Beaucoup d’adultes ont déjà piqué aux gosses le sacro-saint doudou (comment ça « Pas moi » ? Et ton lapin Nabaztag, là ? C’est pas régressif, peut-être ?). Mais ce qu’il faudrait surtout chiper aux petits, ce sont leurs comportements. Du moins, certains d’entre eux. Top 5 de ces qualités que certains adultes ont su garder… Et que d’autres auraient intérêt à récupérer.
"Ecoute coco. On va la jouer gagnant-gagnant. Mon savoir-faire contre une autre cuillère"
Ton problème de grand
Blasée par tout, tu peines à t’intéresser à quoi que ce soit. Tu as bien des centres d’intérêt, mais ils commencent à t’épuiser. Immunisée par les flots d’informations et de connaissances qui t’arrivent sur le bulbe en permanence, tu finis par prendre ce qu’on te donne sans te poser de question. Ce qu’Harry Roselmack a dit hier au JT, tu l’as déjà oublié. Dans ton vocabulaire, le « pourquoi » a fait place au « ah bon ». Bref, tu as perdu le don de curiosité.
La solution mouflet
Observons l’individu taille 5 ans actuellement en train de décortiquer une mouche. Sadisme précoce ? Non : curiosité envers le règne animal. Ce petit ne se contente pas de regarder les mouches voler. Il cherche à comprendre leur fonctionnement par tous les moyens. En pleine phase d’apprentissage, il saisit toutes les occasions de découverte à sa portée parce qu’il suppute que tout peut lui apporter. Difficile à faire ? Point. Suffit d’observer son monde d’un œil neuf et tout est prétexte à s’étonner.
Avertissement :
Poussée trop loin ou utilisée sans discernement, la curiosité enfantine peut gravement nuire à la santé.
– Edith, c’est quoi cette bouteille de lait ?
-…
– Edith, c’est quoi cette bouteille de lait ?
– …
– Edith, c’est QUOI cette BOUTEILLE DE LAIT !
– Jean-Pierre, arrête, tu me broutes le tatami.
– C’est quoi un tatamiiiiii ?
– J’ai 15 minutes pour prendre mon petit-déjeuner alors je souhaiterais un peu de sérénité.
– C’est quoi la sérénitéééé ?
– C’est ce que j’ai perdu quand je t’ai épousé.
Ton problème de grand
Engoncée dans les conventions plus ou moins tacites qui, au fil de ton évolution, t’ont appris qu’on ne pouvait pas entrer en contact avec l’autre n’importe comment, tu es devenue un peu coincée du shorty. Rendue méfiante par la fréquentation du genre humain, tu te demandes ce qu’on te veut quand on t’adresse la parole. Trop consciente de l’image que tu donnes, tu abordes chaque occasion sociale persuadée qu’on va te juger. Bref, au lieu de profiter de ton échange avec l’autre, tu as le nez collé au nombril.
La solution mouflet
Observons le machin de 6 ans présentement assis à une table de restaurant. Depuis quelques minutes, l’individu distribue ses hiéroglyphes (ou « dessins ») aux clients dont la bouille lui semble sympathique. Pas vraiment conscient des règles de savoir-vivre, il oublie tout jugement potentiel pour atteindre son objectif : attirer l’attention des autres créatures et échanger avec eux (des conseils, des animaux morts, un peu de bave…). Et ce, sans trop s’embarrasser de détours (« Madame ? Pourquoi tu piques comme un monsieur ? »). Résultat : un sens de la com’ à faire tomber Sarkozy de son pupitre.
Avertissement
Il s’agira bien entendu d’évaluer la pertinence d’une approche communicationnelle dite « d’inspiration enfantine » au regard de l’individu-cible (en gros : attention, ça peut faire mal).
– Hééé !
– Gn-oui ?
– C’est toi le monsieur qui s’occupe de la sécurité ?
– Oui. D’où mon costume.
– Ben il est pas beau.
– ?
– Ton costume il est pas beau. Dedans t’as l’air tout gros avec.
– Je vois. Un plaisantin. Monsieur ?
– Monsieur Jean-Pierre.
– Monsieur Jean-Pierre, pour votre sécurité, je vous demanderais d’évacuer votre enveloppe physique de ce lieu.
– Ca veut dire quoiii ?
– Ca veut dire dégage.
– Je peux te faire un bisou pour que t’es mon copain ?!
– DE-GAAAAAAGE !
– Je vais le dire à ta mère.
Ton problème de grand
Avant, tu disais « j’y vais ». Maintenant, tu dis « j’y vais si et seulement si ». Angoisses, scrupules, « oui mais »… Tu as si bien intégré le « réfléchir avant d’agir » que tu as oublié l’agir. Le temps que tu choisisses une nouvelle coupe de cheveux, Les Experts auront trouvé de la coke dans le sac à main de ma grand-mère.
La solution mouflet
Inspirons-nous du troll actuellement agrippé à mon clavier. Note l’audace avec laquelle il tapote et clique de ses doigts boudinés. Et que je te "ctrl + a", et que je te « Suppr + Entrée »… Perçois-tu une once de peur dans ces pupilles dilatées ? Non. Le doute assaille-t-il le gnome quand il explore le PC ? Encore Non. Monsieur a 4 ans, monsieur n’a pas peur, monsieur progresse bien plus vite que toi avec tes cours de conduite. Et pourquoi donc ? Parce qu’il n’a pas (encore trop) conscience des risques liés à son activité. Parce qu’à ses yeux, explorer le disque dur est aussi ludique qu’un tapis d’éveil. Pondération du risque, prépondérance du jeu… N’aurais-tu point oublié cette recette, Miss Timorée ?*
* Notons que tous les morbacs n’en ont pas dans la Pampers. Moi par exemple, j’étais plutôt du genre à la mouiller (ma Pampers). Du moins à partir de 4/5 ans. Age auquel je ne portais plus de Pampers, entendons-nous bien. Bref. Passons.
