N’essuie jamais de larmes sans gants, de Jonas Gardell
Suède, début des années 80, le jeune Rasmus, tout juste dix-huit ans, quitte sa campagne pour venir s’installer à Stockholm. Sa famille ne le sait pas encore, il est homosexuel, et compte sur la communauté de la capitale pour vivre au grand jour sa sexualité.
En parallèle, il y a Benjamin, membre des témoins de Jéhovah, qui chaque jour fait du porte-à-porte dans les rues de Stockholm. Il tombe par hasard chez Paul, grande folle maniérée qui l’invite au réveillon de Noël, entouré d’amis gays. Rasmus s’y trouve aussi. Entre eux tout de suite, l’évidence. Mais petit à petit, le groupe de copains se fait rattraper par une maladie qui ne laisse personne de côté.
Extrêmement bien documenté, ce roman-fleuve qui suit l’histoire magnifique du groupe d’amis suédois nous renseigne avec précision sur les premières années de l’épidémie, entre détresse, manque d’informations, rejets et solidarité.
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Act-up, une histoire, de Didier Lestrade
Porté par le journaliste, militant et co-fondateur d’Act-Up Paris Didier Lestrade, cet essai témoignage nous plonge dans les années sida à Paris, raconté par un témoin de premier plan.
Journaliste engagé sur les questions liées au sida et co-fondateur du média LGBT Têtu, Lestrade relate dix années de lutte au sein de l’association pour faire vivre un discours politique offensif sur la lutte contre le sida, face à des pouvoirs publics et une société au mieux indifférente, au pire hostile. Instructif et nécessaire pour comprendre l’organisation dans l’urgence et la survie des activistes.
À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, de Hervé Guibert
Écrivain culte des années 90, une grande partie de l’œuvre de l’auteur et photographe Hervé Guibert est traversée par la question du sida. Si l’on pourrait également citer Le Protocole compassionnel et L’homme au chapeau rouge, c’est définitivement À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie qui fait connaître Guibert au grand public.
Roman autobiographique, le narrateur décrit la mort de son ami Muzil, en réalité Michel Foucault et la découverte de sa propre séropositivité. Au détour des prénoms changés, on croise aussi quelques personnalités comme Isabelle Adjani ou le sociologue et compagnon de Foucault Daniel Defert.
Témoignage à vif de l’impact de la maladie sur tout un milieu, le roman se lit d’une traite.
Quatre-vingt-quinze, de Philippe Joanny
Sorti début 2023, ce troisième roman de l’auteur Philippe Joanny retrace avec une plume folle une année au sein d’un groupe d’amis et d’amants époque sida.
En 1995, aucun traitement n’a encore prouvé son efficacité, la pandémie fait des ravages, l’heure n’est plus à la découverte de la maladie, mais au constat, impuissant, que celle-ci n’épargnera personne. Véritable hécatombe, l’année 95 a été l’une des pires en termes de morts liés au sida. Alors que l’un des amis de la bande décède brutalement, le roman nous plonge dans une semaine, au jour le jour de la vie du groupe, avant les obsèques.
Ponctué d’entretiens avec des amis enregistrés à l’époque, le livre rend également un vibrant hommage au Marais, quartier historique de la communauté gay, à la fois flamboyant et créateur d’amitiés pour la survie.
Ce que le sida m’a fait, art et activisme à la fin du XXe siècle, de Elisabeth Lebovici
Avec cet essai anthologique, la critique d’art et journaliste Elisabeth Lebovici dévoile une analyse fine et détaillée de plusieurs œuvres d’arts et vies d’artistes impactées par le sida. E
n articulant la manière dont les artistes se sont emparées de la question sida et l’activisme politique, l’essai rend un vibrant hommage à de nombreux disparus, célébrés dernièrement dans l’exposition Exposé.e au Palais de Tokyo.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Coté théâtre il y a un classique parmi les classiques : Angels in America de Tony Kushner.