Ça vous est peut-être déjà arrivé, à vous ou à une personne de votre entourage : le vigile qui ne vous lâche pas d’une semelle chez H&M ou Sephora. Et si chiffrer le phénomène en fonction des races sociales
perçues susciterait sans doute un tollé dans la seconde au « pays des Lumières qui ne voit pas les couleurs », ce n’est pas le cas aux États-Unis.
(Oui, on parle bien de « race sociale » car race biologique n’a pas de sens : c’était une invention pour hiérarchiser les humains et justifier l’esclavage, depuis longtemps démentie par les sciences dures, même si l’extrême-droite continue d’adorer le concept. En revanche, les sciences sociales parlent de races sociales pour désigner les constructions produites par le racisme, qui font qu’on entretient des préjugés en fonction de l’apparence de certaines personnes, que ces dernières galèrent à trouver un emploi, un logement, sont davantage contrôlées par la police, ou suivies dans les magasins. Ces personnes sont assignées à une race sociale, d’où le terme de « personne racisée ».)
Sponsorisé
52% des personnes traquées ne retournent plus dans les boutiques concernées
Une étude sur le sujet, menée par DealAid (un cabinet d’études sur l’expérience consommateur) auprès de 1.020 personnes qui se définissent comme Afro-Américaines, rapportent des chiffres alarmants. Plus de 90% d’entre elles disent avoir été suivies par la sécurité pendant leurs emplettes pour aucun motif apparent si ce n’est leur race sociale. Parmi elles, 52% disent avoir cessé d’aller dans les boutiques en question.
Les résultats de cette étude nationale confirment celle menée par la marque bien française Sephora : en janvier 2021, la chaîne de boutiques beauté a rapporté que les minorités visibles avaient tendance à éviter de toucher les testeurs, à mettre un point d’honneur à parler avec les vendeuses pour se faire bien voir, et à se sursaper dans l’espoir d’éviter d’être traquées par les vigiles. Beaucoup de ces personnes ainsi racisées préfèrent même acheter en ligne plutôt qu’en boutique, précisément pour ne plus subir ce genre de traitement.
En contexte hexagonal, la complexité de mener ce genre d’études et de communiquer sur les statistiques obtenues sert d’excuse parfaite pour refuser de regarder la réalité du racisme structurel, qui existe en France aussi.
À lire aussi : « Penser la diversité sans inclusion ne mène à rien » : Barbara Blanchard secoue la mode française
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
Allez pour le sac Vuitton, on sait toutes les deux que ça ne veut plus rien dire à l'heure des super-fakes made in Turkey et de la flex-culture des réseaux avec les gens qui s'affament pendant des mois pour s'offrir un sac d'entrée de gamme (j'ai rien contre le Speedy hein, même j'adore, c'est juste pour l'exemple).
Edit: si c'est une commande spéciale type Capucines en cuir exotique par contre, là...