Lors du salon du livre de Francfort, qui a lieu du mercredi 18 octobre au dimanche 22 octobre, la romancière palestinienne Adania Shibli devait effectuer une rencontre avec son public le vendredi 20 octobre, et à l’issue, se voir remettre un prix pour pour son livre Un détail mineur, qui revient sur un viol et un meurtre perpétrés par des soldats israéliens en 1949.
Mais le 13 octobre, la société LitProm, organisatrice du prix, en partie financée par le gouvernement allemand et la Foire de Francfort en a décidé autrement. La rencontre a été annulée, et la remise de prix également.
La raison ? La Foire a déclaré vouloir rendre les voix israéliennes « particulièrement audibles », après l’attaque du Hamas contre Israël du 7 octobre, qui a entraîné une riposte encore en cours contre les habitants de Gaza en Palestine. Si dans un premier temps les organisateurs ont déclaré avoir pris cette décision en accord avec l’autrice, celle-ci a rapidement démenti, et a annoncé que cette décision lui avait été imposée.
Plus de 600 personnalités du livre lui apportent du soutien
En réaction, plus de six cents personnes du monde de la littérature et de l’édition ont publié lundi 16 octobre une lettre ouverte à lire dans Le Monde, qui proteste contre cette décision. Parmi eux, pas moins de trois prix Nobel de littérature − Annie Ernaux, mais aussi l’autrice polonaise Olga Tokarczuk et le romancier tanzanien Abulrazak Gurnah.
Les signataires dénoncent le fait que les organisateurs « ferment l’espace à une voix palestinienne », peut-on lire dans la lettre. « La Foire du livre de Francfort a la responsabilité de créer des espaces permettant aux écrivains palestiniens de partager leurs pensées, leurs sentiments et leurs réflexions sur la littérature en ces temps terribles et cruels, sans les fermer », ajoute le texte. Les signataires évoquent également la « responsabilité » des organisateurs de « créer des espaces qui permettent aux écrivains palestiniens de partager leurs réflexions sur la littérature en ces temps graves et terribles, plutôt que de les réduire au silence ».
Plusieurs groupes d’édition issues du monde arabe ont également annoncé boycotter le salon. Comme par exemple la Sharjah Book Authority, une maison d’édition des Émirats arabes unis, qui a indiqué vouloir défendre « le rôle de la culture et des livres pour encourager le dialogue et la compréhension entre les peuples ».
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Les Commentaires
Elle est pas politique elle est romancière. C'est aberrant.