Partir au Japon, c’était mon rêve : un truc placé bien haut sur la liste des choses que j’avais à faire avant de mourir – juste entre avoir des enfants et savoir jouer Dragosta Din Tei à la harpe. Alors, un jour du mois de juin dernier, avant que je sois licenciée pour raison économique, que j’attrape la grippe, que l’Europe restreigne les vols long courrier ou que j’ai le crédit d’une poussette tous terrains à rembourser, j’ai décidé qu’il était temps d’y aller. Bonzaï !!!
J’ai convaincu Doudou (« de toute façon c’est ça ou je te quitte »), et quelques paquets de pâtes premier prix plus tard, on a embarqué toutes nos économies, deux grandes valises vides, du spray contre les moustiques et on s’est envolé direction le pays du soleil levant.
On est parti 15 jours en août, en arrivant à Osaka et en repartant de Tokyo. Sur ces deux semaines on a eu largement le temps de découvrir Kyoto (5 jours), d’aller bronzer à la mer (1 jour), d’aller voir le Mont Fuji et aussi voir dans un hôtel de luxe si j’y suis (2 jours) puis de se menacer de mort, se perdre, se retrouver et chanter à s’en casser la voix dans un karaoké à Tokyo (7 jours).
Le Japon est un pays plein de contrastes qui peut aussi bien plaire aux accros du shopping (mode ou high-tech), qu’aux surfeurs (de l’eau ou de la neige), randonneurs, passionnés de culture (temples, gastronomie, traditions), ou de nature (réserves naturelles, forêts, îles tropicales, montagnes) et la sécurité y est telle que même une fille seule (en mini-jupe), un père de famille qui se promène le sac à dos grand ouvert ou un couple d’amoureux un peu attardés (suivez mon regard) peuvent s’y aventurer. Le bonheur quoi !
En arrivant au Japon, le premier endroit où je me suis rendue c’est… les WC. Dans les espaces publics il s’agit d’une sorte de toilettes à la turc avec un trou étroit face auquel il faut s’accroupir et bien viser (à mon grand étonnement, j’ai bien visé). Mais ce que j’attendais le plus se trouvait dans mon hôtel : des toilettes high-tech. Whouaaaaaaaaa !!!!
Après tant d’années, enfin, j’allais faire partie de ce club très fermé des gens qui l’ont fait. J’ai d’ailleurs eu à cet instant le sentiment d’être aux portes de l’Espace, un peu aussi comme si je m’apprêtais à poser un pied une fesse sur la Lune. Tout ça pour finalement être déçue… Il faut dire que j’avais imaginé quelque chose d’aussi confortable qu’un fauteuil en cuir, avec option télévision, radio ou massage de dos. Je n’aurais pas non plus été étonnée que les toilettes se mettent à me parler : « Hé salut Linda. Super tes urines ! ».
Les lunettes sont parfois chauffantes, un écoulement continu de l’eau peu masquer les bruits et un système de projection d’eau puis d’air peut ensuite venir s’occuper de notre derrière. Ca a l’air sympa mais dans la pratique c’est plutôt étrange et ce jet qui sort de nul part m’a appris trop souvent que je ne m’installais toujours trop au bord de la cuvette… Résultat : un dos trempé, quelques fous rires nerveux et quasiment toujours le recours au bon vieux papier toilette des campagnes.
C’est aussi stupide que prétentieux de ma part mais je dois avouer qu’en partant au Japon je ne pensais pas avoir du souci à me faire côté concurrence féminine. Pour moi, les japonaises étaient des femmes de petites tailles marchant très vite et dont le look ne pouvait être apprécié que par un public très spécialisé (kimono, robe gothique et uniforme d’écolière, hrm).
Belle erreur ! A la liste des endroits où il ne faut jamais aller avec son homme (Cabo, Ibiza, Copacabana, Miami,…), il faut indiscutablement ajouter Shinjuku et Shibuya. Ces quartiers regorgent de bars, restaurants et magasins branchés rendant le port du bermuda et des tongs très déprimant… Je n’ai jamais autant regretté de porter un t-shirt loup et la raie sur le côté. J’avais l’air d’une altermondialiste au pays des Barbies et ma seule consolation a été de voir que beaucoup de japonaises marchent les pieds affreusement en dedans. Ah ! Et toc !
