— Publié le 21 juillet 2014 et mis à jour le 3 décembre 2018
Quelques jours avant la sortie de Boyhood — un film de Richard Linklater qui retrace la vie d’un garçon entre ses 6 et ses 18 ans, tout en gardant le même cast tout au long des 12 années, il est temps de revenir sur cette trilogie fantastique du même réalisateur.
Je vous propose dans cet article 5 raisons de dévorer ces trois films si vous ne les avez pas encore vus. Un article totalement spoiler free — dont j’adorerais parler avec vous dans les commentaires avec des balises spoiler !
La trilogie des films Before : un concept singulier
La trilogie met en scène Ethan Hawke et Julie Delpy (qu’on a interviewée avec Chris Rock pour la sortie de 2 Days in New York) sur trois décennies, réalisée par le même Linklater.
En effet, Before Sunrise dont voici la bande-annonce est sorti en 1995.
https://www.youtube.com/watch?v=25v7N34d5HE
En 2004, soit environ dix ans plus tard, sortait Before Sunset, où l’on retrouvait les deux persos avec quelques rides en plus.
Enfin, en 2013, Before Midnight bouclait cette trilogie où Jesse et Céline affrontent leurs soucis de quadras. Voici la bande-annonce de Before Sunrise.
Quelle bonne idée, de suivre deux personnages entre leurs 20 et leurs 40 ans. Tellement de choses, tellement de bouleversements se passent dans nos vies entre nos 20 et nos 40 ans, que cette trilogie étalée sur vingt ans est une géniale idée pour les retranscrire au mieux.
À chaque nouveau film, on a la sensation de retrouver de vieux amis qu’on aurait perdus de vue depuis dix ans. Oui, des vieux amis, parce que les personnages se livrent tellement qu’on a très vite la sensation de les connaître depuis très longtemps.
La trilogie des films Before : une histoire qui fait rêver
Êtes-vous déjà tombé·es à côté de quelqu’un dans un train et après cinq minutes de bavardage, vous étiez déjà en train de partager des conversation profondes sur la vie, l’existence, l’amour ?
Ça m’est arrivé une fois et ça m’a paru à la fois totalement naturel – le courant passait tellement bien – et surréaliste, parce que ce n’est pas un truc qu’on est censés faire avec des inconnus.
Before Sunrise et sa jeunesse insouciante où on joue au téléphone avec sa main
Au début de Before Sunrise, Céline est installée dans un train vers Vienne à côté d’un couple de quadras qui se dispute. Elle décide de changer de place et se retrouve à côté de Jesse.
Après quelques regards échangés et un débrief rapide sur ce couple qui s’engueule aux yeux de tous, ils s’embarquent dans une longue discussion qui va les mener loin durant ces trois films.
Mircea Austen, grande voyageuse solitaire devant l’éternel, m’expliquait que le voyage seul incite à délier les langues et à créer des connexions hyper profondes en quelques instants — parfois décevantes par la suite, puisqu’il n’est pas rare de perdre tout contact après cette folle excursion.
La trilogie des films Before : des dialogues bien ficelés
Il faut vous prévenir de suite. Il ne se passe pas grand-chose dans ces trois films. Le vrai intérêt de cette trilogie — et plus globalement des films de Richard Linklater, c’est les dialogues.
Les personnages déambulent en bavardant, ne cédant jamais à la facilité de la causerie bateau. Des vraies discussions sur la vraie vie, à propos des vrais sujets qui font qu’il fait bon être un être humain : la vie, la mort, l’amour, les relations humaines, le temps et la vie qui passent…
Before Sunset, où on parle de la vie de trentenaire sur un banc parisien
L’intérêt aussi, c’est que ces dialogues sonnent parfaitement juste — à mes yeux en tout cas — et qu’ils arrivent à conserver cette authenticité tout au long des trois films.
Parce que oui, il va sans dire que les sujets de discussion évoluent de décennie en décennie (et heureusement).
La trilogie des films Before : on suit les personnages dans le temps
C’est un vrai plaisir (mais aussi un peu flippant) de voir les personnages et les acteurs vieillir au fil des films. Même s’ils prennent des rides, du poids, des bourrelets, ils n’en restent pas moins beaux.
Le film réussit également à illustrer parfaitement les fameux « virages de vie » qu’on décide de prendre – ou qu’on rate parfois involontairement.
Même si les ellipses sont assez gigantesques entre chaque film — il s’en passe des choses en dix ans – on n’est jamais perdus.
Linklater arrive à éviter un piège qui aurait vraiment pu gâcher le plaisir de la découverte : tout au long des deux derniers films, les dialogues renseignent le spectateur sur les événements qu’il a ratés sans jamais le faire avec des gros sabots.
La trilogie des films Before : un triptyque qui reflète la vraie vie
Difficile de parler plus profondément de cette partie sans spoiler, mais voilà typiquement le genre de films qui ne prend pas de pincettes avec la réalité.
Les dialogues sont francs et honnêtes, et on atteint le paroxysme du « vrai » dans le dernier volet, Before Midnight, où les deux personnages affrontent l’affreux démon de la quarantaine.
Ils ont pris des rides mais ils sont toujours aussi beaux, non ?
Comme j’y arrive petit à petit, vieille croûte que je suis, j’ai pris de nombreuses notes, histoire de ne pas reproduire les réactions des persos. Ça vaut c’que ça vaut, mais les moments d’une telle honnêteté sont suffisamment rares au cinéma pour ne pas en profiter pleinement.
Un vrai grand moment de cinoche, ces trois films, vraiment.
À lire aussi : Sept teen movies qui mériteraient d’être plus connus
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires