Le 25 mai 2020, George Floyd, un homme afro-américain de 46 ans, a été tué par Derek Chauvin, un policier blanc qui s’est agenouillé sur son cou pendant huit longues minutes et quarante-six interminables secondes.
La scène s’est déroulée en plein jour, dans une rue passante de Minneapolis. Trois autres flics regardaient, sans protester. Plusieurs personnes ont filmé la scène, suppliant Derek Chauvin de relâcher sa pression pendant que sa victime haletait « I can’t breathe » (« Je ne peux plus respirer »). La vidéo s’est retrouvée partout sur Internet.
Cette mort d’un homme noir tué par un policier blanc, et surtout l’impression que ce crime restera impuni, a été l’étincelle qui a embrasé les États-Unis et a remis le mouvement #BlackLivesMatter, qui lutte contre les violences policières et le racisme systémique, au cœur de l’actualité.
Les manifestations #BlackLivesMatter aux États-Unis et dans le monde
Comme je te l’expliquais dans mon article madmoiZelle sur la mort de George Floyd et #BlackLivesMatter :
En cette fin mai-début juin 2020, des centaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de dizaines de villes américaines pour protester contre le racisme et les violences policières.
La mort de George Floyd a été l’étincelle, mais le combustible, ce qui fait que la colère monte et dépasse largement les militants et militantes du mouvement #BlackLivesMatter, c’est tout un contexte.
Pour comprendre ce fameux contexte, je ne peux que te conseiller cette vidéo d’HugoDécrypte, toujours une valeur sûre pour piger ce qu’il se passe dans le monde.
Le mouvement #BlackLivesMatter a largement dépassé les frontières américaines : on a pu voir des manifestations en France, au Royaume-Uni, au Japon, en Corée du Sud…
Les victoires des manifestations #BlackLivesMatter
Au-delà des images, puissantes, et de l’injustice, évidente, tu te demandes peut-être, comme moi, ce que réclament exactement ces manifestants et manifestantes.
Je te propose donc de revenir sur plusieurs victoires et moments marquants de cette grosse semaine de manifestations #BlackLivesMatter.
Le policier qui a tué George Floyd arrêté, ainsi que ses 3 collègues
Après la mort de George Floyd, Derek Chauvin a été arrêté et mis en examen pour homicide involontaire (« third-degree murder and involuntary manslaughter »). Ses collègues, ceux qui ont regardé sans rien dire, ont été licenciés. Une sanction bien légère au vu des faits.
Eh bien sache que le mercredi 3 juin, la situation a changé : Derek Chauvin est à présent inculpé pour « second-degree murder » (meurtre au second degré), ce qui est plus sérieux. Le Monde explique :
Derek Chauvin avait été arrêté et inculpé le 29 mai de meurtre au troisième degré, qui correspond à un homicide involontaire en droit français. Le meurtre au second degré est passible d’une peine de quarante ans de prison, alors que le meurtre au troisième degré est passible de vingt-cinq années d’emprisonnement.
Thomas Lane, Alexander Kueng et Tou Thao, les 3 collègues de Derek Chauvin, sont à présent mis en examen, eux aussi, pour « aiding and abetting », donc pour complicité.
Personne ne peut ressusciter le défunt, mais les manifestants réclamaient « Justice for George Floyd » et ces inculpations ressemblent déjà un peu plus à ce que la justice devrait être.
Le fils de Martin Luther King dépose des fleurs à la mémoire de George Floyd
L’enquête sur Breonna Taylor, tuée par la police, fait l’objet de toutes les attentions
C’est un cas tragique, et presque difficile à croire tant il paraît absurde.
Breonna Taylor, qui aurait eu 27 ans ce 5 juin 2020, a été abattue chez elle le 13 mars. Trois agents des forces de l’ordre sont rentrés de force dans son appartement de Louisville, Kentucky. Le compagnon de la jeune femme les a pris pour des assaillants et a ouvert le feu (avec une arme qu’il possédait en toute légalité), blessant l’un d’entre eux. Les policiers ont répliqué par 20 tirs, dont 8 ont atteint et tué Breonna.
Selon le petit ami de la défunte, ils ne se sont pas identifiés comme policiers. Ils n’ont pas toqué — leur mandat les autorisait à ne pas le faire. Ils ont défoncé la porte, pendant trouver dans l’appartement deux personnes liées à un trafic de drogue… qui se sont révélées être déjà en garde à vue.
Et Breonna, qui n’était pas du tout celle qu’ils cherchaient, est morte.