Ainsi, si la jeune japonaise se montre assez farouche (la drague dans la rue n’existe pas au Japon), elle aime aussi la mode, les marques, ne pèse le plus souvent pas plus de 50 kg habillée et cherche de façon claire, si ce n’est un mari fortuné (la majorité des filles ne travailleront plus après le mariage), au moins à se faire remarquer. Et là, Jésus Marie Joseph, elle n’y va pas de main morte : coloration quasi-systématique des cheveux, extensions, brushing santa-barbarien, maquillage des grands soirs, lentilles bleues, mules plateforme associées à d’ultra-mini-shorts, corsets, lunettes ciglées, exhibition de jarretière en pleine journée (ici Miss Japon 2009, admire !), portables roses, sacs Vuitton et la goutte qui fait déborder le vase, nail art…
On le dit souvent, le Japon est un pays d’autant plus depaysant qu’on y parle pas très bien anglais. Je m’étais donc préparée en m’inscrivant à des cours intensifs de mime et surtout j’avais investi dans un petit guide du savoir se faire comprendre par les images (formidable ce truc).
C’est clair qu’entre le français et le japonais il y a un monde donc pas la peine d’essayer d’improviser, même sur la prononciation. Dans les gares, les aéroports et dans les points informations destinés aux touristes on a trouvé des gens parfaitement aptes à nous aider. Le fonctionnement et les indications dans les stations sont d’ailleurs assez clairs et ainsi, que ce soit pour voyager à l’intérieur du pays ou des villes, nous n’avons rencontré aucun souci particulier. Par contre, l’affaire s’est compliquée dans certains restaurants pour commander ou plus généralement à l’intérieur des quartiers. Les guides touristiques offrent des plans tout à fait sommaires et le nom des rues, quand elles en ont un, n’est pas systématiquement indiqué. Les gens sont tous près à vous aider mais ils ne parlent pas souvent anglais (mieux vaut arrêter des cadres ou des policiers car même les lycéens et étudiants ne comprennent parfois pas un mot d’anglais).
Il faut par ailleurs ouvrir l’oeil car au Japon, les boutiques et restaurants se cachant à tous les niveaux : sous-sols et étages (F2, F2, F4, etc). Il faut alors s’engouffrer dans les immeubles et prendre l’ascenseur ou d’étroits escaliers pour se retrouver directement propulser dans un café un peu secret, un salon de coiffure ou une friperie à tomber.
Dans ce voyage, la chose qui m’inquiétait le plus en dehors d’un éventuel crash d’avion c’était de n’avoir à manger que de la soupe d’algues, des brochettes de bœuf aromatisées au soja et du poisson cru pendant 15 jours. Oui, au risque de me faire huer, je n’aime pas manger japonais, mon régime à moi se situant plus autours de l’usine de Willy Wonka et de la Méditerranée. J’avais donc prévu de faire une diet forcée en me gavant de riz blanc et de pastèque mais finalement les choses se sont passées bien autrement !
Le Japon regorge de restaurants (rythme de travail éreintant et petitesse des logements aidant), et heureusement pour moi, tous ne cuisinent pas le dauphin ou l’haricot rouge en sorbet. Nouilles au porc, riz au poulet, curry, brochettes de noix de St Jacques, crevettes fris, boeuf de Kobe… On trouve de tout au Japon, y compris quelques kebabs, des restaurants italiens, des chinois, des français plus ou moins français, des fast food… Sushis ou kaiseki (dîners très traditionnels composés d’un nombre incalculable de plats) sont donc loin, très loin de ce que j’ai pu manger au quotidien.
