Le Clan des Otori, de Lian Hearn
J’ai découvert cette trilogie (accompagnée de deux romans complémentaires, un prologue et un épilogue) au collège, et je l’ai lue, relue et rerelue à plusieurs reprises.
Lʼhistoire commence avec Tomasu, qui mène une vie paisible dans le village de Mino, parmi une communauté appelée les Invisibles, dont les membres condamnent toute violence et interdisent de tuer. Un soir, il est témoin du massacre de tous les habitants de son village par les guerriers Tohan. Tomasu est sauvé de justesse par un seigneur du clan des Otori, qui fait de lui son fils adoptif, le rebaptisant Takeo.
Takeo se découvrira alors des capacités héritées de la Tribu, comme une ouïe extrêmement fine et le pouvoir de dédoublement. En parallèle, on suit lʼhistoire de Kaede, fille d’un seigneur de l’Ouest, retenue en otage au château des Noguchi, alliés des Tohan.
Certes, on voit lʼhistoire dʼamour maudite entre les deux arriver avec ses gros sabots, mais il y a bien plus que ça. La trilogie est aussi une approche des enjeux politiques et moraux dans un Japon médiéval fantaisiste sans être fantastique (aucun dragon en vu, ni même de boule de feu). C’est une belle fresque amoureuse et épique !
Les Enfants de la Terre, de Jean Auel
C’est encore un livre que j’ai découvert jeune, à 12 ans. On remonte 30 000 ans avant notre ère.
Lʼhistoire commence quand Ayla, petite fille de cinq ans Homo Sapiens, est séparée de ses parents par un tremblement de terre. Elle est recueillie, au bord de la mort, par le Clan de l’Ours des Cavernes — des Néandertals. Soignée par la guérisseuse du clan, elle est élevée par eux, comme l’une des leurs. Mais les différences ne cessent de se multiplier et de créer des tensions.
Cʼest là le tout début de lʼintrigue qui se poursuit sur cinq tomes retraçant sa vie. Je n’ai personnellement pas lu le dernier, lʼavant-dernier mʼayant particulièrement ennuyée et déçue. Les premiers sont cependant formidables !
Et je me rappellerai toujours de la tête de ma mère quand elle m’a passé le second à 13 ans et qu’elle m’a dit, un peu indécise :
« Hum, bon, ça fera ton éducation sexuelle ! »
Ça n’a pas franchement été le cas (j’étais déjà bien au courant), mais je pense que sans mʼen rendre compte ce roman mʼa apporté une base de tolérance importante. Il y a une opposition permanente entre Néandertals et Homo Sapiens tout le long de la série, et Ayla, prise entre les deux, prône la compréhension entre les races.
Les nombreuses péripéties, les apprentissages possibles (lʼutilisation des herbes médicinales est très bien renseignée par exemple) et la communion obligatoire avec la nature, souvent dangereuse mais nourricière, mʼont plus que séduite dans ma période « Je veux un cheval et vivre dans les bois ». Mais on peut y prendre du plaisir sans ça !
La Chute des géants, de Ken Follett
J’ai découvert Ken Follett tout récemment, en avril dernier pour être exacte. Mais en cette année 2014 qui commémorait la guerre 14-18, j’ai particulièrement apprécié.
Lʼhistoire commence en effet juste avant la Première Guerre mondiale. Des membres de la haute bourgeoisie européenne se retrouvent et parlent de la menace, de ce conflit dont personne ne veut et qui semble absurde même juste avant son déclenchement.
Cependant on ne suit pas que la bourgeoisie, mais aussi une famille de mineurs anglais et un duo de frères russes qui rêvent de révolutions ou de fuite… On dévore ainsi les petites histoires de plus ou moins cinq familles (elles s’entremêlent de plein de façons différentes) dans quatre pays qui font alors l’Histoire : la Russie, l’Angleterre, l’Allemagne et les États-Unis !
Je trouve que finalement, on étudie assez peu la Première Guerre mondiale (et la Révolution russe en 1917) à l’école, ou en tout cas peu. On n’en saisit sûrement pas toutes les intrigues. Ce qui est intéressant dans le roman, cʼest les points de vue multiples face à ce conflit. Ce premier tome du Siècle va « plus loin » que la vision manichéenne des « méchants nazis » contre les « gentils sauveurs » quʼon retrouve un peu trop dans la suite, LʼHiver du monde. Cela fait une bonne révision historique avec de superbes histoires personnelles, d’amour et tout le tintouin.