Contrairement à ce que tu as pu lire (comme moi) sur les réseaux, ce n’est pas « grâce » aux toutes récentes manifestations #BlackLivesMatter que le FBI a ouvert une enquête sur la mort de Breonna Taylor, puisque cette annonce date du 21 mai — donc quelques jours avant la mort de George Floyd qui a relancé le mouvement.
Mais il ne fait aucun doute que cette pression populaire rendra cette enquête très surveillée, et que beaucoup se mobiliseront pour que justice soit rendue.
La police de Minneapolis va être démantelée
C’est probablement la victoire la plus marquante et la plus forte remportée par les manifestants et manifestantes scandant #BlackLivesMatter depuis plusieurs jours.
Le maire de Minneapolis, Jacob Frey, a été pris à parti par ses concitoyens et concitoyennes le 7 juin ; lorsqu’on lui a demandé s’il comptait « defund the police » (retirer les financements de la police), il a répondu « non », et a dû quitter les lieux sous les cris de « Go home Jacob » (« rentre chez toi, Jacob »).
Pourtant, ce 8 juin, l’annonce est tombée : la police de Minneapolis va bel et bien être démantelée, contrairement aux souhaits du maire. France TV Info explique :
Les autorités de Minneapolis ont annoncé, dimanche 7 juin, le démantèlement de la police de cette ville américaine […]
« Nous nous sommes engagés à démanteler les services de police tels que nous les connaissons dans la ville de Minneapolis et à reconstruire avec notre population un nouveau modèle de sécurité publique qui assure vraiment la sûreté de notre population », a déclaré Lisa Bender, présidente du conseil municipal, sur CNN.
L’élue a précisé avoir l’intention de transférer les fonds alloués au budget de la police vers des projets s’appuyant sur la population. Le conseil municipal compte également examiner la façon de remplacer la police actuelle, a-t-elle ajouté. « L’idée de ne pas avoir de police n’est certainement pas un projet à court terme », a-t-elle précisé.
La ville de New York va baisser les financements de la police
Une actualité similaire concerne New York : le maire, Bill de Blasio, a annoncé que des financements allaient être retirés aux services de police pour être plutôt alloués à des services sociaux et à la jeunesse de la ville.
À noter que pendant les récentes marches #BlackLivesMatter, deux policiers de New York ont été suspendus après avoir fait preuve de violence envers des manifestants ; leurs actes ont été filmés.
Pour en savoir plus sur le système policier aux États-Unis et ce que signifient les appels à « defund the police », je te renvoie si tu lis l’anglais vers ce passionnant article de The Atlantic.
Au Royaume-Uni, la statue d’un esclavagiste démontée par des manifestants #BlackLivesMatter
C’est une image très forte : à Bristol, au Royaume-Uni, des personnes manifestant sous la bannière #BlackLivesMatter ont retiré de son socle la statue du marchand d’esclaves Edward Colston et l’ont jetée à la mer.
Selon Le Point, Colston « aurait vendu près de 100 000 esclaves d’Afrique de l’Ouest dans les Caraïbes et aux Amériques ».
Le maire de Bristol déclare, dans des propos relayés par Le Monde :
« Je suis d’origine jamaïcaine et je ne peux pas dire que j’ai un véritable sentiment de perte pour la statue », a-t-il poursuivi, expliquant qu’il la voyait comme un « affront personnel » et considérant son déboulonnage comme un moment « historique ».
[…] il a jugé « hautement probable » que la statue finisse au musée.
Le mouvement #BlackLivesMatter continue
Après ces victoires, le mouvement se maintient et les mobilisations continuent, aux États-Unis comme dans le reste du monde, pour lutter contre les violences policières ainsi que le racisme systémique.
SOS Racisme appelle par exemple à se rassembler ce 9 juin à Paris en mémoire de George Floyd — une semaine après la manifestation du Comité pour Adama (Traoré), qui avait réuni 20 000 personnes dans le XVIIè arrondissement.
Je clos cet article avec une petite piqûre de rappel : la situation évoluant très vite, je te conseillerais de faire attention à ce que tu vois passer sur les réseaux, de toujours vérifier tes sources et de retenir ton envie de retweeter / partager tant que tu n’es pas sûre de la véracité d’une info.
HugoDécrypte, cité plus haut, mais aussi Les Décodeurs du Monde ou Checknews de Libération sont de bons outils pour éviter les fake news.
Bien sûr, il arrive qu’une info soit relayée sur les réseaux avant qu’un média de référence ne puisse publier un article, mais il est toujours prudent d’attendre un peu plutôt que de faire circuler un mensonge !
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