Avertissement :
Inutile de préciser que l’audace ne doit pas être poussée jusqu’à l’inconscience. Ceci dit, chacun fait ce qu’il veut de sa vie, hein…
Ton problème de grand
Toi qui a abandonné le trampoline pour quelques malheureuses côtes cassées. Toi qui a laissé tomber le russe pour une simple question d’alphabet. Toi, la molle du genou, la zéro volonté, la persévérance du petit d’Homme devrait t’inspirer. Oui, quand on veut, on peut. Je te vois sceptique. "Allons, Stellou", penses-tu, "J’en connais des nains de jardin. Et crois-moi, c’est pas toujours des durs du bac à sable." Tu n’as pas tort. Mais tu n’as pas raison non plus.
La solution mouflet
Prenons l’engin baveur qui gigote à mes pieds dans une absurde tentative de marche bipède. Imagines-tu la volonté monumentale qu’il lui faut pour se dresser sans relâche sur ses petites pattes poilues ? As-tu donc compté le nombre de gamelles à essuyer avant de réussir l’aller-retour "table du salon-canapé" ? Je vais te le dire, moi : beaucoup. Tant qu’à côté, le tour du monde à l’envers de Maud Fontenoy, c’est du Sudoku niveau 1.
Avertissement :
Attention tout de même à connaître ses limites. Après quelques bosses douloureuses, ta petite cousine a bien compris qu’un vélo, ça se tenait à deux mains. Pour les grands, c’est tout pareil : bac + 12, c’est long. Bac + 12 premières années de médecine, c’est con.
– Alors, c’est quoi cette fois ?
– Elle m’a tapé avec une pelle.
– Oh ben ça va ! On a vu pire…
– Pire ? C’est quoi pire ?
– Pire, c’est quand elle a mis de la merde dans ton attaché-case, par exemple.
– C’était pas elle, d’abord.
– Jean-Pierre. Y avait même un mot, avec.
– Mais c’était pas elle quand même.
– Ecoute. Ca me fait mal de te voir comme ça. Ca fait 10 ans qu’elle t’a quitté. Tu peux pas la reconquérir ? Tant pis. Passe à autre chose !
– Mais je veux que c’est encore mon amoureuse !
– Autant rêver que tu gagnes l’Eurovision…
Ton problème de grand
Je te dis « Purée-petits pois » et tu répliques « Sans façon ». Pathétique. Si ta créativité était au top, tu me dirais « Shrek en costume de David Douillet », comme toute personne sensée. Oui mais voilà : depuis quelques temps, ton imagination est en hibernation. Finies, les rédactions surréalistes que tu produisais en primaire. Finies, les répliques impayables qui faisaient ta marque de fabrique. Question imagination, tu es aussi sèche qu’une frite lyophilisée*.
* Fais pas chier, tu veux : je sais bien, que ça n’existe pas. Mais le paragraphe étant consacré à la créativité, laisse-moi improviser en paix.
La solution mouflet
Ecoute ce que déblatère l’alien effrontément debout cette banquette de métro. S’il n’avait pas 5 ans, son monologue sur les « gens qui habitent sous le métro » et « les affichent qui bougent la nuit » le feraient passer pour un illuminé. Mais comme il a 6 ans, le bougre s’en tape le coquillard. Dans son monde, rien n’est tel qu’il y paraît, toute réalité est envisageable. Alors il laisse libre cours à la virtuosité de ses associations d’idées à la David Lynch et pioche partout de quoi s’inspirer. Dites-moi donc, cher ami : qui a dit qu’un soleil devait être jaune ? Et pourquoi le monsieur qui lit le journal en ce moment même n’aurait-il pas le don de téléportation ? Hein ? Y a bien des gens qui vivent dans les télé et les écran de cinéma, alors… Transformation du réel, jeux d’associations d’idées, bousculade des conventions : il y aurait là de quoi ressusciter ta créativité.
Et pour finir, Nota Bene :
Curiosité, don de la com, persévérance, créativité, audace… Les enfants sont formidables, n’est-il pas ? Pas d’angélisme, toutefois. Un gosse n’est pas un être innocent et pur aux qualités imputrescibles. C’est pas parce que je viens de prétendre qu’on pouvait (parfois) s’en inspirer que je vais leur coller deux ailes dans le dos. D’ailleurs, faudrait que je vérifie si celui qui m’a mordue au mollet hier était bien vacciné contre la rage*…
* Oh la la… Quoi qu’elle a dit Stellou. Bouh, pas bien.
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Les Commentaires
Vous auriez pû rajouter le fait de savoir dire "non". Moi je sais pas, je suis trop gentille et je me fais souvent avoir....
Mon petit bout vient d'avoir 2 ans et il use et ABUSE de ce petit mot... Commence à me saoûler c't' histoire ! C'est qui le chef ? Non mais...
Heureusement, je l'ai refilé à Papi et mamie pour une semaine... Enfin de vraies vacances !!!
Hum, mais je m'égare, là...:o