J’ajoute que contrairement aux apparences les japonaises adorent les sucreries, elles s’adonnent à la dégustation d’immenses coupes de glaces en salon de thé, de petits choux fourrés à la crème ou de fruits, chantilly et pâtisseries roulées dans des crêpes (nos crêpes !) à emporter. J’ai goûté, ça n’est pas mauvais, et le Japon gagne définitivement mon respect pour le choix impressionnant de saveurs qu’il offre en terme de glace italienne (pomme, pastèque, thé, noisette, chocolat blanc, pavot…). A noter que plus que n’importe où ailleurs, au Japon on adore les éditions limitées, notamment dans le domaine alimentaire. Cela donne des choses amusantes à expérimenter comme le Fanta à la pèche blanche ou les KitKat à la carotte !
En partant au Japon, je savais que j’achèterai beaucoup de choses mais j’ignorais quoi. Je m’en suis finalement sortie avec une valise totalement improbable, pleine à craquer d’accessoires à cheveux, bonnets, farces et attrapes, porte clefs et yukatas. Le danger sur place réside moins dans les prix (assez raisonnables) que dans la faute de goût et ce qui paraît fun là-bas pourra se révéler parfaitement immonde une fois revenue chez soi.
A Tokyo, deux grands magasins s’imposent de loin pour le shopping jeune et marrant : le 109 à Shibuya et Marui One à Shinjuku. Ces deux multimarques géants proposent dans un espace concentré un maximum de boutiques et de stands qui s’adressent aux jeunes filles de tous les bords ou presque (mode, sexy, street, lolita, gothique, etc). Citons aussi le quartier d’Harajuku où grandes enseignes (H&M, Forever21, Gap,…) côtoient magasins de luxe (Dior, Chanel…) et petites boutiques pour ados over lookés (densité maximale sur Takeshita dori).
Mais le shopping nippon c’est aussi (et surtout ?) les friperies. Je n’en suis pas fan à la base mais celles du Japon m’ont bouleversée. Il y en partout et tout y est propre, pas cher et bien rangé. Exit, les piles de chaussures fatiguées, les robes de princesses trouées, les vestes en poils de chèvres puants, les t-shirt sales, etc…
PS: J’aurais voulu ajouter à cette page une liste de boutiques en lignes mais à mon grand désespoir le Japon semble ne pas vouloir s’exporter. Presque aucun des sites n’est en anglais.
En grande amatrice d’animaux que je suis, j’ai pris le temps dès que l’occasion se présentait de rentrer en contact unilatéral avec la faune locale. D’ailleurs, à celles qui comme moi aiment tâter de l’animal je recommande la visite de Nara, la ville temple où des milliers de daims viennent te renifler le dessous de la jupe et fouiller dans ton sac à main…
Mais ce qu’on voit le plus au Japon ce sont des poissons, d’énormes choses dont la bouche peut surement manger le doigt d’un homme, quelques tortues, beaucoup de grues, quelques chiens souvent fagotés de ridicules petits pulls en cachemire, des chats et au beau milieu de tout ça, partout, partout, partout, des cigales. La mauvaise nouvelle c’est qu’elles sont grosses comme des oiseaux, hurlent à nous en exploser les tympans et peuvent devenir méchantes. La bonne, c’est qu’on a enfin trouvé une solution écologique et naturelle pour protéger nos voitures et maisons. L’alarme de l’avenir en somme !
Démonstration (pour se faire une idée plus réaliste de la chose, il convient de monter le son au maximum – la rédaction décline toute responsabilité en cas de pétage d’oreilles) :
Partir avec Doudou n’empêchait pas que je trépigne à l’idée d’arriver dans un pays peuplé de beaux mecs. Pour le plaisir des yeux, cela va s’en dire, et aussi au cas où il déciderait de me planter là, au beau milieu de Shibuya, en me traitant de « chieuse égoïste qui le fatigueeeeee, qui le fatigueeeeeeee et puis qui n’a qu’à se trouver un autre mec si elle est pas contente »‘. Oui, c’est comme ça que ca s’est passé.
