[EDIT du 3 octobre 2022]
Sacheen Littlefeather est morte à l’âge de 75 ans, comme l’a annoncé l’Académie des arts et des sciences du cinéma le dimanche 2 octobre sur Twitter.
Décédée deux semaines après une cérémonie d’excuses et d’hommage
Il y a presque cinquante ans, elle était la première femme autochtone à monter sur scène lors de la Cérémonie des Oscars. Dans un discours bouleversant, la représentante de Marlon Brando avait annoncé que ce dernier refusait la statuette. Un geste politique fort pour dénoncer le mauvais traitement et les représentations racistes des amérindiens dans l’industrie du cinéma.
Le décès de Sacheen Littlefeather est survenu à peine deux semaines après la cérémonie d’excuses organisée en son honneur au nouveau musée de Los Angeles. Sur Twitter, l’institution a rendu hommage à l’actrice et militante amérindienne en citant ses mots :
« Quand je serai partie, rappelez-vous toujours que chaque fois que vous défendrez votre vérité, vous garderez en vie ma voix et les voix de nos nations et de nos peuples.
Sacheen Littlefeather
Le 17 septembre, l’Académie des Oscars avait organisé « une soirée de conversation, de guérison et de célébration » dans son nouveau musée, baptisé The Academy Museum of Motion Pictures. Il s’agissait de présenter des excuses publiques à l’actrice et militante pour l’humiliation et la violence qu’elle avait subie de la part du public en montant sur scène en 1973.
Article du 16 août 2022
Les excuses des Oscars, 50 ans plus tard
Lors de la cérémonie de 1973, Sacheen Littlefeather avait subi les huées, les insultes et les moqueries du public. Plus tard, elle avait révélé que John Wayne, l’une des figures majeures du western avait même tenté de l’agresser physiquement mais avait été retenue par des agents de sécurité.
Le 15 août 2022, l’Académie des arts et des sciences du cinéma a présenté des excuses à l’actrice et activiste, au nom du mauvais traitement et du manque de reconnaissance dont elle a fait l’objet, comme le publie le site officiel des Oscars :
« Les abus que vous avez subis à cause de cette déclaration étaient déplacés et injustifiés. Le fardeau émotionnel que vous avez vécu et le coût de votre propre carrière dans notre industrie sont irréparables. Pendant trop longtemps, le courage dont vous avez fait preuve n’a pas été reconnu. Pour cela, nous vous offrons à la fois nos plus sincères excuses et notre sincère admiration. »
Vers une industrie plus inclusive ?
Dans cette lettre d’excuses rédigée le 18 juin 2022, l’ancien Président de l’Académie des arts et des sciences du cinéma David Rubin évoquait l’engagement pour « une industrie plus inclusive et respectueuse », qui soit « un moteur de progrès. » :
« Nous ne pouvons pas réaliser la mission de l’Académie d' »inspirer l’imagination et connecter le monde à travers le cinéma » sans un engagement à faciliter une représentation et une inclusion les plus larges possibles, reflétant notre population mondiale diversifiée. »
En cela, l’Académie reconnaissait le rôle précurseur de Sacheen Littlefeather. Cinquante ans plus tard, sa lutte est toujours aussi brûlante d’actualité. L’Académie a publié cette lettre dans le cadre d’une invitation de Sacheen Littlefeather pour une soirée d’hommage à l’Academy Museum of Motion Pictures, à Los Angeles, le 17 septembre. L’activiste et actrice autochtone y avait répondu avec humour, comme le relaie toujours oscars.org :
« Nous, les Indiens, sommes des gens très patients – cela ne fait que cinquante ans ! Nous devons garder notre sens de l’humour à ce sujet, tout le temps. C’est notre moyen de survie. Cela fait chaud au cœur de voir à quel point tant de choses ont changé depuis que je n’ai pas accepté l’Oscar, il y a cinquante ans. »
À lire aussi : Qui est Euzhan Palcy, réalisatrice martiniquaise qui reçoit un Oscar d’honneur pour sa carrière ?
Crédit de l’image à la Une : © Creative Commons
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Les Commentaires
Je suis peut-être devenue très cynique et pas facile à émouvoir, mais je trouve cette décision extraordinairement pratique en termes de timing, après l'affaire Will SMith.
C'est dur d'y voir autre chose qu'une tentative de rentrer dans les bonnes faveurs d'une autre communauté non-blanche.
Ça reste une belle avancée dans la reconnaissance de la communauté des Natifs Américains, mais je trouve que l'Académie reste très hypocrite dans l'ensemble.