« C’est quand même une victoire, car on a pu se baigner. »
C’est ce que conclut Léa, l’une des participantes à l’action de désobéissance civile qui a eu lieu ce mercredi 21 juillet dans l’après-midi à la piscine Jean Bron de Grenoble.
Une action pour réclamer le droit de se baigner dans la tenue de son choix et un changement dans le règlement des piscines publiques grenobloises afin de permettre à celles qui le souhaitent de porter un maillot de bain couvrant, plus communément appelé burkini.
La police au bord de la piscine
Elles étaient une trentaine à participer à cette action, venues avec leur maillot de bain couvrant ou leur deux-pièces.
« On avait prévu de rentrer en petits groupes de quatre ou cinq personnes afin que personne n’ait de soupçons à l’entrée », raconte Bilkis, qui était dans le premier à pénétrer dans la piscine Jean Bron.
Elles sont deux dans son groupe à porter le foulard. D’après Bilkis, à peine sont-elles rentrées, que les vigiles commencent à faire des allers-retours. Quand elles sortent des vestiaires, ils sont là à attendre les jeunes femmes.
Et autour des bassins, c’est carrément la police qui les attend.
« Au moment de sortir des vestiaires, les vigiles nous ont agrippé physiquement », affirme Bilkis qui se dit choquée par ce comportement à leur égard. « On s’est débattues et on a réussi à se faufiler pour rejoindre les bassins. »
Après avoir échangé avec les policiers présents, auxquels elles font état des comportements inappropriés des vigiles, elles sont quelques-unes à avoir pu entrer dans le bassin.
« Certains ont parlé d’une “prise d’otages” »
Ne pouvant les faire sortir, la piscine a opté pour la solution la plus radicale : l’évacuation. De tout le monde.
Autour d’elles, les réactions sont plutôt à la stupeur :
« Les trois-quarts étaient des enfants ou des jeunes qui passaient l’après-midi à la piscine et qui se demandaient pourquoi tout ce grabuge. Certains nous ont soutenu en voyant que les vigiles étaient violents avec nous »
À l’extérieur de la piscine, Bilkis a constaté que l’ambiance est bien moins solidaire : « Des adultes nous ont montré du doigt en disant “On est bloqués à cause d’elles” alors que c’est la piscine qui a sorti tout le monde. Certains ont parlé d’une “prise d’otages” ».
« C’était dur de se faire violenter, de se faire interdire quelque chose comme la piscine », insiste la jeune femme, dont c’était la première action de désobéissance civile. « Mais ça faisait du bien d’êtrs soutenues. »
Après la piscine, direction la mairie de Grenoble
Par la suite, le petit groupe d’activistes a décidé de ne pas s’arrêter en si bon chemin pour faire entendre ses revendications et a rejoint en chantant la mairie pour demander à être reçu.
Léa fait partie du petit groupe qui a pu rencontrer une adjointe du maire écologiste Eric Piolle, Annabelle Bretton. Les militantes ont pu expliquer ce qu’il s’est passé à la piscine Jean Bron et les raisons de leur action, avant de faire part de leurs revendications :
Les militantes ont appris d’Annabelle Bretton que le règlement ne changera pas cet été, mais sont déterminées à maintenir la pression pour se faire entendre de la mairie de Grenoble.
Léa tient à le rappeler, l’opposition au port du maillot couvrant ne repose sur aucune raison liée à l’hygiène, ses tenues étant conçues dans la même matière que les maillots de bain classiques, ce qu’a d’ailleurs rappelé Eric Piolle dans un courrier adressé à Jean Castex en juin dernier : « Seules l’hygiène et la sécurité justifient l’interdiction d’une tenue de piscine ».
Malgré cela, la mairie de Grenoble ne semble pas prompte à faire évoluer son règlement des piscines publiques.
Ce n’était pas la première fois que ces militantes menaient une action dans les bassins grenoblois. En 2019, elles avaient déjà mené des actions pour défendre le libre accès à toutes les femmes aux piscines publiques quel que soit leur maillot.
Car leur refuser le droit d’accès à la baignade sous prétexte qu’elle porte un maillot de bain couvrant, cela revient aussi à continuer à exclure les femmes qui portent le voile de certains lieux, de certaines activités, c’est les stigmatiser et alimenter une islamophobie rampante.
Elles veulent, comme à Rennes par exemple, pouvoir se baigner dans leur maillot couvrant si elles le souhaitent. Et n’ont pas l’intention d’abandonner avant d’avoir obtenu gain de cause.
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