Les japonais sont des gentils garçons. Ils sont polis, bien coiffés, très travailleurs et n’oseront jamais arrêter une fille dans la rue. Pas de regard, pas de sifflets et encore moins de « Eh Ca papaya ! Ca vous dirait un Ice cream avec mon ami et moi ? ». Les couples se forment grâce à l’école, le boulot, les amis, les sites de rencontres et les boîtes de nuit. Du coup, même plantée là, seule avec un guide de Tokyo et une énorme poitrine j’ai accroché aucun poisson. Un mal pour un bien parce que Doudou restait planqué 20 mètres derrière moi…
Il faut comprendre qu’au Japon chacun rentre dans une case, personne ne regarde personne et si certains s’autorisent les looks les plus délurés, c’est justement en réaction à l’indifférence et la standardisation ambiante. On cherche à exister, à s’affirmer, ou pas.
Je pensais par ailleurs me retrouver plongée dans un ragout de beaux mecs, un monde peuplé de bruns lookés comme je les aime et sur ce point j’ai une réclamation à faire : rem-bour-sée !!! Les japonais sont souvent soit trop lookés, soit pas assez. On a alors le choix entre des salarymen en costume pas cintré (mecs mariés) ou des versions asiatiques d’Harry Potter, Zack Efron ou François-Xavier (pas encore mariés)… Il faut donc avoir un certain degré de résistance au genre efféminé, aux coiffures effilées, aux colorations rousses et aux sourires carnassiers (mais que font les orthodontistes ?).
PS : Doudou, c’est toi que j’aime et pour l’éternité !
On croit beaucoup de choses sur le Japon. On croit que la vie y est infernale, qu’on y mange que des algues, que la paysage est bétonné, que les gens sont froids et pressés… On croit aussi qu’il n’y a que des imbécilités à la télé, que des sumos et des geishas vont surgir dans la rue et que la terre va se mettre à trembler… On m’a dit ne le fait pas, il fait trop chaud, c’est trop loin, c’est trop cher. C’est vrai que c’est loin (12h de vol) mais rien du reste ne s’est vérifié. Rien.
Du Japon, je rapporte 3000 photos et avec regret je laisse le purikura (des photomatons qui rendent les gens beaux), les produits Shisheido au prix de gros, les glaces à la pastèque, les éventails publicitaires offerts dans la rue, les rues paisibles de Kyoto, les métros toujours propres et climatisés, les files d’attentes très ordonnées, les distributeurs de boissons tous les 50 mètres, les forêts, le bouddha de Kamakura, les karaokés, les bars cosy et secrets, les friperies, les pédalos en forme de cygne géants, le concept du love hotel et quelques garçons dont j’aurais bien fait mon 4h s’ils avaient daigné me regarder… Dans une autre vie, peut-être !
Et toi, es-tu attirée par le Japon ? Si tu connais ce pays qu’en as-tu pensé ? Suis-je la seule à penser que les japonaises ont l’air de catins ? Y’a-t-il quelqu’un qui a apprécié le jet nettoyant des WC ? Des conseils à ajouter pour celles qui envisagent de partir ?!
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On a hâte de vous lire !
Les Commentaires
C'était sur un coup de tête et un rêve depuis des années qu'une amie et moi nous avions achetés nos billets pour partir 2 semaines au pays du soleil levant.
Que dire à part que j'ai adoré ? Rien ! C'est vraiment un pays très accessible pour tout le monde. Les gens sont sympas, tout est propre et bien rangé, personne ne sent mauvais dans le métro, pas de boloss dans les rues. Paradis !
En revanche, avec ma chevelure blonde et celle de mon amie, on peut dire que dès qu'on allait en boite de nuit ou ailleur on ne passait pas inaperçu (les gens qui nous prennent en photo, la télé qui nous interview dans la rue). Mais c'était plutôt très sympa !
Le bouffe est pas chère, extrèmement bonne et moi qui adooore la cuisine japonaise, j'étais grave aux anges !
Au niveau de la langue, je prenais des cours de japonais depuis 1 an à l'époque et mon anglais était (et, est toujours) plutôt basique. Je me souviens d'ailleur avoir demandé "c'est bien le vélo pour aller à... ?" au lieu de demander "le train" -_-... La tête de la madame...
Bref, environ 2000€ pour 2 semaines d'éclate total (shopping, resto, concerts, boite de nuit, hotel, avion dirrect, visites et souvenirs).
Je veux retourner... 本当に è_è !