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74 % des femmes estiment qu’avoir des enfants a nui à leur carrière professionnelle

Bien qu’interdites par la loi française, les réactions déplacées et les discriminations liées à la grossesse ou à la maternité demeurent nombreuses dans le monde professionnel. D’après un sondage Linkedin, plus de 3 femmes sur 4 affirment que devenir mère a eu un impact négatif sur leur carrière.

« La maternité est vraiment un frein dans une carrière professionnel » : mythe ou réalité ? Selon un sondage réalisé directement par Linkedin France, la semaine dernière et auquel 13 000 femmes ont répondu, la maternité a condamné pour la plupart d’entre elles toute évolution professionnelle.

D’après le sondage, 74% des femmes interrogées assurent que donner la vie a eu un effet négatif sur leur carrière professionnelle, même « beaucoup » pour près de la moitié d’entre elles (49%) et un « un peu » pour un quart des femmes interrogées.

Parfois, les mères ou futures mères sont même discriminées dans leur activité professionnelle comme l’observe Claire Hedon, défenseure des droits depuis 2020, auprès du réseau social :

« Nous rendons encore un nombre trop important de décisions où des femmes ne sont pas embauchées en raison de leur état de grossesse, ne retrouvent pas leur poste au retour de leur congé maternité, ou dont la période d’essai est rompue car elles sont enceintes. C’est sidérant et illégal ! »

Les réflexions discriminantes sur leur condition de femmes enceintes

Souvent, les réflexions déplacées ou pire, discriminantes sur la maternité instaurent dans un premier temps un climat de travail inadéquat et désagréable. Dans les colonnes du Parisien, Marie-Paule, lieutenant à la gendarmerie nationale, qui a spontanément participé au sondage Linkedin, raconte l’abondance de réflexions dont elle a été victime durant sa grossesse :

« Merci de ne pas être tombée enceinte pendant mon commandement, disaient-ils souvent. Quand j’ai dû l’annoncer, j’ai eu honte et je ne savais pas comment formuler le message. J’avais 32 ans. Mais finalement l’annonce de ma grossesse a été plutôt bien perçue, mais j’ai dû malgré tout travailler comme si je n’étais pas enceinte. Rien ne m’a été épargnée. »

Le combo « grossesse + pression au travail » épuise physiquement et moralement Marie-Paule qui, à l’issue de son accouchement par césarienne, fait une dépression post-partum. Ses collègues l’incitent à revenir en poste rapidement après son accouchement et l’assaillent de nombreuses phrases machos, mais elle résiste :

« Je n’ai qu’un enfant car il fallu que je fasse toujours plus pour gagner ma place et montrer que j’étais plus un militaire qu’une mère. »

Suppression des formations, des CDI…

Il y aussi Melissa qui explique en commentaire du sondage Linkedin avoir vu ses plannings complètement chamboulés à son retour de congé maternité ou encore Alizé à qui on avait promis de transformer le CDD en CDI… Enfin, avant qu’elle ne tombe enceinte, pardi !

Pour Caroline, c’est l’histoire d’une promesse faite à son recruteur : celle de ne pas tomber enceinte dans l’année suivant son embauche. Elle se plie à la drôle de règle « car quand on a 24 ans, c’est le graal d’avoir un CDI ! » Une fois le délai imposé écoulé, l’annonce de sa grossesse se déroule bien. La suivante aussi. Aujourd’hui, Caroline est toujours dans la même entreprise même si elle est certaine que ses enfants ont été un frein à sa carrière :

« On m’a empêché certaines formations qui se tenaient loin de mon domicile pensant à ma place que je ne souhaitais pas être loin de mes enfants. Cela m’a porté préjudice pour progresser. »

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© Jonathan Borba – Unsplash

Pour 22% de femmes, la chance semblait être au rendez-vous

Toutefois, les profils et parcours professionnels passent et ne se ressemblent pas… 22% des femmes sondées sur Linkedin assurent que leur maternité n’a eu aucun impact sur leur carrière. Stéphanie, 54 ans aujourd’hui, déclare avoir même décroché un CDI… Enceinte !

« Je venais d’apprendre ma grossesse et n’étais donc pas obligée de le dire pendant l’entretien d’embauche mais je ne me voyais pas mentir. Le recruteur a eu une réaction exemplaire. La transparence permet de fonctionner sur des bases saines. »

Car même si les recruteurs ouverts et tolérants sur la question de la maternité demeurent rares… Il en existe ! Marjolaine aussi a été recrutée lorsqu’elle était enceinte. Elle entend même lors de son entretien, son interlocutrice s’indignait que « la grossesse n’est pas un gros mot ». Cerise sur le gâteau : son entreprise adopte même une charte « retour de congé de maternité » instaurant sur demande le télétravail total, une demi-journée de congé par semaine durant le premier mois de reprise, et même des horaires aménagées durant trois mois.

Enceintes, vous êtes protégée par la loi

Un guide juridique a été mis en ligne sur le site du Défenseur des droits, pour mieux faire connaître la législation autour du travail et de la maternité. De votre grossesse à votre retour de congé maternité, la loi vous protège et interdit toutes formes de discrimination dans l’emploi.

Il faut savoir que la convention internationale de l’Organisation internationale du travail « sur la protection de la maternité » a été adoptée dès 1919. Toutes les salariées, agences publiques ou encore travailleuses indépendantes sont protégées légalement contre le licenciement durant leur grossesse, le congé maternité et leur retour du congé.

Toutefois malgré la législation, les discriminations au travail fondées sur le motif de la maternité sont fréquentes : en 2020, plus de 3% des saisines enregistrées par le Défenseur des droits en matière de discriminations concernées… Des grossesses !

À lire aussi : Contre la discrimination des personnes enceintes au travail, ce guide donne des billes précieuses

Image en Une : © Shaila 19 – Pixabay


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