On le sait, quand on est une femme, ça n’est pas toujours simple de réussir à percer aussi rapidement que les hommes dans l’univers professionnel. Sexisme intériorisé, manque de confiance en soi, syndrome de l’imposteur, parfois aussi discrimination… Difficile d’oser s’affirmer quand on ne nous reconnaît pas à notre juste valeur.
Pour en terminer avec barrières qui nous empêchent d’avancer (et parce que c’est en ce moment que de nombreuses boîtes organisent les fameux entretiens annuels d’évaluation), Sarah Zitouni coach carrière féministe et autrice de PowHER Ta Carrière. Comment réussir ta vie pro sans y laisser ta peau (éd. Hugo Image) nous donne quelques quelques astuces et les conseils pour faire la différence et déconstruire les bullshits qui tétanisent vos ambitions.
Oublier ses préjugés
À 32 ans, Sarah Zitouni (alias Powher_ta_carrière sur Instagram) n’est pas que coach féministe, elle est aussi l’une des rares femmes à occuper le poste de stratège dans le secteur automobile.
« À 21 ans, je me lance dans mon premier boulot, je travaille dans la recherche en mécanique. Et évidemment, je n’ai aucune idée de comment le monde professionnel se passe, d’autant plus que mes parents sont ouvriers. »
Sans aucune structure ni aucun conseil, Sarah Zitouni perd pied. Six mois après son embauche, elle fait un burn-out. « Je me suis rendu compte que je n’allais pas pouvoir faire 41 ans de carrière comme ça. » Elle a donc reconsidéré tous les préjugés qu’elle avait sur la carrière en tant que cadre.
Ne plus se sentir illégitime
Elle a aussi été victime du syndrome de l’imposteur, qui se nourrissait, nous explique-t-elle, de ses origines. « En école d’ingénieur, je me rends compte qu’il n’y a pas de jeune femme issue de l’immigration et d’un quartier populaire. C’est extrêmement difficile d’avoir l’impression que, parce que je suis une anomalie statistique, je n’ai pas ma place ici. »
Comme le rappelle Sarah Zitouni, les femmes sont davantage touchées par le syndrome de l’imposteur que les hommes. « On est toutes élevées dans l’idée qu’il faut être studieuse », une idée valorisée à la maison comme à l’école. Mais lorsque l’on arrive en tant que femme dans le monde du travail, où les règles ne sont pas les mêmes, on a du mal à s’adapter. « Ce qu’il y a de plus important, c’est de se faire entendre, de se faire voir, et c’est très difficile de switcher. On est aussi élevées dans le principe de la validation extérieure. »
Pour en finir avec ces barrières invisibles, Sarah Zitouni nous donne un exercice qu’elle a elle-même testé : celui de l’épouvantail.
« L’épouvantail, c’est le mec que tu as déjà croisé dans ta vie, qui n’a aucune raison d’être très fier de lui, et qui pourtant a toujours l’impression qu’il peut tout réussir. À chaque fois que tu vas te dire que tu n’es pas légitime, que tu ne peux pas le faire, tu vas penser à ce type-là et te dire que lui, il ne se pose même pas la question de savoir s’il est légitime ou non, alors qu’il ne l’est même pas. »
Arrêter de croire en la méritocratie
Autre conseil de Sarah Zitouni : arrêter de croire au mythe de la méritocratie. « La méritocratie présuppose que si tu travailles dur, on va reconnaître ton mérite et tes accomplissements, et qu’on va te récompenser en conséquence. »
En réalité, ce qui fonctionne vraiment, c’est « de travailler sur les bonnes tâches et aussi de savoir en faire la promotion ». Cela suppose d’apprendre à dire « non ». « Si tu dis oui à tout, ça veut dire que ta réponse n’a aucune importance et ça dévalorise ton apporte dans ce que tu fais pour l’entreprise. Dire non, ça veut dire que tu as de l’importance et que tu ne peux pas juste prendre n’importe quelle tâche et faire n’importe quoi. »
Entretenir son réseau
Sarah Zitouni l’affirme : personne ne s’est fait tout seul. « Tout le monde a bénéficié du coup de pouce de quelqu’un, il est donc indispensable d’entretenir son réseau, en particulier en tant que femme. Que ce soit avec des hommes de ton entourage ou des femmes en utilisant la sororité, par exemple. »
Oser parler d’argent
C’est vrai, les femmes qui osent parler d’argent sont souvent mal vues – du moins moins bien vues que les hommes qui en font de même. La faute, selon Sarah Zitouni, à l’idée encore trop prégnante que le salaire de la femme est le salaire secondaire du couple.
« Sauf qu’on sait que dans les violences conjugales et domestiques, il y a aussi un facteur économique. Donc parler d’argent est primordial. » Cela implique, quand on travaille, de négocier son salaire chaque année et à chaque fois qu’on change de poste. « C’est aussi se protéger au quotidien en s’assurant qu’on a toujours une porte de sortie en ayant son propre argent. C’est littéralement vital. »
Évaluer ses réussites
Pour cela, Sarah Zitouni a un conseil très simple : « Note toutes les choses que tu as réussi à faire dans la semaine et dont tu pourrais être fière. Traite-toi en amie ! La bienveillance, c’est bien pour les autres, c’est encore mieux pour soi. »
Changer les règles
« Le monde du travail a été construit pour les hommes et par les hommes. Quand on sait que les femmes ont le droit d’avoir un emploi sans l’autorisation de leur mari et de gérer leur compte en banque sans leur autorisation seulement depuis les années Giscard, ça fait moins d’une génération qu’on a vraiment fait de la place aux femmes dans le monde du travail – en tout cas du point de vue de la loi. Si je rajoute par-dessus ça les inégalités sur les tâches domestiques ou l’éducation des enfants, forcément dans un monde du travail qui veut que tu travailles comme si tu n’avais pas de vie privée, ça rend juste l’équilibre complètement incompatible. »
Mais il y a une bonne nouvelle selon Sarah Zitouni : « La GenZ et les Millenials comme moi sont maintenant le plus gros contingent d’employés dans les entreprises. La GenZ en particulier essaye vraiment de changer les règles de l’entreprise, pour le meilleur ! Le monde du travail est en pleine révolution et j’espère qu’on va pouvoir le changer, en particulier pour les femmes. »
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