Le deuxième tome traite, vous l’aurez deviné, de la Seconde Guerre mondiale, et suit les enfants des personnages du premier volume. Le troisième, Aux portes de lʼéternité s’intéresse quant à lui à la Guerre froide, et donc aux petits-enfants des premiers héros. La trilogie dépeint ainsi trois générations prises dans leurs tourmentes personnelles et historiques.
En somme, Ken Follett écrit très bien du divertissement tout en s’appuyant sur des faits historiques solides et renseignés, alors pourquoi sʼen priver ?
Antigone, de Jean Anouilh
Lʼhistoire commence ainsi :
« Au moment où les deux fils dʼŒdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thébes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle lʼainé, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. […] Créon, le roi, a ordonnée quʼà Étéocle, le bon frère, il serait fait dʼimposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals. Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort. »
Antigone, leur sœur, décide contre la loi de son oncle et futur beau-père Créon dʼaller enterrer Polynice. Sʼensuit un débat enflammé entre Créon et Antigone.
Contrairement à beaucoup je n’ai pas étudié ce livre au lycée. Je pense que du coup je l’ai lu d’une autre façon, moins scolaire. Quand je lis Antigone, j’ai l’impression de lire mon combat intérieur. La pièce dépeint les oppositions entre ce que l’on croit, ce que lʼon veut et ce qu’il faut faire pour le réaliser. Entre ce que lʼon doit faire et ce que l’on peut faire en réalité, à notre échelle. C’est mon livre doudou, il me remonte le moral et mon sens de l’ambition : il est à lire et à relire !
« Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie quʼil faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce quʼils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on nʼest pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite – et que ce soit entier, – ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter dʼun petit morceau si jʼai été bien sage. »
Moi dʼabord, de Katherine Pancol
Premier roman de cette écrivain populaire, Moi dʼabord fut un livre assez important pour moi à un moment de ma vie : il mʼa aidé à rompre avec mon copain de lʼépoque. Pour moi Katherine Pancol, tout comme Ken Follet, écrit du divertissement : tous deux maîtrisent les mots simples, les bonnes accroches et les intrigues efficaces. Mais certains de leurs livres se détachent des autres.
J’avais oublié l’histoire de ce livre quand j’ai voulu le mettre dans cette liste : ses détails me passaient au-dessus, mais je me rappelais juste quʼil mʼavait aidée à ce moment difficile, et cʼest suffisamment important pour en parler ici.
Suite à cela je lʼai relu très récemment, justement étonnée dʼavoir tant oublié.
Lʼhistoire commence quand Sophie, 18 ans, savoure sa vie amoureuse avec Patrick. Ils apprennent à construire leurs vies ensemble, font des projets, sʼaiment. Mais finalement, Sophie nʼest peut être pas si sûre que cette vie quʼils se construisent à deux, la maison avec véranda, les prénoms des enfants déjà prêts, est ce qui lui faut.
En fin de compte ce livre parle encore une fois de ce que lʼon veut vraiment, et de ce quʼon fait pour lʼobtenir. Comment il est facile parfois de se laisser porter parce que ce nʼest « pas si mal » et puis cʼest aussi « ce que tout le monde voudrait, non ? ». Cela a provoqué un déclic dans mon couple. Est-ce que jʼétais heureuse ou est-ce je me contentais de ne pas trop y penser ? C’est un roman qui pose des questions simples, mais auxquelles il est parfois bon de se confronter.
« Je nʼavais pas encore appris à exister et me cherchais des évangiles à observer, obsédée par lʼidée de plaire, la crainte de ne pas être aimée. Prête à toutes les compromissions pour me situer quelque part dans lʼestime et lʼaffection des gens qui comptaient pour moi. »
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Les Commentaires
Perso, je recommande Pratchett, Gaiman, Robin Hobb et Loïs McMaster Bujold.
Et en franco : Mélanie Fazi et Jeanne-A Debats
(C'est plus facile de choisir des auteurs que des titres )