Le reconfinement nous pend sévèrement au nez, comme une bonne rhino au mois de janvier. C’est sûr : on va recommencer à bien se faire chier… ou pas.
Et si on utilisait ces probables semaines de glande forcée à la maison pour rattraper notre retard en lecture ? Voilà cinq romans féministes, tous très différents, qui devraient vous distraire tout en vous éveillant.
Le Coût de la vie, de Deborah Levy
C’est le roman qui se vend comme des petits pains dans les librairies et pour lequel, dans notre engouement pour les best-sellers, on a évidemment craqué. Ce fut sans doute l’une des meilleures idées de notre mois de janvier !
Le Coût de la vie, c’est l’histoire de son autrice. Une femme qui décide de tout reconstruire, avec pour tout bagage, un vélo électrique et des rêves d’écriture plein la tête.
Elle revient alors, au travers de son livre, sur le drame banal d’une femme qui s’est jetée à corps perdu dans la quête du foyer parfait, un univers qui s’est révélé répondre aux besoins de tous sauf d’elle-même.
Marchant dans les pas de Marguerite Duras, Deborah Levy évoque le prix qu’il en coûte pour une femme d’être libre, elle qui a longtemps et malgré ses convictions, été soumise à d’irrépressibles modèles patriarcaux.
La familia grande, de Camille Kouchner
Impossible de passer en ce moment à côté du livre qui a fait éclater l’affaire Duhamel.
Dans La familia grande, Camille Kouchner accuse le politologue Olivier Duhamel, son beau-père, d’avoir abusé son frère jumeau lorsque celui-ci n’était qu’un adolescent. Depuis, de nombreuses victimes d’inceste se sont exprimées sur les réseaux sociaux sous le hashtag #MeTooInceste.
La familia grande est plus qu’un livre, il est le symbole d’une parole qui se libère, et surtout qui est enfin écoutée
, autour d’un sujet ultra-tabou.
Dedans, il y a bien sûr l’ignoble, l’indéfendable, l’immonde. Mais il y a aussi l’histoire d’une femme, l’autrice elle-même, éduquée par la plus libre des mères, féministe avant l’heure, nourrie aux idées de Simone de Beauvoir. Le récit de femmes qui se battent pour rester libres et indépendantes, envers et contre leur père, envers et contre tous.
Un grand manifeste qui a déjà été imprimé à plus de 300.000 exemplaires.
La Petite Dernière, de Fatima Daas
Cette auto-fiction d’une puissance rare nous entraîné dans une famille musulmane dont la plus jeune fille, « la petite dernière », est lesbienne. Prise dans un tourbillon de culpabilité, étant elle-même très croyante, cette dernière interroge le regard des autres sur elle, son propre regard sur elle, et son rapport à Dieu.
Dans un monologue intérieur qui confronte sa sexualité à ses croyances, Fatima Daas livre mille paradoxes qu’il fait bon voir étudiés.
Les Choses humaines, de Karine Tuil
Cet ouvrage a remporté le Goncourt des lycéens 2019, mais ne s’est retrouvé dans notre hotte à cadeaux que cette année. Pas grave, il n’est jamais trop tard pour découvrir des produits culturels importants !
Les Choses humaines, c’est l’histoire d’un couple de pouvoir.
Jean est un célèbre journaliste politique français ; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Ensemble, ils ont un fils, étudiant dans une prestigieuse université américaine. Tout semble leur réussir. Mais une accusation de viol va faire vaciller cette parfaite construction sociale.
Brutal mais nécessaire, Les Choses humaines devrait être placé entre toutes les mains.
Fille, femme, autre, de Bernardine Evaristo
Ce roman choral étranger présente douze figures extraordinaires. Douze féministes qui ont de 19 à 93 ans et qui, chacune à sa manière, vont œuvrer pour leur genre d’un bout à l’autre de notre siècle.
Amma, Dominique, Yazz, Shirley, Carole, Bummi, LaTisha, Morgan, Hattie, Penelope, Winsome, Grace sont les noms de celles qui bouleversent les codes et font exploser le plafond de verre, dans ce roman précieux de Bernardine Evaristo, l’écrivaine nigériane qui était déjà derrière le succès de The Emperor’s Babe.
Vous avez désormais cinq romans, plus ou moins abrupts, plus ou moins durs, mais tous fondamentaux, à dévorer pour compléter votre éducation féministe !
À lire aussi : Lisez « Ce qu’il reste de notre mère », le texte gagnant de notre second atelier d’écriture
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Les Commentaires
... je n'ai justement pas vraiment trouvé ces "interrogations" et paradoxes étudiés" dans le livre
La temporalité assez éclatée (ça revient sans cesse en avant et en arrière), qui fait qu'on passe de ses interrogations d'adolescente sur sa sexualité à sa fréquentation du milieu lesbien (boîte de nuits et cie) sans jamais parler de ce qu'il y a eu entre les deux, contribue par exemple à ça je trouve
Dans le genre des autobiographies féministes, je sors aussi de plusieurs lectures d'Annie Ernaux, Mémoire de fille, qui raconte ses 18 ans en 1958 est à la fois très éclairant et terrible.
Sinon un roman qui m'a marqué ces dernières années et que j'avais dévoré c'est Les douze tribus d'Hattie d'Ayana Mathis, une auteure afro-américaine.