« La condition humaine » d’André Malraux
J’ai lu ce livre il y a déjà quelques années, un été où j’avais décidé de lire plein de classiques de la littérature française, et je serais incapable de vous dire ce qui s’y passe. Je sais globalement que ça a lieu dans les années vingt en Chine pendant la guerre civile, et qu’il s’agit de différents révolutionnaires dont on suit les agissements.
En revanche, ce dont je me souviens avec une précision particulièrement forte, c’est le double sentiment qui règne dans l’ensemble du livre : d’une part, l’absurdité de la lutte, la croyance vaine que l’on peut agir, la force écrasante du destin, et d’autre part, ce sentiment de révolution constant, de force incroyable qui se dégage de cette histoire.
Malraux a réussi l’exploit de parler de révolution et de décrire en même l’absurdité de la condition humaine. Je pense que jamais roman ne m’a autant marqué par une ambiance aussi forte, et l’auteur transmet des sentiments forts sur des événements forts également. On en ressort rempli de puissance et de désespoir en même temps. Bref, du grand roman.
« Le Satyricon » de Pétrone
Mon roman préféré de tous les temps, il a changé ma vie et m’a poussée dans mon choix d’études. En fait, c’est un roman antique (premier siècle après Jésus-Christ, quand même) dont on n’a ni le début, ni la fin, et dont il manque de grands morceaux au milieu. Bref, pas évident ! Et pourtant, pour peu qu’on arrive à se mettre dans l’ambiance, ce livre est plein d’ironie : l’auteur se moque constamment de ses personnages, bons ou mauvais, il y a des parvenus, des imbéciles, des prétentieux à toutes les pages ; le personnage principal est impuissant, se fait piquer son petit ami par son meilleur ami, bref, c’est le bazar.
Tous les chercheurs en littérature latine s’arrachent les cheveux pour combler les trous, et c’est ça qui est gai : ce vide laissé par les lacunes permet de tout imaginer, de réécrire votre propre roman, de verser dedans tout ce que vous voulez.
C’est aussi la seule œuvre antique que j’ai lue en ayant l’impression de voir l’auteur écrire, à la lumière d’une lampe à huile, en rigolant doucement : à 2000 ans d’écart, c’est balèze. Tout le monde dans mon entourage n’a pas apprécié, mais je pense que c’est le genre de livre à lire avec l’esprit ouvert et un sourire au coin.
« La malédiction d’Edgar » de Marc Dugain
Un livre à dévorer. Il s’agit d’un roman biographique sur la vie de John Edgar Hoover, le premier président du FBI. L’histoire est racontée du point de son second, meilleur ami et éventuellement amant, et l’on croise pendant tout le roman des personnalités de l’histoire des États-Unis (Marilyn Monroe, JFK, etc).J’ai beaucoup accroché parce que je découvrais l’histoire des États-Unis sous un autre angle (je ne sais pas en France, mais en Belgique l’histoire des autres pays est assez peu abordée, et surtout l’histoire des pays non-francophones), et parce que la narration est prenante. Le personnage d’Hoover est fascinant, parce qu’il est imparfait, voire bourré de défauts, mais reste humain, et entier.
Gros plus au sujet du livre : la relation homosexuelle entre Hoover et son meilleur ami n’est pas du tout abordée d’une manière voyeuriste, ce n’est pas le sujet du livre et l’auteur n’a pas du tout cherché à faire le buzz avec ça. J’avoue que j’avais peur que ça tombe dans le voyeurisme pour faire vendre, mais non. Pour celles qui aiment, sur le même sujet, le film de Clint Eastwood, « J. Edgar », avec Leonardo DiCaprio, est franchement bon également.
« Les disparus de Saint-Agil » de Pierre Véry
Ça, c’est par excellence le roman de mon enfance. J’ai dû le relire une bonne trentaine de fois, sans me lasser. En deux mots, il s’agit d’une enquête policière dans un pensionnat de province, où des amis disparaissent l’un après l’autre. L’atmosphère old-school me faisait totalement rêver, je me voyais déjà dans un vieux pensionnat poussiéreux plein de beaux garçons (j’ai sûrement dû avoir un crush sur l’un ou l’autre des personnages principaux, tous des jeunes garçons très intelligents)
Il y a une ambiance de sociétés secrètes, de roman policier (avec un squelette, brrrr), pour moi c’était un peu Poudlard avant l’heure, mais sans la magie. Je ne l’ai pas relu récemment pour voir si ça avait bien vieilli ou pas, mais je ne risque pas d’oublier ma maman qui me disait : « Mais tu lis ENCORE ce bouquin ?! Tu veux pas lire autre chose pour une fois ? ».
« La maison Germanicus » de Jeanne Champion
Encore un bouquin sur l’Antiquité romaine, que voulez-vous, je suis née comme ça. Ce livre-là n’est pas le plus facile à lire, mais il est complet au point que ça en donne le vertige. Au travers du personnage de Germanicus (Wikipédia est votre ami), l’auteure passe en revue les règnes des cinq premiers empereurs romains : Auguste, le fondateur du principat (le terme plus « correct » pour désigner l’Empire), Tibère, parano et misanthrope (et pédophile selon les mauvaises langues), Caligula, complètement marteau (celui-là, si vous l’aimez, il faut lire la pièce « Caligula », de Camus, magnifique), Claude, le bouffon de la bande, et Néron, l’enfant gâté.
L’auteure écrit magnifiquement bien, elle entremêle le récit historique avec des morceaux écrits façon pièce de théâtre et des moments plus intimes dans la vie des différents personnages. Ceux-ci sont nombreux, du coup l’arbre généalogique en début de livre est essentiel à votre survie, mais ils sont tous très riches, et finalement ça donne un peu une ambiance à la « Game of Thrones », avec des personnages consistants auxquels on s’attache, des morts partout et beaucoup de réalisme.
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