagnait 100 euros de plus par mois alors qu’il avait moins de responsabilités au quotidien.
Sa transparence m’a permis d’aller voir les RH avec des arguments en béton pour une demande d’augmentation, que j’ai obtenue sans difficulté.
Donc cher allié, n’hésite pas à proposer à tes collègues au même poste d’échanger à propos de vos salaires respectifs. Tu n’as rien à perdre et tes collègues femmes ont tout à y gagner.
Et toi, tu as déjà été confronté·e aux inégalités salariales ? Tu comptes te mobiliser cette année ? Viens on en parle dans les commentaires !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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