Débutée le 9 septembre 2022 la Fashion Week de New York (NYFW) vient de se clôturer le 14 septembre. C’est maintenant au tour de Londres, Milan, puis Paris de présenter leurs collections pour le printemps-été 2023. C’est aussi l’heure de dresser un bilan sur les questions de diversité et d’inclusion du côté de la capitale états-unienne de la mode qui a mis en place tout un programme pour lutter contre le racisme dans le secteur.
Au calendrier officiel de la NYFW, 25% de designers noirs ont défilé
Alors qu’il existait déjà des médias qui établissaient des statistiques ethniques sur les mannequins qui défilent à la Fashion Week de New York, le Conseil des créateurs de mode américains (CFDA) a annoncé un plan d’action le 4 juin 2020 (dans le sillage de la mort de George Floyd qui avait ravivé la flamme du mouvement Black lives matter existant depuis 2013) : programme de recrutement pour valoriser les talents noirs, mentorat, formations « diversité et inclusion » ainsi que des dons à des associations antiracistes. Maintenant que le gros de la pandémie serait derrière nous, cette NYFW printemps-été 2023 devrait donc permettre de mesurer le fruit de ce travail.
Comme le relève aujourd’hui Business of Fashion, près de 30 créateurs noirs ont défilé durant cette semaine de la mode new-yorkaise, soit 25% du calendrier officiel établi par le CFDA.
Derrière un chiffre spectaculaire de diversité, la réalité du manque d’inclusion
Mais derrière ce chiffre impressionnant, le média spécialisé a pris le temps d’interroger les designers en question pour tenter de mesurer s’ils se sentaient vraiment inclus, au-delà de cette diversité de façade :
« D’une part, la hausse spectaculaire du nombre de créateurs noirs à la Fashion Week a suscité à la fois fierté et célébration. De l’autre, de petits budgets de production, un manque de couverture médiatique et un sentiment écrasant que leurs plus grands partisans continuent d’être leurs pairs noirs et racisés dans la mode et la presse laissent beaucoup à désirer. »
Plusieurs designers témoignent ainsi de l’impression d’avoir été conviés pour faire gonfler un chiffre, sans pour autant être pleinement soutenu, par la presse, des accès aux ressources financières, des formations, du réseau, et autres opportunités professionnelles pourtant permises à d’autres designers.
Parmi eux, Sergio Hudson a notamment constaté que c’étaient surtout des personnes racisées (célébrités et journalistes) qui avaient pris le temps d’assister à son défilé de mode. Ce qui l’amène notamment à déclarer auprès de Business of Fashion :
« Je serai heureux quand nous arriverons à un moment où ce n’est pas que je suis l’un des designers de couleur les plus excitants, mais que je suis juste l’un des designers les plus excitants. »
De quoi relancer la question du tokénisme : se prémunir d’accusations de discrimination en invitant quelques designers ou mannequins racisés en guise de caution diversité… Sans pour autant faire d’effort pour une véritable inclusion.
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Crédit photo de Une : Capture d’écran Instagram.
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