Si vous êtes à la recherche de films ou de séries queers qui sont autant d’archives LGBTI+ précieuses, Lawrens Shyboi vous a aménagé une véritable mine d’or.
Son site Internet Queer Cinema répertorie et rend visible des « ressources et des archives des cultures queer, trans & dyke à l’écran ». Chaque post présente une œuvre queer et propose même un lien vers les films lorsqu’ils sont accessibles.
Quant à sa page Instagram (@lawrens_shyboi), elle regorge de recommandations de pépites inconnues et d’analyses des représentations de la queerness à l’écran, d’hier à aujourd’hui. Lors d’une rencontre avec Madmoizelle, il nous a parlé de ces œuvres « témoins de nos histoires » et situées « hors des sentiers des systèmes cishétéronormés ».
Comment est né ton intérêt pour le cinéma queer ?
Lawrens Shyboi : Je crois que tout a commencé au moment de la découverte de ma non-hétérosexualité, quand j’étais adolescent Je me suis mis à chercher des représentations parce que quand tu es enfant, que tu es isolé et que c’est « hétéro-land » dans ton collège, tu as envie de trouver des histoires que tu ne vis pas forcément dans ta vie et auxquelles tu peux t’identifier. J’ai commencé à chercher des films lesbiens à l’époque. Par exemple, j’ai beaucoup fouillé sur Youtube et Univers-L, un site qui faisait des listes de films lesbiens. J’y ai passé des heures et des heures !
Comment définis-tu le cinéma queer ?
Je ne suis pas spécialiste mais selon moi, le cinéma queer est une démarche politique des cinéastes. Ça renvoie à la façon dont ils politisent leur cinéma, c’est-à-dire la façon dont ils mettent en avant et questionnent des sujets qui sont la réalité des personnes LGBTQI+.
Parler de cinéma queer c’est aussi un moyen de théoriser la queerness dans un cadre esthétique. Ça me paraît important de montrer des films qui ne sont pas forcément des fictions lisses, des récits linéaires qui vont d’un point A à un point B. Les films queers jouent sur les genres, les formats, tu ne sais pas trop s’il s’agit de fiction ou de documentaire, si c’est improvisé ou très écrit. Parfois, tu as presque l’impression d’être devant une performance théâtrale.
Y a-t-il une période du cinéma queer qui t’a particulièrement marqué ?
J’aime beaucoup la période des années 1990-2000. Il y a tout un pan de cinéma assez politisé dans les années 1990 avec la crise du sida, alors qu’avant c’était moins le cas. Je pense qu’à ce moment, il y a eu une urgence à parler, à s’exprimer, à faire un cinéma collectif et à s’organiser.
Ces films n’étaient pas forcément militants mais ils induisaient des questions politiques. Les réalisateurs et réalisatrices parlaient beaucoup de leur propre vécu, ce qui rompait avec les représentations mainstream, clichées et stigmatisantes qu’on avait l’habitude de voir. Ça m’intéresse beaucoup de découvrir l’histoire de personnes LGBTI+ à travers ce cinéma.
Est-ce que tu as l’impression que les représentations queers à l’écran ont évolué et sont meilleures aujourd’hui ?
Ces films que j’essaye de mettre en valeur font assez contrepoint avec les discours et les représentations qui sont les plus financées et produites et diffusées aujourd’hui. Même s’il y a plus de visibilité aujourd’hui, y compris dans le cinéma français ou sur Netflix et toutes les plateformes, il y a toujours beaucoup de discours et de représentations problématiques. Jusqu’à aujourd’hui, quand tu cherches des ressources LGBT, tu tombes surtout sur des films où les personnes trans sont jouées par des acteurs cis, ou des films très hétéronormés. Par exemple, un film où le seul objectif d’un couple lesbien c’est se marier, avoir des enfants et acheter une maison… Je trouve ça très beau de découvrir la richesse de ce qui a été créé avant.
Quand tu regardes ces films, tu te rends compte qu’ils t’apportent énormément. Ça te donne beaucoup de force et ça t’ouvre à plein de réflexions qui ne sont pas considérées dans le cinéma aujourd’hui. Les films passés ont presque plus à te dire que les films actuels ! Tu découvres l’histoire des personnes LGBTI+, et surtout tu réalises : « ça, ça existait déjà, on nous disait déjà ces trucs là, et ces personnes là étaient déjà en train de se battre ! »
Pourrais-tu nous conseiller trois pépites pour commencer notre exploration ?
Amours interdites : au-delà des préjugés, vies et paroles de lesbiennes, (1992) disponible gratuitement en version originale sous-titrée.
Thanks God, I’m a Lesbian (1992). Le film est sur Youtube avec les sous-titres.
Et comme ressource plus récente, Disclosure sur Netflix !
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Crédit de l’image à la Une : © Queer Cinema Club
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