Avez-vous déjà eu l’impression que beaucoup de médias traitent des mêmes sujets ? À regarder les JT télévisés, écouter France Info, ou lire Le Monde… c’est souvent les mêmes gros titres qui ressortent. C’est la réflexion que se sont fait Maxime Lelong et deux de ses amis journalistes alors qu’ils étaient en stage dans des rédactions différentes : ils avaient le sentiment d’écrire les mêmes articles.
« Pourtant il y a plein d’autres sujets qui sont intéressants pour le grand public, mais qui ne sont pas traités par priorité à l’actualité. »
Ni une ni deux, en sortant de son école de journalisme, Maxime décide donc de relancer un projet qui avait été entamé au cours de son cursus. Il s’allie à deux amis graphistes et développeurs et lance 8e étage.
À la base, Maxime n’était pas journaliste mais photographe de concert. Enfin, il a surtout pris des chemins de traverse pour le devenir. Il a tenté le droit mais « ce n’était vraiment pas fait pour [lui] », n’a pas eu certains concours à Sciences Po, et a donc complété sa formation à l’ISCPA de Lyon en « faisant un tour de passe-passe à [son] père, pour lui prouver qu’un cursus privé en 3 ans ne revenait pas beaucoup plus cher qu’un cursus public en 5 ans ».
Le journalisme, on peut y arriver par beaucoup de chemins différents selon Maxime :
« C’est un message important pour celles et ceux que ça intéresse je pense, de savoir que c’est un milieu plein de passerelles ! »
8e étage, à quoi ça ressemble ?
Des sujets tout aussi intéressants, mais plus souvent ignorés par les grands médias.
L’idée de Maxime, c’est donc de laisser l’actualité pure et dure aux médias traditionnels pour se concentrer sur des sujets qui sont un peu plus marginaux, un peu moins dans l’instantané, mais qui valent quand même le coup d’être traités.
Pour ça, 8e étage passe par différents formats, des brèves courtes et quatre grands reportages par mois qui peuvent revêtir des formes différentes, entre texte, vidéo, et bientôt le premier Web-documentaire du site. Tout ce contenu est produit notamment par des journalistes freelance :
« Ce sont souvent des pigistes qui font une sorte de tour du monde permanent. Quelques semaines avant d’arriver au Cambodge par exemple ils envoient un mail aux rédac-chef•fes qu’ils connaissent en pitchant des sujets, puis ils réalisent ceux qui ont été achetés. »
Et tout y passe : du graffeur qui redécore une prison finlandaise aux rich kids
de Téhéran en passant par la création d’une autorité nationale de l’égalité des sexes en Suède. C’est riche, éclectique et cosmopolite, à l’image de ce que voulait Maxime.
« On ne veut pas taper sur les autres médias, ce genre de critique n’est pas constructive et ils font un travail différent du nôtre. Mais oui, s’il y avait un média avec la ligne édito que je recherchais, je serais allé dormir sur le paillasson jusqu’à ce qu’ils m’embauchent plutôt que de créer mon site…
Je suis un entrepreneur formé sur le tas, pas du tout spécialiste de tout ce qui est fiche de paie et autres. »
Fonder un nouveau média en 2016, un parcours semé d’embûches
Créer sa boîte, ça ne va pas de soi en effet. 8e étage a été lancé avec l’appui d’un incubateur généraliste à Lyon.
« Ils n’étaient pas spécialisés en entreprise de presse mais ils nous ont bien aidé pour les statuts. »
C’est un investissement, en temps et en argent.
« Je ne me paie pas. J’ai la chance d’être avec quelqu’un qui me soutient jusqu’à présent, tout en sachant que ce sera à charge de revanche. »
Tiens, ça me rappelle un certain Fabrice Florent de chez madmoiZelle.com !
Miser sur les lecteurs qui veulent de l’information de qualité, sans publicité.
Pour 8e étage, Maxime s’est forcément posé la question de la publicité. Mais quand une régie lui a annoncé le peu d’argent qu’il pouvait espérer (« 800€ par mois en acceptant de blinder le site, pour 100 000 visiteurs uniques — ce qui est déjà honorable pour un média qui se lance »), il s’est orienté vers le sans publicité, en misant sur les lecteurs qui veulent l’éviter.
Après une campagne de crowdfunding réussie, il a choisi de proposer un abonnement à 8e étage qui reste très abordable. À partir d’1,50€ par mois, et c’est vous qui fixez le prix si vous souhaitez donner plus, pour accéder aux 4 grands reportages mensuels. Ce n’est pourtant pas un mode de financement très encouragé dans le milieu :
« Récemment on a participé à un concours d’innovation dans la presse, et on n’a pas été retenus parmi les finalistes justement parce qu’ils trouvaient qu’on n’avait pas de modèle économique. […] J’ai été face à de grands patrons de presse qui m’assuraient que ça ne serait pas rentable, alors qu’ils n’ont jamais essayé et que pour certains, ça fonctionne. »
Pourtant, 8e étage n’est pas loin de l’équilibre financier :
« On l’atteindra à 2400 abonné•es si on part sur une base de 2,50€ par mois, et là on n’est pas loin de 1000 ! »
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Petit deviendra grand (grâce à vous) ?
Si 8e étage reste très jeune (le site a vu le jour en mars 2014), son fondateur a déjà plein d’idées pour l’avenir. En ce moment par exemple, ils sont soutenus par Google pour lancer une plateforme numérique pour la presse. Et le papier ?
« J’aimerais bien, mais ce n’est pas pour tout de suite. Pour une version papier il faut faire des tirages importants pour que ça soit rentable et donc avoir déjà une large base d’abonnés ! »
Alors, prêt•es à soutenir 8e étage ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Après Mediapart c'est très cool mais c'est encore un type de contenu différent et mine de rien c'est 11€ par mois, tout le monde ne peut pas se le permettre je pense malheureusement... Alors que là on part sur une base d'1,50€ qui est plus abordable quand même Mais d'ailleurs ils avaient été invités à en parler à une table ronde si c'est un sujet qui t'intéresse !