Dans un rapport publié ce jour, et intitulé Les freins à la pratique des Français peu ou non sportifs : des situations hétérogènes, l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire fait le constat suivant :
« En 2020, un quart des personnes âgées de 15 ans et plus résidant en France ont peu ou pas pratiqué d’activité physique ou sportive au cours des douze derniers mois (hors période de confinement liée à la crise sanitaire).
Ces personnes [sont] des femmes pour près des deux-tiers. »
De l’accessibilité du sport
L’INJEP a interrogé 12 000 personnes pour obtenir ces résultats. Et ce qu’ils communiquent, c’est que bien que le tissu associatif hexagonal fasse de la France un pays où le sport est largement pratiqué, celui-ci reste inaccessible à certaines catégories de la population.
En effet, ce que cette étude appelle « sport » est compris dans une considération large — qui inclus par exemple les promenades, une activité physique gratuite et avec peu d’impact.
Mais parmi ces personnes majoritairement féminines qui déclarent ne pas avoir de pratique sportive, dont la plupart sont âgées de 50 ans et plus, et sont moins diplômées que la moyenne nationale, le plus grand frein à l’activité physique est l’état de santé, souvent associé à la pratique d’un métier physique.
Nombre de celles qui expliquent leur inactivité sportive par leurs problèmes de santé déclarent aussi exercer ou avoir exercé un métier difficile physiquement.
Le sport et les inégalités de genre
Un autre chiffre interpelle, à la lecture de cette étude : 21% des sondés qui déclarent ne pas faire de sport l’expliquent par des contraintes scolaires, familiales ou professionnelles. L’étude détaille :
« Ce groupe rassemble majoritairement des personnes de 30 à 49 ans (52%), actives (83%) […] exerçant plus souvent une profession de cadre ou d’employé (42%) que dans les autres familles.
En cohérence avec les contraintes citées, ce groupe est caractérisé par une surreprésentation de personnes en couple (74%) et avec un ou plusieurs enfants (64%) »
Un chiffre qui n’est pas sans rappeler l’analyse de Djihène Abdellilah, pionnière des sports de combats en france, prof à la Sorbonne et championne du monde de grappling à l’occasion d’une interview pour Madmoizelle : face la pratique du sport à l’âge adulte, les hommes et les femmes ne sont pas égaux.
« Même si les femmes sont nombreuses à faire du sport à l’enfance et à l’adolescence, quand elles prennent des rôles que la société leur impose, elles perdent la possibilité d’avoir une pratique sportive.
Souvent, si elles arrêtent le sport, c’est parce qu’elles commencent à avoir une vie de famille. Elles n’ont plus le temps, plus les moyens, elles gèrent déjà trop de choses… »
Djihène Abdellilah à Madmoizelle
Un changement d’habitude qui n’est pas dû à un choix personnel, mais plutôt à un surmenage lié aux soin des autres. C’est donc aussi la santé des femmes qui pèse, dans la balance des inégalités face aux pratiques sportives.
Mais les choses semblent être en train d’évoluer : dans une autre publication, l’INJEP précise que malgré des statistiques souvent contradictoires, il semblerait bien que la pratique sportive féminine soit en augmentation en France. L’enquête indique :
« Le baromètre national des pratiques sportives nous donne un indicateur fiable […].On note que les femmes pratiquent une activité sportive un peu moins souvent que les hommes, mais l’écart se réduit. »
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Crédit photo : Anastasia Shuraeva / Pexels
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